L'application de la loi Montagne à Monêtier les Bains
Notice
Reportage sur la loi Montagne, consacrée à l'aménagement du territoire. Elle doit répondre aux problèmes que rencontrent les agriculteurs de montagne. Ceux-ci comptent sur cette loi pour les aider dans le domaine foncier. La ville de Monêtier les Bains, dans les Hautes Alpes, est prise en exemple d'une bonne application de celle-ci avec le couple Boussouar, qui élève des chèvres ; fabrique des fromages ; possède des gîtes ruraux ; et dont Hélène, l'épouse, est monitrice de ski.
Éclairage
Ce reportage, diffusé au journal télévisé de France 3 Provence Méditerranée en mars 1985, a pour vocation d'illustrer par un cas concret et complet, une des applications de la loi Montagne votée tout récemment, le 9 janvier 1985.
Cet exemple n'a pas été choisi au hasard, puisque les images ont été tournées dans la ferme d'Hélène et Karim Boussouar (président du syndicat des éleveurs caprins) à Monêtier les Bains, dans les Hautes-Alpes. Alors que l'on peut s'attendre à un éclairage du contenu de cette loi, de son champ d'application, notamment en matière d'aménagement de la montagne, le reportage participe essentiellement à véhiculer un certain nombre de stéréotypes. En réalité, les montagnards n'ont jamais « hiberné comme des marmottes », leurs activités hivernales étaient simplement différentes (artisanat, ou emploi en ville). Ainsi, la pluriactivité illustrée avec le cas de cette éleveuse, également monitrice de ski, n'est pas nouvelle contrairement à ce que semble dire le journaliste. De même, en fin de reportage, il oppose les travailleurs des cimes à ceux des plaines. Cette opposition est inadéquate et rend bien compte des stéréotypes associés aux sociétés de montagne que les journalistes continuent de véhiculer. Il aurait été préférable de parler de spécificité des économies et des activités de montagne qui ont toujours été basées sur la complémentarité de plusieurs activités professionnelles saisonnières. Cependant, cette phrase du journaliste correspond à la vision de la montagne qui prévalait à l'époque de la rédaction de la loi Montagne, c'est-à-dire une montagne perçue comme un handicap à la productivité. Les normes de rendement agricole étant basées sur les parcelles de plaines, elles ne prennent donc pas en compte les spécificités locales.
En outre, les commentaires n'apportent que très peu d'éléments d'analyse, seulement quelques chiffres sur la production de fromage. Les véritables apports proviennent de l'interview de l'éleveuse, qui présente de façon précise les problèmes des éleveurs de montagne et les solutions apportées par cette loi spécifique, qui ne s'applique que sur une seule partie du territoire (les zones classées en zone montagne par décret). Elle évoque le problème de la gestion du foncier qui échappe aux éleveurs et agriculteurs, car les parcelles sont très morcelées. La loi Montagne institue des mesures pour récupérer des terres laissées en jachère. Elle propose également un outil juridique, l'association foncière pastorale, permettant de regrouper les terres de propriétaires privés pour les donner à cultiver à un agriculteur. Mais, comme le précise l'éleveuse, les montagnards doivent s'approprier les mesures de cette loi pour la rendre opérationnelle.
Les images montrent bien les différentes activités de la personne interrogée, on la voit successivement dans sa bergerie, dans son atelier en train de mouler ses fromages, puis sur ses skis à l'occasion d'une leçon. Les gîtes ruraux qu'elle loue sont aussi filmés. Notons, que l'orientation des commentaires sur les différentes activités est particulière. L'absence de son mari parti au salon agricole est bien mentionnée. Malgré cela, « elle se démène », mène « tambour battant » ses activités « avec compétence et dextérité ».
La loi Montagne aborde d'autres thématiques que celles de l'économie et du tourisme, elle fixe par exemple des règles spécifiques en matière d'urbanisme avec comme objectif la préservation des paysages. Elle crée de nouvelles institutions propres pour la montagne et surtout, reconnaît un droit à la prise en compte des différences et instaure une forme de solidarité nationale en faveur des territoires de montagne.
Pour aller plus loin :
- DATAR