Génération Mitterrand
20 janvier 1988
02m
Réf. 00154
Notice
Résumé :
L’affiche « Génération Mitterrand » fait l’actualité : le journal d’Antenne 2 annonce que le Parti socialiste a commandé au publicitaire Jacques Séguéla une affiche dans la perspective des élections présidentielles. L’affiche est commentée par des publicitaires et par son créateur.
Type de média :
Date de diffusion :
20 janvier 1988
Personnalité(s) :
Éclairage
Le Président François Mitterrand laisse planer le doute sur sa candidature à l’élection présidentielle de 1988. En pleine cohabitation avec la droite, majoritaire, dirigée par le Premier ministre Jacques Chirac déjà en campagne, François Mitterrand annonce sa candidature tardivement, le 22 mars. D’aucuns affirment que la campagne électorale a commencé depuis le début de la cohabitation. Alors que les règles entourant la campagne électorale ont évolué - en matière de réglementation financière mais aussi audiovisuelles avec l’apparition du clip politique - et que différents candidats ses sont déclarés, le Parti socialiste choisit de tenter de combler le vide en l’absence - temporaire - de candidat.
Cette affiche « Génération Mitterrand » participe à la construction d’image du Président en tant que sage, renvoyant ici à la notion de paternité, le « père de la nation ». Autrement dit, le statut de Président est ici exploité. Dans le même temps l’attente autour de sa candidature doit susciter la frustration alors que son principal adversaire, Jacques Chirac, est très présent dans les médias. Concurrencé par Raymond Barre, le Premier ministre se comporte en militant, une attitude contrastant avec celle du Président non déclaré et renforçant dès lors la stature de ce dernier. L’affiche doit conforter cette situation : elle cible les électeurs les moins politisés, les jeunes notamment. Les affiches qui suivent - l’une avec une fille « La France, on en parle, unissons-la » et l’autre avec un garçon « L’Europe, on en parle, faisons-la » sont populaires auprès des plus jeunes dans les sondages. Cependant, le sentiment d’appartenance à une « génération Mitterrand » dans l’opinion construite par les instituts de sondage reste faible (moins de 30%).
La diversité des supports de communication - les affiches donc, mais aussi l’écrit avec la Lettre à tous les Français - employés par l’équipe de François Mitterrand s’inscrit dans une stratégie qui date déjà de celle employée pour communiquer pendant la cohabitation. Il en est de même pour son image : celle d’un président-arbitre déifié.
Cette affiche « Génération Mitterrand » participe à la construction d’image du Président en tant que sage, renvoyant ici à la notion de paternité, le « père de la nation ». Autrement dit, le statut de Président est ici exploité. Dans le même temps l’attente autour de sa candidature doit susciter la frustration alors que son principal adversaire, Jacques Chirac, est très présent dans les médias. Concurrencé par Raymond Barre, le Premier ministre se comporte en militant, une attitude contrastant avec celle du Président non déclaré et renforçant dès lors la stature de ce dernier. L’affiche doit conforter cette situation : elle cible les électeurs les moins politisés, les jeunes notamment. Les affiches qui suivent - l’une avec une fille « La France, on en parle, unissons-la » et l’autre avec un garçon « L’Europe, on en parle, faisons-la » sont populaires auprès des plus jeunes dans les sondages. Cependant, le sentiment d’appartenance à une « génération Mitterrand » dans l’opinion construite par les instituts de sondage reste faible (moins de 30%).
La diversité des supports de communication - les affiches donc, mais aussi l’écrit avec la Lettre à tous les Français - employés par l’équipe de François Mitterrand s’inscrit dans une stratégie qui date déjà de celle employée pour communiquer pendant la cohabitation. Il en est de même pour son image : celle d’un président-arbitre déifié.
Léa Pawelski
Transcription
Henri Sannier
L’art et la manière de lancer une campagne avant d’avoir un candidat. Je m’explique : le Parti socialiste vient de commander à Jacques Séguéla, l’homme de la force tranquille, une affiche dans la perspective des présidentielles. Un véritable défi pour le publicitaire qui a décidé de faire une affiche plus sociologique que politique. Voilà le résultat, les professionnels parlent d’un concept fédérateur, évolutif et réversible. En d’autres termes, tout le monde se demande si François Mitterrand ne vient pas de frapper les trois coups de sa campagne. Rachid Arhab.Rachid Arhab
Mitterrand qui passe la main ou Mitterrand père de toute la Nation ? L’affiche de Jacques Séguéla peut se lire dans tous les sens.(Musique)
Jacques Séguéla
Ça pourrait être la main de Mitterrand disant au revoir aux Français.(Musique)
Jacques Séguéla
Mais ça pourrait être la main de Mitterrand prenant celle de Rocard et lui disant, continue ! Comme ça pourrait être la main de Mitterrand, celle de Rocard s’effaçant et qui lui dirait, mais Tonton, vas-y !Rachid Arhab
Mais non, ce n’est pas si compliqué, répondent les autres publicitaires, c’est une campagne avec un seul message : Mitterrand, candidat.Thierry Saussey
C’est vrai que cette campagne manifeste formellement l’idée que François Mitterrand sera candidat, ce n’est pas la question que je me suis posée. La vraie question, c’est est-ce que ça va le servir ? Est-ce qu’au fond, les Français qui voient ça ne se disent pas : on a un Président le jour, et un candidat la nuit ?Michel Bongrand
Entre nous, si devant le peuple de Gauche, qui existe quelque part dans ce pays, Monsieur Mitterrand se retirait à Latche, alors il conviendrait d’ajouter un homme muet et Latche deviendrait lâcheté !Rachid Arhab
La petite fille s’appelle Lola, Lola Séguéla, elle a posé avec son père qui affirme n’avoir jamais rencontré François Mitterrand pour réaliser cette affiche.Jacques Séguéla
Monsieur le Président, si vous voyez cette affiche, dites-moi si vous l’aimez ou pas, de grâce !(Musique)