Reportage chez le peintre Roman Opalka
Notice
Reportage chez le peintre Roman Opalka en train de peindre sa série Détails : portrait et interview de l'artiste sur son travail.
Éclairage
Roman Opalka ne peint pas le temps, il le matérialise depuis 1965 par une oeuvre monomaniaque, Les Détails, qui repose sur trois éléments : des toiles couvertes inlassablement de suites arithmétiques, qu'il énumère en polonais et accompagne de son autoportrait photographié jour après jour, avec le même cadrage, la même chemise blanche, la même expression. Les chiffres grandissent vertigineusement sur ses tableaux de plus en plus blancs, tandis que le temps fait son office sur sa voix devenue râpeuse et son visage parcheminé aux cheveux raréfiés. Mise en scène implacable pour une oeuvre philosophique qui rappelle l'homme à sa condition mortelle, contre toutes les vanités. Cette utilisation de son propre corps le rapproche du body art, mais son travail n'a pas la violence des performances d'Orlan, plasticienne française qui dénonce les diktats de la beauté en transformant son corps et son visage par de multiples opérations.
Né en France en 1931 de parents polonais, Opalka et les siens sont expulsés en 1940 dans leur pays d'origine. S'il n'est pas directement victime de l'Holocauste, le peintre est fortement marqué par ces évènements. À la fin de la guerre, il retourne en France, avant d'être rapatrié de nouveau en Pologne l'année suivante. Il quitte définitivement le pays en 1977 pour vivre et travailler en France.