Inauguration de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne

16 juillet 1992
02m 32s
Réf. 00413

Notice

Résumé :

Reportage pour l'inauguration de l'Historial de Péronne, un nouveau musée de la guerre 14-18 qui regroupe des objets venant de l'Europe entière. Étaient présents, Louis Mexandeau, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et Fernand Demilly, président du Conseil général de la Somme. Des délégations des armées anglaises, Allemandes et Américaines étaient également conviées. Interrogé, l'écrivain allemand Ernst Jünger, âgé de 97 ans, qui a participé a la bataille de la Somme, trouve que ce musée est une réussite.

Date de diffusion :
16 juillet 1992
Source :
Lieux :

Éclairage

Les traces de la Première Guerre mondiale sont surtout présentes dans l'est du département de la Somme. C'est l'une des raisons pour lesquelles, quand a été décidée la construction d'un Historial de la Grande Guerre, le choix a été fait de le construire à Péronne, en réutilisant les ruines d'un château de la fin du XIIIe siècle. Cette performance architecturale est due à l'architecte français d'origine péruvienne, Henri-Édouard Ciriani.

Le reportage est consacré à l'inauguration de l'Historial, le 16 juillet 1992. On y voit, guidés par le premier conservateur, Hugues Hairy, le ministre des Anciens combattants, Louis Mexandeau, et le président du Conseil général de la Somme, Fernand Demilly. C'est cette collectivité territoriale, et en particulier son président "historique" Max Lejeune, en poste de 1945 à 1988, qui a été à l'origine du projet et qui l'a largement financé, avec la Région Picardie, l'État et l'Union européenne (1).

Historial : le terme n'est pas neutre, et se distingue volontairement de celui de "Mémorial". C'est en effet une équipe d'historiens, celle du Centre de recherches de l'Historial, regroupant, autour de Jean-Jacques Becker, Gerd Krumeich, Jay Winter, Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, qui a conçu ce musée, proposant, bien plus qu'une évocation de la bataille de la Somme, "une vision plus neuve de la guerre et de ses enjeux" pour reprendre l'expression employée dans le reportage par Louis Mexandeau. La création de l'Historial est en effet concomitante du développement de l'histoire culturelle de la Grande Guerre et de nouveaux questionnements, en particulier sur les populations qui avaient fait ou subi la guerre, combattants et civils.

Le reportage montre bien la diversité des collections, constituées ex nihilo dès 1987, et composées actuellement de plus de 55 000 objets. Aux affiches, dessins, sculptures s'ajoutent des uniformes, présentés dans des fosses, qui symbolisent les tranchées, et des objets, en particulier des objets représentatifs de la culture de guerre, comme des assiettes cocardières, et ceux que le soldat porte sur lui et utilise dans la tranchée. Le journaliste a été particulièrement intéressé par la boîte de soldats de plomb "La conquête de Madagascar", présentée dans la salle qui évoque les crises de l'avant-guerre.

L'insertion de la guerre dans un temps long est en effet l'une des caractéristiques de l'Historial. La salle 4 est consacrée à l'après-guerre, avec notamment deux grandes maquettes de monuments aux morts : l'un, vertical, représente une Victoire ; l'autre un soldat à l'agonie.

La dimension internationale est l'une des autres caractéristique du projet. Il s'agit de présenter en parallèle les points de vue français, britanniques et allemands. Cela explique le nombre de délégations étrangères à l'inauguration, marquée aussi par la présence de l'écrivain allemand Ernst Jünger (1895-1998), alors âgé de quatre-vingt-dix sept ans, qui a combattu sur la Somme et a relaté son expérience de la bataille dans Orages d'acier.

(1) Voir Les collections de l'Historial de la Grande Guerre, Paris, Somogy, 2008.

Philippe Nivet

Transcription

Présentatrice
Cérémonie très réussie à Péronne pour l’inauguration de l’Historial. Il y a 3 ans, la première pierre du grand musée de la Grande guerre avait été posée sous la pluie. Aujourd'hui, le soleil brillait et la journée a été placée sous le signe de la réconciliation. Les armées anglaises, allemandes et américaines étaient notamment venues en délégation. Le gouvernement était représenté par Louis Mexandeau, secrétaire d’Etat auprès des anciens combattants.
S. Usciati
Péronne ne vivait, aujourd'hui, qu’à l’heure de son Historial. Et cela fait 6 ans qu’on l’attendait. Ils étaient nombreux à se presser pour la première visite guidée du musée de la Grande guerre. Mais ici, pas de parade d’objets militaires. On tente seulement de donner à voir et à penser par une présentation de la vie quotidienne au front mais aussi de celle des civils. Une présentation qui a séduit Louis Mexandeau.
Louis Mexandeau
Il y a un heureux mélange entre la retranscription de ce qu’ont été les terribles combats de la bataille de la Somme et en même temps, une vision plus neuve de la guerre, de ses enjeux. Pourquoi cette guerre qui a été extrêmement cruelle ? Tout cela est très bien restitué et pour tout dire, je ne m’attendais pas à une réussite aussi parfaite.
S. Usciati
Ces visiteurs privilégiés ont pu apprécier la collection de l’Historial. L’ensemble des pièces exposées ont été collectées à travers l’Europe entière. C’est là, une des particularités de ce musée qui souhaite avoir une vocation internationale.
Fernand Demilly
Notre sol est marqué d’un certain nombre de… d’une quantité considérable, d’ailleurs, de cimetières, de nécropoles, relatifs à la Grande guerre. Et nous offrons donc, en fait, on peut le dire, au monde entier cet Historial qui va rappeler donc ce qu’a été la Grande guerre, la vie des populations, la vie des combattants avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre.
S. Usciati
Outre le souvenir, l’Historial est également un musée de la réconciliation. En témoigne, cet après-midi, la présence d’anciens combattants de 14-18. Parmi eux, l’écrivain allemand Ernst Jünger âgé de 97 ans. Il était présent lors de la bataille de la Somme.
Ernst Jünger
Je suis très ému parce que c’est une chose tout à fait neutre et une chose qui… n’héroïse pas mais qui ne méprise pas non plus, n’est-ce pas ? Vous comprenez ? C’est très réussi.