Le parc Barbieux à Roubaix

L’opération "Rendez-vous aux jardins" est l’occasion de nous faire découvrir le Parc Barbieux de Roubaix avec André. Depuis la ligne de tramway, un travelling permet d’appréhender les 34 hectares de ce poumon vert au cœur de l’agglomération avec ses vallonnements, ses courbes, ses pièces d’eau. L’accent est mis sur les arbres remarquables plus que centenaires comme un hêtre pourpre, un cèdre, un ginkobiloba mais aussi sur ses vastes pelouses (il y en a 24 hectares) qui nécessitent un entretien hebdomadaire à l’aide de tondeuses autotractées. 14 personnes sont employées pour l’entretien de l’ensemble dont chaque élément est personnalisé : ainsi, chaque pelouse a un petit nom ; André  nous présente celle du "dos de pourceau" nom dû au vallonnement. De même, il nous parle de la faune et de la mystérieuse disparition des volatiles finalement due à un silure, monstre du parc Barbieux vivant dans les eaux du lac.

 Outre ces anecdotes, le parc a une histoire encrée dans la culture industrielle de Roubaix : il doit sa forme oblongue s’étirant sur 1,5 kilomètres à un projet de canal souterrain destiné à relier deux tronçons réalisés en 1831 et 1843 du canal de la Deûle à l’Escaut pour les besoins de l’industrie en pleine expansion. Les difficultés de confection de cet ouvrage d’art amènent l’arrêt du chantier au lieu-dit la montagne de Croix. La municipalité décide alors en 1863 de faire un jardin public sur l’emprise en friche envahie par la remontée des eaux. Elle fait appel au paysagiste Barillet-Deschamps, très en vogue sous le Second Empire pour ses réalisations parisiennes et lilloises. Mais le projet tarde dans sa réalisation et est repris en 1878 par Georges Haumont, paysagiste de la bourgeoisie industrielle. Une première partie est achevée en 1886 mais il faut attendre 1907 pour la réalisation de l’ensemble.

Archétype du jardin public à la Française, rivières, étangs et cascades se succèdent dans l’ancien lit du canal alors que les pentes sont aménagées en grottes, rocailles et plantations variées d’arbres de fleurs et de pelouses. Pas moins de 60 espèces végétales sont recensées attirant une avifaune prolifique nichant sur les îles au milieu des pièces d’eau. Rotonde, kiosques, serres, estaminet animaient le jardin. Il en reste quelques structures d’accueil et d’animation (restaurant, location de pédalos).

Celui qui était annoncé comme un "jardin  extraordinaire" en 1866 est devenu pour tous les habitants de la métropole "le beau jardin". Il a été classé en 1994 sous le label "Site National Remarquable" et depuis 2010 bénéficie de l’appellation "jardin remarquable". De grands travaux de rénovation sont actuellement en cours.