La marque "Agneau des Landes"
Notice
Depuis 2005, une dizaine d'éleveurs landais ont adopté le cahier des charges de la marque "agneau des Landes", un label garantissant qualité et traçabilité au consommateur et permettant de relancer une production semi-amateur, insuffisante par rapport à la demande locale.
Éclairage
Un berger sur des échasses, vêtu d'une veste de peau de mouton, et surveillant son troupeau : n'est-ce pas là l'image d'Épinal des Landes ? du moins de la Haute Lande, celle des pins, des marécages et des troupeaux de moutons, ou plutôt de brebis, divaguant au gré de leur humeur dans des pâturages communaux. Il y a un peu de vrai dans cette image, même si les échasses sont d'apparition relativement récente (XVIIIe siècle sans doute), puisque les Landes ont été, il y a plus d'un siècle, le premier département ovin français. Cet élevage extensif, pratiqué sur de vastes parcours dans des zones peu peuplées, était une des ressources des habitants de la Haute Lande : il fournissait une laine de mauvaise qualité, utilisée localement pour la fabrication de tissus grossiers. Ce maigre revenu s'ajoutait à ceux plus importants que procuraient les produits tirés de la forêt de pins (qui existaient bien avant que Napoléon III s'avise d'en faire des plantations systématiques), - bois, résine, goudrons utilisés par les marines de toute la façade atlantique et exportés par Bayonne et Bordeaux - et de l'élevage des oies, en particulier les plumes qui alimentaient dès le Moyen Âge les marchés des pays riverains de la mer du Nord. En Chalosse et en Tursan, l'élevage ovin était pratiqué dans toutes les métairies, les plus importantes maintenant quelques douzaines de brebis, à moitié souvent avec le propriétaire, une pratique qui dépassait largement le cadre de la métairie et bénéficiait à beaucoup de petites exploitations, selon un contrat connu sous le nom de gasaille. Ces deux types d'élevage ont perduré jusqu'au début du XXe siècle, lorsque que les effectifs du troupeau atteignirent leur maximum.
Aujourd'hui, on est bien loin de tout cela ; les résiniers ont d'abord remplacé les bergers et l'agriculture irriguée spécialisée a pris le pas sur l'élevage dans la Haute Landes. Ailleurs, bovins, porcins et palmipèdes ont fourni aux exploitations en polyculture des compléments de revenus plus importants tout en s'adaptant mieux que les moutons aux formes plus intensives d'agriculture. En effet, dans ces exploitations, les moutons étaient surtout utilisés pour fournir de la fumure : avec les engrais chimiques, ils n'ont plus cette utilité, alors que les nourrir occupe des terrains que l'on peut mettre en culture. Ils ont donc pratiquement disparu du département : en 2011, on y comptait 80 000 porcs, 64 000 bovins, des millions de canards et seulement 3500 brebis, essentiellement dans des exploitations en polyculture en Bas Armagnac. Un certain nombre de ces éleveurs a fait le seul choix qui pouvait leur permettre de tirer quelque revenu de cet élevage, celui de la qualité, en créant en 2006 le label "agneau des Landes" : ils sont aujourd'hui 18 associés à cinq bouchers qui écoulent cette production qui connaît un beau succès localement. Cependant, cet élevage se heurte à une forte limitation provenant de sa confidentialité : comment attirer plus de clients si on produit peu ? Et pourquoi produire beaucoup si la clientèle est limitée ? Nous ne pouvons que souhaiter la multiplication des agneaux landais, pour renouer avec une tradition millénaire, un produit dont le slogan "la saveur d'un terroir" met déjà l'eau à la bouche.