Conséquences de la tempête Klaus sur la filière bois à Pontex-les-Forges
Notice
Deux jours après le passage de la tempête Klaus, les professionnels de la filière bois de Pontenx-les-Forges constatent les dégâts : la violence des vents combinée à l'humidité des sols a entraîné le déracinement de plus de la moitié des arbres de la commune. Les conséquences économiques s'avèrent plus désastreuses qu'en 1999.
Éclairage
Le 24 Janvier 2009, Klaus ravage l'Aquitaine, dix ans après Martin. Tout le département des Landes est touché. Entre 4 heures et 9 heures, des millions de pins sont couchés, des chênes subissent le même sort. 30 à 40 % de la forêt sont ravagés. Des élevages de volailles sont détruits à la fois par le chute des arbres mais aussi par la panique ; les canards et poulets meurent étouffés.
Cette tempête est attendue depuis le 21 janvier. Le 23 au soir, les sapeurs-pompiers rejoignent les centres de secours où ils attendent le coup de vent. Les entreprises forestières sont requises par le Conseil général, responsable de la voirie départementale. Les Landais sont invités à rester chez eux. Les camions transitant sur la route Nationale 10 sont arrêtés en soirée et stockés en Espagne ou au nord de Bordeaux.
Vers 4 heures du matin les éléments se déchaînent. Des rafales de vent de 172 km/h sont enregistrées à Biscarrosse, alors que pour Martin, en 1999, elles n'étaient que de 166 km/h. Sur Mont-de-Marsan le record constaté est de 141 km/h. Jamais connu.
Quand vers 10 heures les Landais hébétés, choqués sortent de chez eux, c'est l'effroi. Ils découvrent un paysage de guerre. Les pins, quand ils ne sont pas couchés au sol comme dans un jeu de mikado, ont perdu leur cime et dressent au ciel une chandelle. Des pins de 50 ans sont pliés, vrillés. Il n'y a plus d'électricité. 220 000 foyers sont dans le noir mais certains quartiers des villes sont épargnés.
Tous immédiatement s'organisent. Les principaux axes sont dégagés dans le week-end.
Comme en 1999, France Bleu Gascogne fait le lien entre les Landais. Les maires des communes interviennent en direct pour donner les consignes et les informations à leurs administrés.
Le courant électrique est rétabli dans les 8 à 10 jours grâce à 400 groupes électrogènes mis en place par ERDF et un programme d'enfouissement de 1100 km de lignes électriques est lancé. Il sera achevé début 2012.
Dans la zone forestière, les dégâts sont considérables. Ce n'est plus 4 à 5 millions de mètres cubes de bois au sol comme en 1999, mais 40 millions. Première urgence, dégager les 28 000 km de piste forestière du département. 2000 hommes, un millier de militaires et un millier de sapeurs-pompiers venus d'une trentaine de départements et 11 des 12 sections de la Sécurité Civile, avec les sylviculteurs et des volontaires civils, se mettent au travail. Au printemps, les principales pistes sont dégagées mais la forêt est impénétrable dans les chablis. Des Canadairs sont demandés pour lutter contre les incendies l'été.
De nombreuses sociétés de bûcheronnage avec des machines performantes arrivent de toute l'Europe. La forêt landaise devient une véritable tour de Babel. Une grande partie de ces pins est exportée en Allemagne et en Autriche comme bois d'énergie, les plus beaux sont stockés.
Fin octobre 2010, sur les 37 millions de tonnes de bois au sol, 7 à 8 millions sont stockées sur les 21 aires aménagées avec aspersion. La première ouvre en mars 2009 à Mimizan ; la plus grande à Solférino d'une capacité de 730 000 tonnes de bois et destinée à durer.
Pour les sylviculteurs, c'est la catastrophe, les aides vont au transport, les prix s'effondrent, et comme la mise en place du stockage est longue, les insectes, les scolytes en particulier, se multiplient dans les piles de grumes en bord de chemin et sur pied dans les parcelles, alourdissant le bilan de 3 à 5 millions de tonnes. Beaucoup hésitent à replanter. Et puis replanter comment et quoi ? Des colloques et réunions sont organisés. Deux ans après le passage de Klaus, commence la replantation de 300 000 à 400 000 hectares de forêt. Du pins car c'est la seule essence à bien pousser dans ces sols pauvres et humides.
En attendant, les industriels de la filière forestière s'organisent pour importer du bois. Il faut 30 à 40 ans pour qu'un pin soit exploitable ; à l'horizon 2014/15, il en manquera sur le massif landais.