Les années 1930, la République en crise et le Front populaire
Introduction
Ce parcours est issu d'une proposition pédagogique pour le cours d'histoire de la classe de troisième. Il n'a pas la vocation à refléter la démarche qui aura été suivie dans le cadre d'un cours. Le scénario pédagogique est consultable sur le site d'histoire-géographie-éducation civique de l'académie de Lille à l'adresse suivante : http://histgeo.discipline.ac-lille.fr/events/projet-memoires-de-mines/utilisation-pedagogique-des-videos-en-histoire .
Les documents ont été sélectionnés pour leur exploitation possible dans le cadre des programmes officiels de l'Education nationale.
Le choix du document audiovisuel
Ce parcours s'appuie essentiellement sur une vidéo.
Les grèves de 1936
Jean Wroblewski, ancien militant syndical raconte dans "Les Mémoires de la mine" les grèves de 1936 et le Front populaire. Avec les congés payés les mineurs se rendent sur la côte. Pour les militants syndicaux, la peur avait disparu et l'ambiance au fond était plus détendue.
Que nous apprend le document ?
La période qui précède le Front populaire
C'est une période de répression sur le monde ouvrier et les mineurs :
- amendes et insultes
- les libertés syndicales sont limitées
- pression sur les mineurs pour augmenter les productions.
La fiche contexte précise les spécificités de cette période où les conditions de production se sont durcies pour les mineurs. La crise économique s'est accompagnée de suppressions d'emplois, de baisses de salaires, de journées chômées. Il a fallu assumer un rythme de travail accru, avec l'introduction des techniques de chronométrage (système Bedaux) sous l'autorité d'ingénieurs et de porions intransigeants.
Il s'agit ici de montrer le fort impact politique de la grave crise financière, économique et sociale que la France subit dans les années 1930. Dans un contexte de mécontentement social, la gauche se divise. Les ligues d'extrême droite nationalistes, antiparlementaristes, souvent antisémites et pour certaines inspirées par la montée du fascisme en Europe, se développent. Cet essor des ligues et l'émeute du 6 février 1934 poussent les partis, syndicats et associations de gauche et d'extrême gauche à l'union. Ceux-ci forment en 1935 une coalition : le Front populaire.
Le projet de gouvernement du Front populaire, résolument républicain, prend en compte les revendications économiques des Français et leur refus d'un nouveau conflit. Il se résume par son slogan « le pain, la paix, la liberté ». Une forte intervention de l'État est revendiquée pour relancer la consommation et rompre avec la politique d'austérité.
1936 et le Front populaire
La période est festive. C'est une période d'union et de camaraderie. Jean Wroblewski se souvient des grèves et surtout des douze jours de congés payés (invasion des mineurs sur la côte de Malo-les-Bains).
Plus généralement, il évoque le respect qui s'est mis en place vis-à-vis du monde ouvrier (moins d'amendes) et les libertés syndicales plus importantes.
La fiche contexte précise le contexte spécifique du bassin minier où des conventions collectives sont signées les 28-29 avril avec des clauses sur les salaires, la discipline et les méthodes de production. Cela explique pourquoi les mineurs, s'ils rejoignent les grèves de mai-juin 1936, ne les lancent pas. Mais l'effet d'entraînement et l'application aléatoire par les compagnies de l'accord d'avril les jettent finalement dans l'action. Dans le Nord-Pas-de-Calais, l'appel à la grève est lancé le 8 juin, au moment où le gouvernement Blum signe les accords Matignon. Une réunion tenue sous l'égide du ministre des travaux publics Paul Ramadier débouche sur un nouvel accord pour les mineurs : augmentations de salaire, recul du chronométrage, retour de la paye par équipe de travail d'une même taille, etc. S'y ajoutent le bénéfice des grandes lois sociales : la semaine de 40 heures, portée à 38h40 pour les ouvriers du fond ; les congés payés, voulus par les mineurs dès 1907.
Lorsque Blum se rend à Lens le 11 octobre, il reçoit un accueil enthousiaste. Il faut dire que l'ambiance a changé : les contraintes de la discipline se sont desserrées.
Il s'agit ici de montrer d'une part l'immense espoir que soulève la victoire du Front populaire dans les classes populaires et d'autre part les principales mesures prises par le gouvernement du Front populaire. À peine le gouvernement est-il installé que se multiplient dans tout le pays les grèves et les occupations d'usines, de chantiers et de magasins, dans l'espoir d'un renversement du système capitaliste. On compte plus de deux millions de grévistes. Le nouveau gouvernement, conduit par un chef charismatique, le socialiste Léon Blum, convoque dans l'urgence les partenaires sociaux qui le pressent d'agir. Le 7 juin 1936, les accords Matignon sont signés entre la Confédération générale du travail (CGT) et le patronat, sous l'arbitrage du gouvernement. Ils prévoient une augmentation des salaires, la signature de conventions collectives, la reconnaissance du droit syndical dans les entreprises et l'élection de délégués du personnel. Le travail reprend peu à peu dans les entreprises. Léon Blum mène tambour battant des réformes sociales spectaculaires : l'octroi de deux semaines de congés payés aux salariés et la limitation à 40 heures de temps de travail hebdomadaire. Ces mesures sont complétées par la création des auberges de jeunesse, de billets de train à tarif réduit, et par toute une politique en faveur de la démocratisation de la culture.
La fin du Front populaire
Lorsqu'on le questionne sur la fin de cette période, Jean Wroblewski explique être sous les drapeaux, mais donne la date de 1938, l'époque de Munich et la menace de la guerre.
La fiche contexte précise qu'à partir de 1938 surtout, la situation se retourne. Le Front populaire se disloque, les décrets-lois Reynaud mettent à mal les 40 heures et la guerre se profile.
Il s'agit ici d'évoquer les difficultés et la fin du Front populaire. A partir de février 1937, pour des raisons multiples (politiques, économiques, extérieures), et face aux réactions que suscite l'action du Front populaire, cette coalition de gauche éclate progressivement. Léon Blum, dans une allocution radiodiffusée, se résigne à annoncer une « pause sociale »... En juin, il démissionne.
Regards critiques
Il s'agit d'un témoignage postérieur à l'époque des faits puisqu'il date de 1981. Jean Wroblewski, galibot en 1936, est un ancien mineur et ancien militant syndical. Il est donc favorable aux mesures qui ont été prises par le Front populaire et qui apparaissent positives pour le monde ouvrier.
Pour approfondir
Sur le site de la fresque Jalons :