Stéphane Houdet remporte le tournoi de tennis en fauteuil à Roland Garros,
Notice
Victoire d'un picard à Roland Garros : Stéphane Houdet, licencié au club handisport de Rue-Le Crotoy. Il a remporté son premier titre d'un grand chelem face au japonais Kunieda. Il est devenu numéro un mondial avec cette victoire.
Éclairage
En sortant victorieux de sa rencontre face au Japonais Shingo Kunieda lors de la finale 2012 de Roland-Garros, Stéphane Houdet obtient non seulement son premier titre individuel dans un tournoi du Grand Chelem, mais parvient également à ravir la première place mondiale à son rival nippon. Cet ancien numéro un européen de handigolf, venu au tennis en 2005, a été licencié de 2009 à 2013 au Tennis Club Rue-Le Crotoy. Son palmarès est déjà riche de nombreux succès en double dans les épreuves du Grand Chelem (Open d'Australie, Roland-Garros) et de deux médailles obtenues lors des Jeux Paralympiques de Pékin en 2008 (l'argent en simple et l'or en double). Les mois qui suivent sa victoire à Roland-Garros confirment ses bonnes dispositions. Stéphane Houdet gagne en effet une nouvelle médaille d'argent en simple aux Jeux Paralympiques de Londres (septembre 2012), atteint pour la sixième fois la finale de l'Open d'Australie (janvier 2013), réussit le doublé à Roland-Garros (juin 2013) et remporte l'US Open (septembre 2013).
Cette légitimité sportive donne la possibilité au tennisman picard de s'investir pleinement dans son activité. En effet, s'il n'est pas statutairement professionnel (à l'inverse par exemple des athlètes handicapés britanniques, salariés de l'UK Sport), Stéphane Houdet est employé au ministère de la Défense et dispose, à ce titre, d'un détachement qui lui permet de se consacrer à plein temps à la pratique du tennis (à raison de 3h par jour en moyenne). Du reste, cette situation ne doit pas masquer les difficultés rencontrées en France par de nombreux champions handicapés pour se préparer aux grandes échéances internationales. Le handisport souffre en effet d'une faible reconnaissance, marquée par un désintérêt certain des médias et des sponsors. Le tennis en fauteuil pâtit plus spécifiquement de sa jeunesse : son invention par l'américain Brad Parks ne date en effet que de 1976. Aussi, sa diffusion en France (au début des années 1980), sa structuration au niveau mondial (la Fédération Internationale de Tennis en Fauteuil Roulant est créée en 1988) ainsi que son entrée aux Jeux Paralympique (en 1992 à Barcelone après avoir été en démonstration aux Jeux de Séoul en 1988) sont relativement récentes au regard d'autres "disciplines historiques" du handisport (athlétisme, natation, basket-ball, tir à l'arc).
Malgré ces difficultés, l'activité gagne progressivement en visibilité. Elle le doit, d'une part, aux implications pratiques des recherches menées sur le matériel de compétition. Stéphane Houdet collabore en effet avec des chercheurs du Laboratoire de Biomécanique des Arts&Métiers et du Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Appareillage des Handicapés pour améliorer l'efficacité de son fauteuil (gains en maniabilité et en légèreté, travail sur le positionnement du corps pour optimiser les gestes). Ces avancées technologiques dépassent le simple cadre sportif puisqu'elles servent l'évolution du matériel destiné à l'ensemble des personnes handicapées. D'autre part, certaines structures sportives insufflent localement une réelle dynamique à la pratique handisport. Par exemple, le Tennis Club Rue-Le Crotoy parvient à mobiliser, depuis 2007, les acteurs économiques et institutionnels régionaux autour d'un événement réunissant les meilleurs joueurs mondiaux, les Masters de Picardie de Tennis en Fauteuil (intégrés à l'Open de la Baie de Somme, compétition s'adressant à l'origine aux valides). Le club projette aussi la création d'une Académie régionale de tennis en fauteuil, parrainée par la récente gagnante du tournoi de Wimbledon, Marion Bartoli.
Le tennis en fauteuil constitue en cela une vitrine pour la promotion régionale du handisport. Il relaye les actions de sensibilisation, de formation et d'intégration développées depuis 1979 par le Comité Régional Handisport de Picardie.