Massimo Bogianckino arrive à la tête de l'Opéra de Paris avec Moïse de Rossini

29 septembre 1983
03m 28s
Réf. 01108

Notice

Résumé :

Inauguration du mandat de Massimo Bogianckino, administrateur de l'Opéra de Paris de 1983 à 1985, avec une nouvelle production de Moïse de Rossini. Les quelques extraits présentés, avec entre autres Magali Damonte et Cecilia Gasdia, entourent un portrait du nouvel administrateur.

Date de diffusion :
29 septembre 1983
Source :
A2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

Pour résoudre la crise ouverte par le départ de Bernard Lefort de la direction de l'Opéra de Paris en 1982, et après une année d'intérim assurée par un quatuor constitué de Paul Puaux, Jean-Pierre Leclerc, Alain Lombard et Georges-François Hirsch, le Ministère de la Culture confie au romain Massimo Bogianckino (1922-2009) le poste d'administrateur de l'Opéra de Paris, suite aux résultats remarquables de ses directions de La Scala de Milan, de 1972 à 1975, et du Teatro comunale et du Mai musical florentin, de 1976 à 1982. Il devient ainsi le second directeur italien de l'institution, trois siècles après le florentin Lully, qui dirigea l'Académie royale de musique et de danse de 1672 à 1687.

La première saison de Massimo Bogianckino est inaugurée par un hommage au répertoire parisien du XIXe siècle, avec un ouvrage créé à l'Opéra de Paris, le 26 mars 1827, où il sera repris jusqu'en 1863 avant de tomber dans l'oubli, le Moïse et Pharaon de Rossini, version adaptée pour la France de son Mosé in Egitto créé le 5 mars 1818 au Théâtre San Carlo de Naples - et présenté à Paris au Théâtre italien le 22 octobre 1822. Adaptation qui n'est pas une simple traduction, mais une véritable refonte de l'œuvre pour la mettre au goût du public parisien d'alors.

Rossini, installé à Paris en 1825, et sous contrat avec l'Opéra Salle Le Peletier, y produit une succession de triomphes, avec Le siège de Corinthe, refonte de L'assedio di Corinto, en 1826, Moïse, et les créations du Comte Ory en 1828 et de Guillaume Tell, son ultime opéra, en 1829.

La majorité de ses œuvres, et en particulier ses opéras seria ayant disparu du répertoire à la fin de l'époque bel cantiste, c'est à une véritable renaissance rossinienne qu'on assiste au milieu des années 70, concrétisée par la production d'éditions critiques, les triomphes au festival d'Aix-en-Provence de Semiramide et de Tancrède, ou la création du Festival de Pesaro en 1880.

En inscrivant cette reprise de Moïse au répertoire du Palais Garnier, dans sa version originale française, Bogianckino marque ainsi le réappropriation définitive de Rossini et du bel canto dans le répertoire parisien. La production, qui est captée par la télévision, n'a malheureusement jamais été reprise, malgré le triomphe qu'elle obtient.

La distribution est éclatante, avec le Moïse de Samuel Ramey, dont les débuts en France datent d'une tournée du Festival de Glyndebourne à Tours en 1977 dans le fameux Rake's Progress décoré par David Hockney - et dirigé à l'occasion par un jeune chef alors inconnu, Simon Rattle -, suivie par ses apparitions au Festival d'Aix. Elle permet aussi au public parisien de découvrir Cecilia Gasdia, lauréate en 1980 du Concours Maria Callas de Milan, fêtée depuis son remplacement au pied levé de Monserrat Caballé dans Anna Bolena à La Scala en 1982. Y brillent également Shirley Verrett, Keith Lewis, Jean-Philippe Lafont, Magali Damonte, qu'on aperçoit ou entend sur les quelques extraits filmés ici.

Enfin, la production est l'une des rares occasions de présenter à l'Opéra un spectacle signé Luca Ronconi, fameux metteur en scène italien qui fit les beaux jours des grandes scènes lyriques et théâtrales de la péninsule dès la fin des années 60, et qui a déjà enthousiasmé le public parisien en 1970 avec un fabuleux Orlando furioso d'après L'Arioste, joué sur des tréteaux mobiles aux Halles Baltard juste avant leur démolition. Ses productions d'opéra, hommages à un théâtre romantique de décors et d'images, mettent en abîme la tradition même du genre, et ont marqué le répertoire rossinien et verdien (Nabucco) aux côtés de celles de Strehler pour toute l'époque.

Massimo Bogianckino quitte l'administration de l'Opéra de Paris en 1985, pour se consacrer à la politique en Italie, et devenir Maire de Florence.

Pierre Flinois

Transcription

Présentateur
Bien Docteur, vous allez rester avec nous si vous vous intéressez à l’opéra. Bien, vous allez découvrir maintenant la pièce de Monsieur Bogianckino qui est le nouveau responsable de l’Opéra de Paris. Il avait monté avec beaucoup de succès Moïse en Egypte et il l’a représenté hier soir. Un reportage de Georges Begou.
(Musique)
Journaliste
Tout le monde connaît l’épisode de l’ancien testament dans lequel Moïse, pour sauver le peuple hébreu du pharaon égyptien, lui fait traverser la Mer Rouge. C’est sur ce thème que Rossini a composé son opéra Moïse en Egypte qui n’avait pas été joué à Paris depuis 100 ans. Cette œuvre méritait de sortir de l’oubli et la production du Palais Garnier est une réussite tant par la qualité des chanteurs que par la somptuosité des décors.
(Musique)
Journaliste
L’homme qui, dans l’ombre d’une loge, observe est le nouveau directeur de l’Opéra de Paris. Massimo Bogianckino a 60 ans, c’est un romain diplômé de lettres et de philosophie mais passionné par la musique au point d’en oublier l’université. Jeune pianiste, il quitte l’Italie pour se perfectionner à Paris où il bénéficie entre autres de l’enseignement d’Alfred Cortot. Il entame ensuite une carrière de soliste international. Professeur à Pittsburg aux USA, puis au Conservatoire de Rome, il s’oriente bientôt vers l’art lyrique. Il préside aux destinées du Festival des Deux Mondes à Spoleto, puis il est directeur artistique de l’Académie Sainte Cécile à Rome, avant la Scala de Milan et l’Opéra de Florence. A Paris, pour l’ouverture de la saison et l’inauguration de son mandat, Massimo Bogianckino nous offre en prime la découverte d’une voix exceptionnelle, celle d’une italienne de 23 ans, écoutez ce nom, Cécilia Gasdia dont on entendra sans doute beaucoup parler.
(Musique)