La Veuve joyeuse de Lehar au Théâtre Mogador
Notice
Ce sujet d'actualité évoque la nouvelle mise en scène de La Veuve joyeuse de Franz Lehar présentée au Théâtre Mogador dès 1962. Il comprend une auto-présentation humoristique des personnages, des extraits du spectacles (dont l'immortel duo «Heure exquise») et quelques propos du metteur en scène Henri Varna.
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Éclairage
Né en 1870, Franz Lehar a 35 ans lorsqu'il écrit La Veuve joyeuse (Die lustige Witwe). Le librettiste Victor Léon en a tiré le livret d'une pièce d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy. La Veuve joyeuse est créée le 30 décembre de l'année 1905 au Theater an der Wien. Après une première plutôt bien accueillie, la location des places ne décolle guère. Mais dès la 41e représentation, La Veuve joyeuse affiche complet. Deux ans plus tard, l'ouvrage est toujours a l'affiche et fête sa 400e représentation, battant un record dans l'histoire du théâtre viennois. Le 3 mars 1906, soit deux mois après sa création, La Veuve joyeuse est représentée à Hambourg dans une production qui émigre à Berlin dès le 1er mai, où elle totalisera plus de 600 représentations de suite. Avant la fin de l'année, l'ouvrage conquiert Budapest et Kristiania (c'est-à-dire Oslo), puis Saint-Pétersbourg, dans des traductions hongroise, norvégienne et russe. En 1907, elle traverse les alpes pour triompher à Milan, et le 8 juin de cette même année, c'est le public londonien qui la découvre. The Merry Widow, sous-titrée «A New Musical Play» va recueillir un succès phénoménal : elle alignera 778 représentations jusqu'à sa dernière le 31 juillet 1909.
Entre-temps, le public new-yorkais a été contaminé par la même fièvre : représentée au New Amsterdam Theater de Broadway le 28 novembre 1907, The Merry Widow va ensuite partir à Chicago et en tournée à travers les Etats-Unis pour totaliser plus de 5000 représentations. Le producteur de la version anglaise l'envoie aussi dans les colonies de l'Empire Britannique, exportant la musique de Lehar en Afrique du Sud, sur l'île de Ceylan, en Inde, en Australie, jusqu'en Chine et au Japon. Le continent sud-américain n'est pas épargné puisque La Viuda alegre y est présentée dès 1907 à Manaus et Buenos Aires, où cinq théâtres différents la représentent dans autant de langues. Stockholm, Copenhague, Moscou... En mai 1909, l'éditeur peut annoncer fièrement que La Veuve joyeuse de Lehar a déjà été représentée 18'000 fois dans 455 villes de l'espace germanique, 135 cités britanniques et 154 villes américaines... La dernière métropole importante qui consacra le triomphe sans partage de La Veuve joyeuse, n'est autre que Paris. C'est le 28 avril 1909 que Die lustige Witwe devient La Veuve joyeuse au Théâtre Apollo, où elle est créée en présence de son compositeur. Elle va devenir un classique absolu du répertoire français, dont on fêtera la 1000e représentation le 16 janvier 1914 et dont on ne comptera plus les reprise: en 1931 à la Gaieté Lyrique, en 1942 au Théâtre Mogador dans une production luxueuse. Mogador va d'ailleurs devenir l'asile parisien de La Veuve joyeuse, puisque des reprises y ont lieu en 1951, en 1957 et en 1962. Pour cette dernière, on confie la mise en scène à Henri Varna et les décors à Walter Siegfried. La distribution est prestigieuse, avec notamment l'une des sopranos vedettes de l'Opéra-Comique à la beauté proverbiale, Geori Boué, dans le rôle de la veuve Missia Palmieri, aux côtés de Jacques Luccioni, fils du fameux ténor José Luccioni, dans le rôle de Danilo.