Stéphane Houdet remporte le tournoi de tennis en fauteuil à Roland Garros,

08 juin 2012
02m 41s
Réf. 00120

Notice

Résumé :

Victoire d'un picard à Roland Garros : Stéphane Houdet, licencié au club handisport de Rue-Le Crotoy. Il a remporté son premier titre d'un grand chelem face au japonais Kunieda. Il est devenu numéro un mondial avec cette victoire.

Date de diffusion :
08 juin 2012
Source :

Éclairage

En sortant victorieux de sa rencontre face au Japonais Shingo Kunieda lors de la finale 2012 de Roland-Garros, Stéphane Houdet obtient non seulement son premier titre individuel dans un tournoi du Grand Chelem, mais parvient également à ravir la première place mondiale à son rival nippon. Cet ancien numéro un européen de handigolf, venu au tennis en 2005, a été licencié de 2009 à 2013 au Tennis Club Rue-Le Crotoy. Son palmarès est déjà riche de nombreux succès en double dans les épreuves du Grand Chelem (Open d'Australie, Roland-Garros) et de deux médailles obtenues lors des Jeux Paralympiques de Pékin en 2008 (l'argent en simple et l'or en double). Les mois qui suivent sa victoire à Roland-Garros confirment ses bonnes dispositions. Stéphane Houdet gagne en effet une nouvelle médaille d'argent en simple aux Jeux Paralympiques de Londres (septembre 2012), atteint pour la sixième fois la finale de l'Open d'Australie (janvier 2013), réussit le doublé à Roland-Garros (juin 2013) et remporte l'US Open (septembre 2013).

Cette légitimité sportive donne la possibilité au tennisman picard de s'investir pleinement dans son activité. En effet, s'il n'est pas statutairement professionnel (à l'inverse par exemple des athlètes handicapés britanniques, salariés de l'UK Sport), Stéphane Houdet est employé au ministère de la Défense et dispose, à ce titre, d'un détachement qui lui permet de se consacrer à plein temps à la pratique du tennis (à raison de 3h par jour en moyenne). Du reste, cette situation ne doit pas masquer les difficultés rencontrées en France par de nombreux champions handicapés pour se préparer aux grandes échéances internationales. Le handisport souffre en effet d'une faible reconnaissance, marquée par un désintérêt certain des médias et des sponsors. Le tennis en fauteuil pâtit plus spécifiquement de sa jeunesse : son invention par l'américain Brad Parks ne date en effet que de 1976. Aussi, sa diffusion en France (au début des années 1980), sa structuration au niveau mondial (la Fédération Internationale de Tennis en Fauteuil Roulant est créée en 1988) ainsi que son entrée aux Jeux Paralympique (en 1992 à Barcelone après avoir été en démonstration aux Jeux de Séoul en 1988) sont relativement récentes au regard d'autres "disciplines historiques" du handisport (athlétisme, natation, basket-ball, tir à l'arc).

Malgré ces difficultés, l'activité gagne progressivement en visibilité. Elle le doit, d'une part, aux implications pratiques des recherches menées sur le matériel de compétition. Stéphane Houdet collabore en effet avec des chercheurs du Laboratoire de Biomécanique des Arts&Métiers et du Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Appareillage des Handicapés pour améliorer l'efficacité de son fauteuil (gains en maniabilité et en légèreté, travail sur le positionnement du corps pour optimiser les gestes). Ces avancées technologiques dépassent le simple cadre sportif puisqu'elles servent l'évolution du matériel destiné à l'ensemble des personnes handicapées. D'autre part, certaines structures sportives insufflent localement une réelle dynamique à la pratique handisport. Par exemple, le Tennis Club Rue-Le Crotoy parvient à mobiliser, depuis 2007, les acteurs économiques et institutionnels régionaux autour d'un événement réunissant les meilleurs joueurs mondiaux, les Masters de Picardie de Tennis en Fauteuil (intégrés à l'Open de la Baie de Somme, compétition s'adressant à l'origine aux valides). Le club projette aussi la création d'une Académie régionale de tennis en fauteuil, parrainée par la récente gagnante du tournoi de Wimbledon, Marion Bartoli.

Le tennis en fauteuil constitue en cela une vitrine pour la promotion régionale du handisport. Il relaye les actions de sensibilisation, de formation et d'intégration développées depuis 1979 par le Comité Régional Handisport de Picardie.

Sébastien Stumpp

Transcription

Flore Fenouillet
Mais on commence donc ce journal avec cette victoire d’un picard à Roland-Garros. Stéphane Houdet est licencié au club handisport de Rue-le-Crotoy. Il a remporté son premier titre d’un Grand Chelem face au japonais Kunieda. Arnaud Wust et Julien Guéry ont assisté à l’événement.
Arnaud Wust
Historique. Cela fait près de 10 ans que Stéphane Houdet l’attendait. Après 1 heure 45 de jeu, il réalise enfin son rêve.
Stéphane Houdet
Premier Chelem, premier. Je crois que je passe numéro un. C’est fantastique. A la maison, tout le monde est là… Enorme, énorme !
Arnaud Wust
Enorme aussi son capital confiance qu’il affichait dans les travées avec ses supporters ou sur le terrain d’entraînement.
Stéphane Houdet
C’est le jour qu’on attend toute l’année, de se retrouver en finale à Roland Garros contre Shingo Kunieda. Donc un gros match en perspective et beaucoup de plaisir.
Arnaud Wust
Depuis un mois, il avait tout fait pour réussir son pari : être le premier tennisman français à gagner Roland Garros en fauteuil. Et même sa préparation d’avant match était faite pour gagner.
Marine Arres
Il enchaîne justement entre son… échauffement et son match, là, direct, il est chaud, il est prêt à rentrer sur le court. C’est comme ça qu’il aime bien en tout cas donc on continue.
Arnaud Wust
Et pour être chaud, il l’a été dès le début du match. Il mène très vite 4-1 dans le premier set. Le japonais Shingo Kunieda n’est pourtant pas le premier venu : il a gagné quatre fois Roland Garros mais ne peut rien contre les services du Picard.
Shingo Kunieda
[Anglais] Il a un bon service, un super coup droit et c’est sa force.
Arnaud Wust
Stéphane gagne le premier set 6-2. Mais son adversaire a pris le rythme, resserre le jeu et surtout serre très fort. Le joueur français ne résiste pas à cette montée en puissance et lâche le second set 2-6. Après une heure de jeu, les supporters français gardent confiance.
Spectateur 1
Un très beau match, le Français. Jusqu'à maintenant, il fait des très belles choses donc on espère que ça va se passer bien jusqu'au bout.
Spectateur 2
C’est super bien pour tous les Français qui suivent, j’espère, le tennis en fauteuil.
Spectatrice 1
Un petit plus de faux directs. Et le japonais a un petit peu mieux joué. Il roule bien. Et Steph a un peu plus donné sur le deuxième, un petit peu moins d’intention. Et là, sur le troisième, il est reparti bien comme il faut.
Arnaud Wust
Le troisième set est une bataille de titans. Chacun enchaîne des services gagnants et des jeux blancs, et il faut un tie-break pour les départager. Stéphane rate l’entame du jeu décisif. Il est mené 5-2. On croit alors que les jeux sont faits.
Stéphane Houdet
Malheureusement, je commence très mal le tie-break. Il mène 5-1, je crois, on tourne à 5-1. Mais au moment où on tourne, je reprends le vent, l’avantage du vent, et je ne me dis qu’à aucun moment, ce n’est fini et qu’il faut continuer. Et puis en plus, ça me sourit avec 2 aces, quand même, pour faire le point de 5-2 à 5-4. Et bon, des jours comme ça, on se dit que tout est possible.
Arnaud Wust
Stéphane est devenu, à Roland Garros, le n°1 mondial du tennis en fauteuil.