Chapelle et musique baroque à Cordon
Notice
Le reportage présente la chapelle baroque de Cordon, en Haute-Savoie. Celle-ci attire de nombreux touristes mais aussi de locaux pour différentes raisons : son architecture, sa décoration intérieure et les concerts de musique classique qui y sont donnés.
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Éclairage
Le mouvement baroque, caractérisé par la luxuriance des formes et l'exaltation des contrastes - tout au moins par rapport à l'art classique -, naît en Italie au milieu du XVIe siècle et se répand en Savoie à partir du milieu du XVIIe. Dans le domaine architectural, il s'y exprime essentiellement dans les édifices religieux et accompagne, comme ailleurs en Europe, la volonté de renouveau de l'église catholique à la suite de la Réforme et du concile de Trente (1545 à 1563). Les techniques mises en œuvre par les architectes, maçons, sculpteurs... sont issues de toute l'Europe. Malgré plusieurs invasions françaises, les États de Savoie ont ainsi construit une petite centaine d'édifices, jusque vers le milieu, voire le troisième quart du XVIIIe siècle ; ainsi l'église de Notre-Dame-de-l'Assomption, à Cordon, cadre de l'essentiel des plans de ce reportage, n'a été édifiée qu'à la fin de la période baroque (1781-1785). Diffusé lors du journal télévisé de la mi-journée de France 2 en août 2006, les images montrent l'église, classée Monument Historique en 2004, avant l'important chantier de restauration de 2009-2011, qui a notamment permis de dégager les peintures polychromes de sa façade et de restituer des éléments décoratifs caractérisant son inscription dans le style baroque.
La commune de Cordon, dans le département de la Haute-Savoie, bénéficie d'une implantation privilégiée : adossée à la chaîne des Aravis, elle fait face à la chaîne du Mont Blanc et fonde ainsi sa communication touristique sur la qualification de « Balcon du Mont-Blanc ». D'un autre point de vue, elle surplombe Sallanches et la vallée industrielle de l'Arve (décolletage, horlogerie), bénéficiant de la desserte de l'autoroute reliant Genève au tunnel du Mont Blanc, qui suit cette vallée. Sa population croît régulièrement depuis 1960 (de un demi-millier d'habitants à plus d'un millier aujourd'hui). Cordon développe des activités d'hiver autour d'un petit domaine skiable, et d'été notamment autour du Festival du Baroque au pays du Mont Blanc, festival de musique baroque sujet de ce reportage. Il a lieu tous les ans depuis 1998, l'un des buts initiaux était la promotion de la découverte touristique de l'architecture baroque au moyen d'un événement musical s'accordant avec le site. Créé à Cordon, il se déroule aujourd'hui pendant la première quinzaine de juillet, sur une petite quinzaine de communes.
Une cinquantaine de kilomètres plus au Sud se tient un autre festival de musique baroque, le Festival Baroque de Tarentaise, pendant la première quinzaine d'août, depuis 1992. Sans compter le festival international de musique baroque d'Ambronay au mois d'octobre depuis 1980 (Ambronay faisait partie des États de Savoie jusqu'au traité de Lyon au tout début du XVIIe siècle). Les amateurs de musique baroque s'intéresseront aussi à l'orchestre Academia Montis Regalis de Mondovi (Piémont), fondé en 1994 et au Marchesato Opera Festival à Saluzzo (Piémont) depuis 2012. Les territoires qui formaient les anciens États de Savoie mettent ainsi à l'honneur la musique de l'époque baroque. Au-delà, le reportage le suggère, chaque festival attire un public différent, depuis les amateurs éclairés jusque, comme à Cordon, un public familial et local. Les réflexions des spectateurs interrogés par le journaliste illustrent clairement le modèle de développement adopté par la commune. D'une part, il est adossé à un patrimoine architectural local singulier – les églises baroques – dont la richesse ornementale, fresques, rétable à colonnes torses et dorures, en contraste avec l'austérité du site, se laisse aisément saisir, tout comme la musique qui y est donnée, particulièrement le concert de cuivre présenté. Cependant l'opération de patrimonialisation va au-delà du développement touristique : il donne également à voir autrement leur patrimoine aux habitants du village, leur permet de se l'approprier, et de devenir acteurs d'une identité recomposée.