Visite de Paul Ramadier après l'incendie de 1949 [Muet]

Les années 1940 sont les années des incendies les plus terribles pour la forêt landaise. 400 000 hectares de forêt sur un peu plus d'un million seront à replanter en 1950. Mais l'été 1949 particulièrement sec est le plus catastrophique. Les incendies sont nombreux, importants et redoutables. Celui qui restera dans les mémoires a fait 82 victimes : sauveteurs, habitants et hommes venus en renfort de toute la France, pris au piège d'une tornade de feu.

Les funérailles sont nationales à Cestas en Gironde. Les plus hautes autorités de l'État sont présentes, le 25 août, pour rendre hommage aux victimes. Les élus locaux comme les habitants et les sauveteurs venus en renfort sont sous le choc.

Cet incendie dramatique a fait de nombreux blessés. Les sauveteurs confrontés à des températures élevées n'ont aucune protection. Les brûlures, en particulier aux bras et au visage, sont nombreuses et graves.

Cet incendie a débuté le 19 août 1949 dans une scierie mobile. En raison de la sécheresse, l'entreprise est à l'arrêt mais des ouvriers en assurent la garde. Une cigarette serait à l'origine de la catastrophe.

Au même moment, après plusieurs jours de lutte, les sapeurs-pompiers forestiers landais, avec les populations locales, épaulés par des militaires venus de Bordeaux et Bayonne, circonscrivent dans le nord-est du département des Landes, en limite de la Gironde et du Lot-et-Garonne, un incendie qui a ravagé près de 50 000 hectares de forêt et de lande et détruit des métairies.

Autour du bassin d'Arcachon, en Gironde, d'autres feux ravagent la forêt et mettent à mal le peu de matériel automobile de lutte disponible. Un half-track est détruit, son équipage est sauvé de justesse. Ces engins, qui ont contribué à la Libération de la France en 1944, viennent d'être équipés pour la lutte contre le feu avec une cuve de 1500 litres d'eau et une moto pompe. C'est un de ces engins que l'on voit en pleine action dans cette vidéo.

Le fouaille, petit arbuste coupé avec lequel ont fouette et souffle les flammes, les arrosoirs et les pelles, sont les principaux outils de lutte contre les feux de forêt. Des seaux pompes dorsaux sont aussi utilisés. Des jeeps apportent l'eau nécessaire aux sauveteurs pour noyer les cendres avec les arrosoirs. Mais elles ne portent dans leur citerne que 300 à 400 litres et doivent faire des rotations nombreuses entre les points d'eau et l'incendie.

Il faut du monde pour lutter pied à pied contre le feu. L'armée est mise à contribution. Et les militaires venus en renfort sur l'incendie des Landes sont envoyés immédiatement en Gironde.

L'autre arme des sauveteurs est le contre-feu. Une technique très ancienne qui consiste à brûler la végétation devant le foyer, le privant d'aliment. Mais c'est un outil à double tranchant, la succession de contre-feux, n'étant pas toujours allumés à bon escient, aggrave la situation.

L'avion est utilisé lors de cet incendie. Les responsables de la lutte ont ainsi une vue d'ensemble, en temps réel, de la progression des flammes grâce à des jeeps radio qui assurent la liaison avec l'avion d'observation et les sauveteurs au sol.

Les pompiers de Paris viennent renforcer les équipes de sauveteurs girondins. Leur matériel puissant est utilisé pour défendre des villages menacés par le feu. Mais il n'est pas adapté à lutte contre les incendies de forêt car il ne peut y pénétrer.

Après cet incendie qui fait la une de la presse régionale et nationale de l'époque, les corps de sapeurs-pompiers forestiers de Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne seront dotés de GMC, camions américains de la Libération, tout terrain, d'une capacité de 3000 à 3500 litres d'eau et équipés d'une puissante moto pompe. La technique de lutte contre les incendies de forêt se modernise. Avec moins d'hommes, les sapeurs-pompiers forestiers seront plus efficaces. Mais avant il faudra replanter les 400 000 hectares de forêt dévastés par les incendies des années 1940.