Espoirs du tennis à Méru
Notice
Reportage au Tennis Club de Méru qui compte dans ses rangs quatre jeunes espoirs du tennis picard et français : Amélie Mauresmo, Amélie Cocheteux, Magali Lamarre et Alexis Raphilisson. Patrick Simon, Conseiller technique régional de Picardie, précise comment il les a détectés. Amélie Mauresmo relate sa finale au tournoi de Miami. Amélie Cocheteux raconte la vie astreignante qu'elle a en équipe de France, dont elle fait partie avec les deux autres filles.
Éclairage
Le tennis picard peut s'enorgueillir de posséder, au tournant des années 1990, un vivier de jeunes talents dont certains font partie des meilleurs Français dans leurs catégories d'âge. Détectés très tôt dans leurs clubs, ils fréquentent les structures de haut niveau mises en place par la Fédération Française de Tennis (FFT) en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports (Institut National des Sports et de l'Education Physique, Centre National d'Entraînement de Roland Garros, Pôle France de Poitiers). La formation intensive qu'ils suivent au sein de ces filières fédérales ne les empêche pas d'avoir, en parallèle, une activité tennistique dans leur région d'origine. Dans ce cadre, le Tennis Club de Méru accueille quatre grands espoirs de la pratique. Outre Alexis Raphilisson, trois joueuses promises à un bel avenir - Amélie Mauresmo (qui vient de participer à la finale de l'Orange Bowl à Miami), Magali Lamarre et Amélie Cocheteux - s'entraînent dans le club isarien sous la direction de Patrick Simon, Conseiller Technique Régional. Cette politique de regroupement de l'élite régionale permet à la Ligue de Picardie de conserver ses meilleurs éléments avant qu'ils ne basculent dans le monde professionnel. Elle permet en outre aux joueuses de vivre une "expérience collective" dans un sport qui exalte principalement la performance individuelle et dans un contexte où les contraintes du haut niveau pèsent lourdement sur leur quotidien. Amélie Mauresmo, Amélie Cocheteux et Magali Lamarre conserveront ainsi des attaches bien au-delà de leur expérience méruvienne. En même temps, l'éclosion de ces jeunes championnes est rendue possible par un contexte favorable au développement du tennis de haut niveau en France. D'une part, la FFT engage, à partir des années 1970, une réforme en profondeur de son fonctionnement et de ses structures. Initiée par son nouveau président Philippe Chatrier, elle vise notamment à démocratiser la pratique (qui jouit encore d'une image élitiste) afin d'augmenter le nombre de licenciés, dont certains seront susceptibles d'atteindre le plus haut niveau. Des conventions sont notamment passées avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports et les mairies pour favoriser la construction de nouveaux courts de tennis. Les infrastructures du Tennis Club de Méru passent ainsi de trois courts extérieurs en 1975 à cinq courts extérieurs et deux courts couverts en 1985. D'autre part, la FFT profite du succès médiatique de Roland-Garros, et notamment de la victoire de Yannick Noah en 1983. Contrôlant les retombées financières de ce tournoi mais aussi de nombreux autres, elle tire des bénéfices conséquents qu'elle peut notamment réinvestir dans la formation de l'élite. Engagées dans le circuit fédéral, les joueuses méruviennes vont pleinement profiter de cette situation pour préparer leur passage vers la pratique professionnelle. Magali Lamarre parvient ainsi à se hisser en 1997 au 169ème rang du classement mondial WTA (Women's Tennis Association). Amélie Cocheteux gagne, pour sa part, le Tournoi de Roland Garros junior en 1995 avant d'atteindre, en 2000, les quarts de finale de deux tournois du Grand Chelem (Roland-Garros et Wimbledon) en double. Mais c'est sans conteste Amélie Mauresmo qui dispose du palmarès le plus prestigieux. Victorieuse de 25 tournois en simple sur le circuit WTA, dont deux tournois du Grand Chelem en 2006 (Open d'Australie et Wimbledon), elle remporte également une médaille d'argent aux Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Ces performances lui permettent non seulement d'accéder à la première place mondiale en 2006 mais surtout de devenir, à l'instar de la compiégnoise Suzanne Lenglen dans les années 1920, une figure incontournable du tennis français.