Espoirs du tennis à Méru

09 janvier 1994
02m 43s
Réf. 00112

Notice

Résumé :

Reportage au Tennis Club de Méru qui compte dans ses rangs quatre jeunes espoirs du tennis picard et français : Amélie Mauresmo, Amélie Cocheteux, Magali Lamarre et Alexis Raphilisson. Patrick Simon, Conseiller technique régional de Picardie, précise comment il les a détectés. Amélie Mauresmo relate sa finale au tournoi de Miami. Amélie Cocheteux raconte la vie astreignante qu'elle a en équipe de France, dont elle fait partie avec les deux autres filles.

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Date de diffusion :
09 janvier 1994
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Éclairage

Le tennis picard peut s'enorgueillir de posséder, au tournant des années 1990, un vivier de jeunes talents dont certains font partie des meilleurs Français dans leurs catégories d'âge. Détectés très tôt dans leurs clubs, ils fréquentent les structures de haut niveau mises en place par la Fédération Française de Tennis (FFT) en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports (Institut National des Sports et de l'Education Physique, Centre National d'Entraînement de Roland Garros, Pôle France de Poitiers). La formation intensive qu'ils suivent au sein de ces filières fédérales ne les empêche pas d'avoir, en parallèle, une activité tennistique dans leur région d'origine. Dans ce cadre, le Tennis Club de Méru accueille quatre grands espoirs de la pratique. Outre Alexis Raphilisson, trois joueuses promises à un bel avenir - Amélie Mauresmo (qui vient de participer à la finale de l'Orange Bowl à Miami), Magali Lamarre et Amélie Cocheteux - s'entraînent dans le club isarien sous la direction de Patrick Simon, Conseiller Technique Régional. Cette politique de regroupement de l'élite régionale permet à la Ligue de Picardie de conserver ses meilleurs éléments avant qu'ils ne basculent dans le monde professionnel. Elle permet en outre aux joueuses de vivre une "expérience collective" dans un sport qui exalte principalement la performance individuelle et dans un contexte où les contraintes du haut niveau pèsent lourdement sur leur quotidien. Amélie Mauresmo, Amélie Cocheteux et Magali Lamarre conserveront ainsi des attaches bien au-delà de leur expérience méruvienne. En même temps, l'éclosion de ces jeunes championnes est rendue possible par un contexte favorable au développement du tennis de haut niveau en France. D'une part, la FFT engage, à partir des années 1970, une réforme en profondeur de son fonctionnement et de ses structures. Initiée par son nouveau président Philippe Chatrier, elle vise notamment à démocratiser la pratique (qui jouit encore d'une image élitiste) afin d'augmenter le nombre de licenciés, dont certains seront susceptibles d'atteindre le plus haut niveau. Des conventions sont notamment passées avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports et les mairies pour favoriser la construction de nouveaux courts de tennis. Les infrastructures du Tennis Club de Méru passent ainsi de trois courts extérieurs en 1975 à cinq courts extérieurs et deux courts couverts en 1985. D'autre part, la FFT profite du succès médiatique de Roland-Garros, et notamment de la victoire de Yannick Noah en 1983. Contrôlant les retombées financières de ce tournoi mais aussi de nombreux autres, elle tire des bénéfices conséquents qu'elle peut notamment réinvestir dans la formation de l'élite. Engagées dans le circuit fédéral, les joueuses méruviennes vont pleinement profiter de cette situation pour préparer leur passage vers la pratique professionnelle. Magali Lamarre parvient ainsi à se hisser en 1997 au 169ème rang du classement mondial WTA (Women's Tennis Association). Amélie Cocheteux gagne, pour sa part, le Tournoi de Roland Garros junior en 1995 avant d'atteindre, en 2000, les quarts de finale de deux tournois du Grand Chelem (Roland-Garros et Wimbledon) en double. Mais c'est sans conteste Amélie Mauresmo qui dispose du palmarès le plus prestigieux. Victorieuse de 25 tournois en simple sur le circuit WTA, dont deux tournois du Grand Chelem en 2006 (Open d'Australie et Wimbledon), elle remporte également une médaille d'argent aux Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Ces performances lui permettent non seulement d'accéder à la première place mondiale en 2006 mais surtout de devenir, à l'instar de la compiégnoise Suzanne Lenglen dans les années 1920, une figure incontournable du tennis français.

Sébastien Stumpp

Transcription

Jean-Marc Hugueni
Comme les célèbres mousquetaires, ils sont quatre, mais à défaut de manier l’épée, c’est la raquette de tennis qu’ils utilisent pour réaliser leurs exploits. Quatre joueurs de Picardie qui sont les valeurs montantes du tennis régional. Leur portrait avec Thierry Adam et Joy Banerjee.
Rafidison§Alexis
Alexis Rafidison, 13 ans et demi, Amiens.
Cocheteux§Amélie
Amélie Cocheteux, 15 ans, TC Méru.
Mauresmo§Amélie
Amélie Mauresmo, 14 ans, TC Méru.
Lamarre§Magalie
Magalie Lamarre, 15 ans, TC Méru.
Adam§Thierry
Non, ce ne sont pas les quatre mousquetaires mais plus sérieusement quatre espoirs du tennis français. Et signe particulier : ils sont tous picards. Longtemps absent des classements nationaux, le tennis régional réussit un retour en force pour ne pas dire un tour de force. La Picardie récolte enfin le fruit de son travail.
Simon§Patrick
On a détecté très très rapidement ces enfants qui présentaient des qualités un petit peu au-delà de la normale. Et à partir de là, bon, on les a envoyés dans tous les tournois, on a mis des entraînements en place plus le talent qu’ils ont, et ce qui nous permet d'avoir, en ce moment, des joueurs de très bon niveau européen dans leur catégorie d’âge.
Adam§Thierry
A cet âge, la hiérarchie n’est pas établie et donc fluctuante. Mais indéniablement, c’est Amélie Mauresmo qui vient de frapper le plus fort. Lors de l’Orange bowl, à Miami, l’officieux championnat du monde minime, elle ne s’est inclinée qu’en finale. C’est d’ailleurs certainement un des exploits de l’année passée.
Mauresmo§Amélie
Bien, j’ai abordé comme j’ai abordé les Petits As, l’année dernière, c'est-à-dire assez tranquille, quoi, mais tout en ayant un objectif, quand même. C’était de gagner. Et j’étais finaliste. C’est bien quand même, c’est très bien.
Adam§Thierry
Si ces 4 jeunes sont originaires de Picardie, Amélie Cocheteux d’Amiens, Amélie Mauresmo du Bornel ou Alexis Rafidison de Villers-Cotterêts, la semaine se passe à Poitiers pour Alexis, à l’Insep pour d’autres ou encore au centre de haut niveau de Rolland Garros, car les trois filles appartiennent à l’équipe de France. Le tennis n’est donc plus simplement leur passion. C’est devenu leur métier.
Cocheteux§Amélie
C’est super. Je veux dire on voyage beaucoup, on rencontre beaucoup de personnes mais c’est une jeunesse un peu particulière. On ne fait pas toutes les choses que les enfants font. Ça, c’est sûr. On ne va plus au cinéma, on ne sort plus, on ne peut pas avoir de copain.
Adam§Thierry
Premier objectif de Patrick Simon, les garder en Picardie au moins encore 2 ou 3 ans d’où ce rassemblement des filles au TC Méru et surtout en collaboration avec leur entraîneur individuel, ne pas les griller. Car ces petits joyaux représentent tout simplement l’avenir du tennis français.
Simon§Patrick
A partir du moment où elles font partie des meilleurs éléments au niveau français et puis au niveau européen, à partir de ce moment-là, on peut espérer qu’elles fassent partie de l’élite internationale dans 3 ou 4 ans.
Adam§Thierry
Rendez-vous est pris. Affaire à suivre.