Inauguration de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne
Notice
Reportage pour l'inauguration de l'Historial de Péronne, un nouveau musée de la guerre 14-18 qui regroupe des objets venant de l'Europe entière. Étaient présents, Louis Mexandeau, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et Fernand Demilly, président du Conseil général de la Somme. Des délégations des armées anglaises, Allemandes et Américaines étaient également conviées. Interrogé, l'écrivain allemand Ernst Jünger, âgé de 97 ans, qui a participé a la bataille de la Somme, trouve que ce musée est une réussite.
Éclairage
Les traces de la Première Guerre mondiale sont surtout présentes dans l'est du département de la Somme. C'est l'une des raisons pour lesquelles, quand a été décidée la construction d'un Historial de la Grande Guerre, le choix a été fait de le construire à Péronne, en réutilisant les ruines d'un château de la fin du XIIIe siècle. Cette performance architecturale est due à l'architecte français d'origine péruvienne, Henri-Édouard Ciriani.
Le reportage est consacré à l'inauguration de l'Historial, le 16 juillet 1992. On y voit, guidés par le premier conservateur, Hugues Hairy, le ministre des Anciens combattants, Louis Mexandeau, et le président du Conseil général de la Somme, Fernand Demilly. C'est cette collectivité territoriale, et en particulier son président "historique" Max Lejeune, en poste de 1945 à 1988, qui a été à l'origine du projet et qui l'a largement financé, avec la Région Picardie, l'État et l'Union européenne (1).
Historial : le terme n'est pas neutre, et se distingue volontairement de celui de "Mémorial". C'est en effet une équipe d'historiens, celle du Centre de recherches de l'Historial, regroupant, autour de Jean-Jacques Becker, Gerd Krumeich, Jay Winter, Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, qui a conçu ce musée, proposant, bien plus qu'une évocation de la bataille de la Somme, "une vision plus neuve de la guerre et de ses enjeux" pour reprendre l'expression employée dans le reportage par Louis Mexandeau. La création de l'Historial est en effet concomitante du développement de l'histoire culturelle de la Grande Guerre et de nouveaux questionnements, en particulier sur les populations qui avaient fait ou subi la guerre, combattants et civils.
Le reportage montre bien la diversité des collections, constituées ex nihilo dès 1987, et composées actuellement de plus de 55 000 objets. Aux affiches, dessins, sculptures s'ajoutent des uniformes, présentés dans des fosses, qui symbolisent les tranchées, et des objets, en particulier des objets représentatifs de la culture de guerre, comme des assiettes cocardières, et ceux que le soldat porte sur lui et utilise dans la tranchée. Le journaliste a été particulièrement intéressé par la boîte de soldats de plomb "La conquête de Madagascar", présentée dans la salle qui évoque les crises de l'avant-guerre.
L'insertion de la guerre dans un temps long est en effet l'une des caractéristiques de l'Historial. La salle 4 est consacrée à l'après-guerre, avec notamment deux grandes maquettes de monuments aux morts : l'un, vertical, représente une Victoire ; l'autre un soldat à l'agonie.
La dimension internationale est l'une des autres caractéristique du projet. Il s'agit de présenter en parallèle les points de vue français, britanniques et allemands. Cela explique le nombre de délégations étrangères à l'inauguration, marquée aussi par la présence de l'écrivain allemand Ernst Jünger (1895-1998), alors âgé de quatre-vingt-dix sept ans, qui a combattu sur la Somme et a relaté son expérience de la bataille dans Orages d'acier.
(1) Voir Les collections de l'Historial de la Grande Guerre, Paris, Somogy, 2008.