War-lerc'h ar gorventenn e Melven ha Kernevel [Après la tempête à Melgven et Kernevel]
Notice
Marvet eo un den hag ur bern traoù a zo bet distrujet e Mêlwenn hag e Kernevel gant ar gorventenn spontus a zo bet. Fromet-tre eo an dud eno. [Les dégâts sont très nombreux après les tempêtes qui ont sévi à Melgven et à Kernevel, et un mort est à déplorer. Il va falloir beaucoup de temps et d'argent pour réparer tous les dégâts.]
Éclairage
D'ar yaou 15 a viz here 1987, eun tempest bihan o tond deuz an Asor a sko aochou Eusa war-dro hwec'h eur diouz an noz. N'eo ket eur 'fallaenn vraz, war dro 50 pe 60 km diouz an eur nemed ken. Med, padal, war he zal yen ez eus eur 'fallaenn all, o tond euz golf ar Gaskogn, hag a zo o sevel, kalz gwasoh eged eben. Pa en em gav an êr fresk-se euz an hanternoz gand dour-mor, klouar c'hoaz evid ar poent-mañ euz ar bloaz, e teu ar 'fallaenn da greski beteg 948 hp. Evid tud ar meteo e Gwipavaz, an dra-ze n'eo ket bet gwelet biskoaz. Buan ez a : da hanternoz emei en Eusa hag an avel a c'hwez da 110 km an eur. Mond a ra war-zu ar hornog ; skei a ra an douar e Bro-Gerne ; e Kemper, ar fourajou avel a c'hwez hep ehan : 180 km an eur. An ostillou evid muzulia tiz an avel e tourellenn Penmarh, e beg mervent Penn-ar-Bed, a zo chomet a-zav war 198 km an eur, distrujet gand an avelach. Med e lehiou 'zo an avel e-neus lakeet tiz beteg 220 km an eur. D'ar poent-se, an avel, hag a c'hwez ken kreñv hag eur gorventenn, a zistruj pep tra war he hent. Penn-ar-Bed, ar Morbihan, Aodou-an-Arvor, Ill-ha-Gwilen e Breiz a vo skoet med ive ar Mañch, ar Halvados, ar Seine-Maritime, ar Somme. Kendalhet he-deus he hent war zu aochou Bro-Zaoz en Devon, a-raog adpaka ar mor dre an Est-Anglie.
Lavaret ez eus bet diwezatoh ne oa ket bet embannet kelou ar gorventenn abred a-walh. Kouslkoude, paotred ar meteo a ouie e oa eun dra bennag dreist-ordinal da zond : war ziwall edont ha kaset e oa bet kelou ganto d'ar penou braz e Pariz ha d'ar mediaou azaleg ar meurz goude merenn.
War vor, neuze, ar besketourien o-doa klasket goudor ha ne'z eus bet den ebed lahet. Koulskoude, an dud a vor o-deus memestra kollet eun tamm mad euz o bigi. Er Gilvineg ez eus bet rivinet pevar chalutier, daouzeg all a zo bet kaset d'ar strad e Sant-Kast, bigi all dre Vreiz a-bez hag er Normandi zoken a zo bet gounezet gand al lehid. Er porziou plezañs eo bet gwasoh : e Konk-Kerne, kant bag dre lien torret o stag ganto a zo berniet e tal moger ar gêriadenn ; e pleg-mor ar Morbihan, pemp kant bag a zo ive en eur stad fall. En oll, seiz kilometrad a bontonou dismantret ha plas ebed ken evid lakaad bigi-a-blijadur. Ar porziou deuz kostez ar hreizteiz, e Penn-ar-Bed hag er Morbihan, n'int ket bet gwarezet deuz an avel izel. Mard eo bet ken gwasket neuze porziou kreisteiz Breiz n'eo ket nemed ken abalamour da diz an avel med ive abalamour d'an avel izel ken digustum er hontre. Eürusamant, ar marvor a oa bihan (29) : ma vije bet euz eur raverzi vraz e vije bet eur barr-raverzi war an aochou.
Mard eo bet spontuz an dismantr war vord ar mor, an douarou o deus ive paeet o lod d'ar gorventenn. War eul ledander a 120 km ez eus bet distrujet ganti eur hard euz forest Breiz : e lehiou 'zo, 50% euz ar hoajou 'zo maro, dreist-oll e kreiz Breiz. 6,5 milion a m3 a geuneud a zo d'an traoñ. 4 milion a m3 a hell beza gwerzet, 2,5 milion a m3 evid an dommerez hag 1,5 a m3 evid ar zevel tiez. Med red eo ober buan a-raog ma vo breinet ar hoad. E Breiz ne oa nemed 400 koader : red eo kaoud 3 000 den, dezo da droha 20 000 m3 dre zevez, euz miz du beteg miz ebrel 1988. Red eo ive distanka an henchou m'eo kouezet warno milierou a wez. Med an avel foll 'neus ive torret peuliou elektrik : 1 250 000 a dud zo hep tredan. Touriou iliz ‘zo dibennet, toenn ebed ken war ar hreier, an uzinou, ar skoliou, an tiez. Er pakeier, ar maïs a zo ledet war an douar, kollet ive ar haol fleur, saout 'zo marvet pe eet da foll. E Normandi ar gwez avalou 'zo bet diwrizennet. En oll, tud Groupama o do d'ober war dro 86 500 gwall zarvoud. Kempenn ar vro goude ar gorventenn 'neus koustet, dre vraz, 23 miliard a luriou.
Ugent vloaz diwezatoh, 13 000 devez arad a wez a zo bet plantet war 20 000 a oa dao planta. An dud o-deus desket ar gentel : 2 000 kilometrad a linennou telefon a zo bet lakeet dindan douar. E Konk kerne eo bet kreñfeet stalerez ar porz plesañs. Météo France he-deus ive klasket gwellaad he binviji en eur lakaad war zao urziatereziou gouest da ziarbenni stad an amzer.
Tempest dreist-ordinal miz here 1987 a zo bet eun dra digustum a-grenn. Hervez tud ar meteo e c'hoarvez dre-vraz bep 40 vloaz, ha forz peur er bloavez. Koulskoude e miz genver 1990, eun avelach heñvel awalc'h a sko adarre Bro-Zaoz ha Bro-Frañs ; nao vloaz diwezatoh, e 1999, daou dempest all a dremeno c'hoaz war on aochou.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Un nebeud levrioù
Michel Le Guével-Agombart, Mémoires d'un ouragan, Imprimerie Bretagne Sud, Plomeur, 1990.
Les dégâts de l'ouragan des 15-16 octobre 1987 en Bretagne, D. Danguy Des Deserts, P De La Broise, G Soulères. Consulté le 24 novembre 2009.
Version française
Le jeudi 15 octobre 1987, une petite tempête en provenance des Açores frappe les côtes de l'île d'Ouessant vers six heures du soir. Il s'agit d'une petite dépression qui se déplace entre 50 et 60 km/h seulement. Cependant, une forte dépression beaucoup plus puissante est en formation le long de son front froid dans le Golfe de Gascogne. Lorsque cet air froid venu du nord va rencontrer une eau de mer encore tiède pour la saison, la dépression va se creuser pour atteindre 948 hp. Pour les météorologues de Guipavas, c'est du jamais vu ! Elle se déplace vite : à minuit elle se trouve à Ouessant, elle va à 110 km/h. Elle se dirige vers l'ouest et touche terre dans le sud du Finistère. A Quimper, les rafales de vent atteignent 180 km/h. Les instruments de mesure au sémaphore de Penmarc'h à la pointe Sud-ouest du Finistère sont restés bloqués sur 198 km/h, détruits par le vent, mais dans certains endroits on a noté des vents atteignant les 220 km/h. A ce stade, les vents atteignent une puissance digne d'un ouragan qui détruit tout sur son passage. En Bretagne, le Finistère, le Morbihan, les Côtes-d'Armor, l'Ille-et-Vilaine sont touchés, mais la Manche, la Seine-Maritime, la Somme également : l'ouragan a poursuivi sa route vers les côtes des îles Britanniques dans le Devon, avant de rejoindre la mer par l'Est-Anglie.
Plus tard on a prétendu que l'alerte n'avait pas été déclenchée assez tôt. Pourtant, les météorologues savaient qu'un phénomène exceptionnel allait se produire. Ils étaient sur le qui-vive et avaient averti les autorités et les médias dès le mardi après-midi.
En mer, les pêcheurs avaient donc cherché à se mettre à l'abri, et aucune victime n'a été à déplorer. Cependant le monde maritime a quand même payé un lourd tribut : au Guilvinec, quatre chalutiers ont été détruits, douze autres ont coulé à Saint-Cast ; à travers toute la Bretagne et même en Normandie, d'autres encore ont été envahis par la vase. Dans les ports de plaisance, c'est plus terrible encore : à Concarneau, une centaine de voiliers ont rompu leurs amarres et sont venus s'encastrer dans les murs de la ville ; dans le golfe du Morbihan, cinq cents navires se trouvent aussi dans un état pitoyable. On compte sept cents kilomètres de pontons arrachés, il n'y a plus d'infrastructures pour accueillir les bateaux de plaisance. Les ports situés au sud du Finistère et du Morbihan ont énormément souffert, pas tant en raison de la force des vents mais surtout parce qu'ils ne sont pas protégés des vents du sud si inhabituels dans cette région. Heureusement le coefficient de marée était faible (29) : avec un grand coefficient, un raz de marée aurait été possible.
Si les dégâts ont été importants sur les côtes, l'intérieur des terres n'a pas été épargné par l'ouragan : sur une largeur de 120 km, il a détruit un quart de la forêt bretonne. Dans certains endroits, 50 % des bois sont morts, surtout dans le centre Bretagne. 6,5 millions de m3 de bois doivent être écoulés. 4 millions de m3 peuvent être vendus, 2,5 millions de m3 comme bois de chauffage et 1,5 million pour la construction. Mais il faut faire vite avant que le bois ne pourrisse. La Bretagne comptait 400 bûcherons ; il faut trouver 3 000 hommes capables de débiter 20 000 m3 par jour de novembre à avril 1988. Il faut aussi déblayer les routes sur lesquelles des milliers d'arbres sont tombés. La tempête a aussi détruit les poteaux électriques : 1 250 000 personnes n'ont plus d'électricité. Les clochers des églises sont tombés, il n'y a plus de toit sur les étables, les usines, les écoles, les maisons. Dans les champs, le maïs est affalé sur le sol, pour les choux-fleurs la récolte est perdue, des vaches sont mortes ou devenues folles. En Normandie les pommiers sont déracinés. La compagnie d'assurance Groupama devra traiter 86 500 sinistres pour toute la Bretagne. La réparation des dommages causés par l'ouragan a coûté 23 milliards de francs environ.
Vingt ans plus tard, sur les 20 000 hectares à reconstituer, on a replanté 13 000 hectares d'arbres. La leçon a porté ses fruits : 2 000 kilomètres de lignes téléphoniques ont été enterrées. A Concarneau, les installation du port de plaisance en été renforcées. Météo France a, elle aussi, cherché à améliorer son matériel, en mettant au point des ordinateurs capables d'anticiper les changements de temps.
La tempête hors norme du 15 octobre 1987 est un évènement sans précédent. Selon les météorologues, ce genre de phénomène survient tous les 40 ans environ, et en n'importe quelle saison. Pourtant en 1990, une tempête similaire a de nouveau frappé l'Angleterre et la France, neuf ans plus tard en 1999 deux autres tempêtes passeront encore sur nos côtes.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Bibliographie
Michel Le Guével-Agombart, Mémoires d'un ouragan, Imprimerie Bretagne Sud, Plomeur, 1990.
Les dégâts de l'ouragan des 15-16 octobre 1987 en Bretagne, D. Danguy Des Deserts, P De La Broise, G Soulères. Consulté le 24 novembre 2009.