La bataille de la Somme (1916)

01 juillet 1916
05m 03s
Réf. 00444

Notice

Résumé :

Évocation de la bataille de la Somme, de juillet à novembre 1916, sur les lieux mêmes où les combats se sont déroulés à l'est du département de la Somme à Thiepval, Ancre,Flers Courcel... Les différentes étapes de la bataille à partir du 1er juillet sont illustrées sur des images d'archives . Afin de soulager les Français pris sur Verdun, ce sera le premier grand engagement des troupes britanniques dans la guerre et la première offensive coordonnée des troupes alliées. Lors de l'assaut la division d'Ulster paiera un lourd tribu.

Type de média :
Date de diffusion :
29 juin 1996
Date d'événement :
01 juillet 1916
Source :
Lieux :

Éclairage

Le 6 décembre 1915, une conférence interalliée se réunit au Grand Quartier Général de Chantilly. En dépit des résultats décevants qu'ont eus les tentatives de percée effectuées au printemps et à l'automne, en Champagne et dans l'Artois, il y est décidé de rechercher la décision par des offensives sur les front russe, italien et franco-anglais. Le 14 février 1916, Joffre et Haig, commandant des troupes britanniques, tombent d'accord sur le projet d'une attaque sur la Somme, qui commencerait à la fin du mois de juin.

Le projet est maintenu, en dépit du déclenchement de la bataille de Verdun par l'état-major allemand le 21 février 1916. Mais Joffre réduit la participation française et l'action principale revient aux armées britanniques. L'attaque doit avoir lieu à l'articulation de la 4e armée britannique (commandée par Sir Henry Rawlinson) et de la 6e armée française (commandée par le général Fayolle). Au cours des premiers de mois de 1916, les Anglais constituent en arrière du front tout un réseau de routes, de prolongements de voies ferrées, de camps, d'hôpitaux, de stations de matériel, et accumulent des munitions d'artillerie, environ trois millions d'obus, en prévision d'un pilonnage d'une semaine sur les lignes allemandes, puis de tirs qui accompagneraient la progression de l'infanterie. Les images d'archives présentes dans le reportage insistent sur cette accumulation d'obus. Les ingénieurs et les soldats du génie britannique creusent des tunnels sous les positions allemandes et placent des mines sous des points stratégiques, les plus puissantes étant composées de vingt tonnes d'explosifs brisants. Avec une supériorité numérique sur les Allemands estimée à sept contre un, la confiance des Alliés est totale.

La préparation d'artillerie commence le 24 juin. L'offensive, prévue le 29 juin, est reportée au 1er juillet, à cause de la pluie et d'une préparation insuffisante. Entre le 24 juin et le 1er juillet, 1,5 million d'obus sont tirés, dont 500 000 obus explosifs lourds pour un poids total de 12 000 tonnes. Les Anglais mêlent à leurs tirs d'obus des gaz envoyés par des moyens sommaires qui profitent du vent dominant pour traverser le no man's land.

Le 1er juillet, quatorze divisions britanniques et cinq françaises partent à l'attaque de sept divisions allemandes. Les fantassins, vague après vague, quittent leurs tranchées. Chaque division d'infanterie se déplace en ligne droite, perpendiculairement au front. L'attaque des troupes françaises — qui, au sud, dans la boucle de Péronne, s'enfonce profondément dans le dispositif allemand, 8 kilomètres en certains points — connaît un meilleur sort que celui des troupes britanniques. A la fin du premier jour, l'armée britannique compte 60 000 soldats hors de combat, dont 21 000 morts. 60 % des officiers perdent la vie. 32 des 143 bataillons participant à l'assaut perdent au moins 500 hommes. Pour l'armée britannique, c'est la pire catastrophe de son histoire. Nombre d'engagés volontaires, de "copains" venus de la même ville, du même village, sont tués. La préparation d'artillerie n'avait pas eu les effets escomptés et n'avait pas permis la destruction des spectaculaires positions enterrées des Allemands et des réseaux de fil de fer barbelés. Les obus tirés par les Anglais n'étaient pas assez puissants. Le reportage insiste sur les pertes subies par la 36e division (unionistes irlandais) : 5500 tués, blessés et disparus sur 12 000 hommes dès le début de la bataille. Des quartiers entiers de Belfast et de nombreux villages de l'Ulster sont alors plongés dans le deuil.

Le reportage montre des monuments emblématiques du circuit du souvenir fréquenté par les touristes anglo-saxons. Erigée en 1921 grâce à une souscription publique, la tour d'Ulster est la réplique d'une tour située près de Belfast dans le camp d'entraînement de la 36e division ; monument irlandais pour la Bataille de la Somme, elle est aussi le mémorial à tous les soldats de l'Ulster morts pendant la Grande Guerre. Inauguré en 1932, le Mémorial de Thiepval, œuvre de sir Edwin Luytens, commémore la perte de plus de 73 000 combattants disparus du Commonwealth sans sépulture. Il est aujourd'hui le plus important des mémoriaux britanniques du monde.

Philippe Nivet

Transcription

Catherine Berra
Une bataille, donc, qui s’éternise de juillet à novembre 1916, qui fait, bien évidemment, des centaines de milliers de morts. Avant de poursuivre ce débat, je vous propose de voir ce documentaire préparé par Thierry Bonté et Jean-Paul Delance qui nous racontent la bataille de la Somme.
Thierry Bonté
Comme il fait beau, ce 1er juillet. La campagne est magnifique. La vallée d’Ancre est toujours aussi jolie qui offre aux promeneurs son paysage bucolique. Les blés ne sont pas encore mûrs. Des vaches paissent non loin de là. Oui, vraiment, la campagne est belle dans ce petit coin à l’est du département de la Somme.
(Bruit)
Thierry Bonté
Beaucourt, Thiepval, Aveluy, Mametz, Montauban, les villages picards alignent aujourd'hui leur architecture de briques rouges et la plénitude de leur culture. Mais ce n’est pas pour cela que l’est de la Somme est connu du monde entier. Non. C’est pour son enfer. Les noms de ces lieux figurent depuis longtemps sur les monuments dans les guides touristiques ou les livres d’histoire comme autant d’épitaphes dédiés aux centaines de milliers d’hommes morts ici durant la bataille de la Somme. 1er juillet 1916.
(Bruit)
Thierry Bonté
Pour soulager Verdun où l’armée française a été saignée à blanc dans sa résistance acharnée aux forces allemandes, Joffre décide de mettre en oeuvre la grande offensive de la Somme. Un plan de bataille prévu de longue date destiné à épuiser les armées allemandes et à enfoncer le front ennemi. Compte-tenu des pertes considérables que les forces françaises ont subies à Verdun, ce sont les soldats de l’ancien empire du Commonwealth qui vont fournir le plus gros des troupes. Le front s’étend de Gommecourt à Fouquescourt sur une quarantaine de kilomètres. Au nord, jusqu'à Maricourt, la 4ème armée du général Rolinson aligne 26 divisions. Au sud, les 14 divisions de la 6ème armée française s’apprêtent à monter à l’assaut. C’est le premier engagement de très grande ampleur des troupes britanniques dans la guerre. Venus du Lancashire, du Suffolk, de bien d’autres comtés mais aussi d’Ecosse, du pays de Galles et d’Irlande, les jeunes tommies ont récemment débarqué en France. Ils sont jeunes, ils sont forts, ils seraient même joyeux tant ils sont inexpérimentés. Ils ne connaissent pas la guerre. Ils vont vite la découvrir. La bataille de la Somme, après bien des tâtonnements, c’est aussi la première offensive coordonnée des alliés.
(Silence)
Thierry Bonté
Pour préparer l’offensive, Britanniques et Français vont pilonner l’ennemi pendant 7 jours. Bien protégées, occupant des positions hautes, les forces allemandes ont fortifié plusieurs lignes de tranchées. Pendant une semaine, les canons alliés vont cracher leur déluge de feu et d’acier. Pendant ce temps, juste à l’arrière du front, on se prépare. On stocke les munitions, on achemine les troupes à quelques centaines de mètres de la ligne de front. L’heure de l’offensive a été fixée à 7 heures et demi du matin. Les soldats ne semblent pas particulièrement inquiets. Ils sont persuadés que l’artillerie a fait l’essentiel du travail. 10 minutes avant de monter à l’assaut, des sapeurs écossais font sauter d’énormes mines souterraines en plusieurs endroits pour briser la ligne allemande.
(Silence)
Thierry Bonté
7 heures 30. C’est l’heure d’y aller. Il ne faut pas se poser de question. Les soldats franchissent le parapet. Pour la plupart d’entre eux, c’est le baptême du feu. Beaucoup imaginent que la progression va se faire facilement. Mais rien n’est vraiment comme on leur a dit durant les manoeuvres.
(Silence)
Thierry Bonté
Côté français, au sud, l’avance de la 6ème armée est réelle bien que limitée. Commandée par le général Fayolle, les troupes avancent de plusieurs kilomètres et prennent quelques positions en aval de Péronne.
(Silence)
Thierry Bonté
Au nord, c’est une toute autre histoire. Les troupes britanniques, malgré leur bravoure, subissent de très lourdes pertes. C’est le cas, par exemple, des 12 000 Irlandais de la 36ème division d’Ulster engagée dans le secteur de Thiepval. Les soldats d’Irlande du nord gagnent une, deux puis trois tranchées ennemies. Mais les côtés doivent battre en retraite sous le feu allemand tandis que le centre, complètement isolé, continue de progresser enlevant même une partie des défenses fortifiées allemandes. Cependant, le manque d’approvisionnement et de renfort, la vigueur de la contre-attaque obligent les Irlandais à refluer. Les pertes sont considérables. La division d’Ulster parvient tout de même à tenir une position gagnée au-delà de la première tranchée, mais au bout de deux jours, 5500 hommes manquent à l’appel sur les 12 000 partis à l’assaut. C’est ici que s’élève la tour d’un château d’Ulster reconstitué dans les années 20 pour célébrer cet épisode de la bataille de la Somme.