L'incendie de 1949
Notice
En 1949, les Landes et la Gironde doivent faire face à un incendie qui, malgré la lutte incessante des militaires et des civils, ravage 28 000 hectares de forêt en quelques jours. Le bilan humain et matériel est catastrophique.
Éclairage
"Le feu, le feu. Lo huec, lo huec" [1]. Le 19 août un foyer est signalé à Cestas, à proximité d'une scierie, alors que dans les Landes un incendie ravage près de 50 000 hectares dans le nord-est du département, mobilisant plusieurs milliers d'hommes dont plus de 2000 militaires. A Castets un incendie important ravage la forêt pendant trois jours . Les marins basés à Mimizan participent à la lutte avec les pompiers venus de Mont-de-Marsan et des environs. La forêt brûle aussi à Sabres, Luxey et Sore. En Médoc et au nord du bassin d'Arcachon, les foyers mettent à mal la forêt mais aussi les hommes et le peu de matériel moderne de lutte contre les incendies. Au 20 août le préfet de région fait état de 104 000 hectares de forêt ravagés par des incendies et 3 milliards et demi de francs de perte en 40 jours.
La sécheresse est terrible, une étincelle et c'est le feu. A Cestas, il prend très vite d'immenses proportions. Les moyens de lutte sont mobilisés ailleurs. Allumés parfois de façon peu judicieuse, des contre-feux aggravent ce sinistre qui trouve dans cette zone forestière un aliment de choix. Le feu va se diriger un premier temps vers la mer. Dans sa course vers l'ouest, il s'arrête à Le Barp, Mios et Facture et remontera jusqu'à Pierroton le long de la route Arcachon-Bordeaux pour s'arrêter devant Cestas, Léognan, et enfin Labrède le 25 août. Il ne sera considéré vraiment éteint que le 27 août 1949.
Cet incendie mobilise plusieurs milliers d'hommes. Des habitants de la région mais aussi des militaires casernés à Bayonne, Bordeaux et des régions voisines. Le 33ème Régiment d'Artillerie basé à Poitiers paie un lourd tribu. La Royal Air Force envoie trente pompiers équipés de combinaisons d'amiante. Le 23 août, seize pompiers du Kent (Grande-Bretagne) arrivent avec des engins chenillés prêter main forte aux sauveteurs. Les pompiers de Paris équipés d'un puissant matériel défendent les villages. Ils joueront un rôle important dans la défense de La Brède ; les fossés du château de Montesquieu les alimentant en eau.
Le bilan est lourd, il est dressé le 31 août 1949 et fait état de 56 maisons, 9 chalets, 1 villa, 21 granges, 21 dépendances, 16 chais et une boulangerie incendiés. Près de 50 000 hectares ont été parcourus par le feu et près de 2 millions de mètres cubes de bois sont brûlés.
Mais ce qui reste dans les mémoires des hommes de la région, ce sont les 82 victimes de ce feu sur trois lieux : Croix d'Hins, les 3 lagunes et Le Puch. Des sauveteurs, surpris par la tornade produite par le feu, périssent dans des conditions atroces. 26 habitants dont plusieurs conseillers municipaux de Canejan sont tués ; ils sont plus nombreux que les enfants de la communes morts lors des deux Guerres mondiales. Au Barp, en bordure de la route Nationale 10 se dresse un panneau sur lequel est inscrit : "Ici périrent dans les flammes 82 héroïques sauveteurs. Pour honorer leur mémoire, respectez et protégez la forêt. 20 août 1949."
[1] "Le feu, le feu" en gascon.
Bibliographie :
- DEVILLE, Joan, L'incendie meurtrier : dans la forêt des Landes en août 1949, Paris : éditions des Pompiers de France, 2009.