Découverte d'une tombe gauloise sur un chantier archéologique à Péronne

08 août 2011
02m 26s
Réf. 00624

Notice

Résumé :

Reportage sur les fouilles archéologiques qui sont menées autour de Péronne dans le cadre du projet du canal Seine-Nord. Une tombe gauloise, datant des années 50 av. JC, qui aurait appartenu à un haut personnage de l'aristocratie locale des Viromanduens, a été mise à jour. Didier Lamotte (Responsable INRAP de l'opération) et Gilles Prilaux (responsable scientifique INRAP du projet Canal Seine Nord) expliquent l'importance de cette découverte.

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Date de diffusion :
08 août 2011
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Éclairage

Ce site a fait l'objet, dans le cadre de l'opération du Canal Seine-Nord, d'une opération archéologique à l'emplacement d'une zone de déchargement portuaire de 66 ha. Elle a été menée en 2009 et 2010 par Didier Lamotte.

Les premières occupations rencontrées remontent à l'âge du Bronze (deux enclos circulaires). D'autres sont datées du premier âge du Fer et de La Tène ancienne. Vers le IIe siècle avant notre ère, une ferme est aménagée. Elle est associée à deux petites nécropoles comportant cinq et quatre incinérations. C'est dans l'une d'elles, qu'a été mise au jour une imposante chambre funéraire de la fin IIe - début Ier siècle av. n.e. Elle a livré une paire de chenets à têtes de canards, un chaudron en bronze et en fer attaché à sa crémaillère, un poêlon en bronze avec manche orné d'une tête de canard provenant du nord de l'Italie, des seaux, une paire de force. Les offrandes alimentaires étaient contenues dans des céramiques parmi lesquelles on distingue deux vases ovoïdes hauts d'une trentaine de cm appartenant au style "champenois". Ils sont recouverts d'un engobe (revêtement mince à base d'argile délayée) blanchâtre. Le décor est réalisé "en réserve" par l'application d'une peinture noire. Sous le col et à la base de la panse, des bandes parallèles constituées de lignes blanches et de cercles délimitent une frise où trois chevaux regardant à droite. Le contour de chaque animal est souligné par un trait noir et l'espace entre chaque cheval est rempli de cercles et de points blancs. Signalons également la découverte, dans une fosse dépotoir d'une ceinture en bronze de la Tène finale (150-20 av. n.e.), constituée de plusieurs dizaines d'anneaux reliées par une cordelette en partie conservée et dont le système de fermeture est orné d'une tête de bovidé stylisée.

Voir : Tahar Ben Redjeb, Carte archéologique de la Gaule. La Somme 80/2. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2012, p. 384-385.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Karine Henry
C’est justement le moment de suivre un cours d’histoire. Depuis le printemps dernier, dans le cadre du projet du canal Seine-Nord, des fouilles archéologiques sont menées autour de Péronne. Et bonne pioche, les scientifiques viennent de mettre au jour un monument plutôt rare : une tombe gauloise datant des années -50 avant Jésus Christ. On n’avait pas fait une telle trouvaille dans la région depuis 25 ans. Catherine Odé et Benoit Henrion nous en disent un peu plus.
Intervenante
On va essayer de prendre l’ensemble.
Intervenant
De prendre en bloc une planche en-dessous oui ?
Intervenante
Pour préserver, en fait…
Catherine Odé
Des objets dont la manipulation requiert beaucoup d’attention et de précautions car ils ont traversé les siècles depuis la fin de l’époque gauloise, près de 50 ans avant Jésus Christ. A force de détermination et de coups de truelle, cette équipe d’archéologues a été récompensée. La tombe qu’ils ont mise au jour aurait appartenu à un haut personnage de l’aristocratie locale.
Didier Lamotte
Il a été incinéré, on l’a déposé au milieu des objets qui pouvaient lui appartenir. Donc on a ici tout un lot de vases, des seaux dont il ne reste plus que les cerclages en fer. Ici, une petite passoire en bronze, quelque chose dans ce genre-là. Et puis aussi, on a des vestiges de faune. Un chaudron, derrière, que vous avez pu voir avec ses chenets.
Catherine Odé
Des offrandes destinées à accompagner l’homme dans l’au-delà et qui permettent également de savoir de quelle tribu il provenait. Il s’agirait, ici, des Viromanduens appelés aussi hommes-chevaux.
Didier Lamotte
Vous avez des vases blancs avec, dessus, des motifs qui sont peints en noir. Et donc on a des motifs géométriques. Et puis si on regarde bien, en fait, on a des chevaux, des grands chevaux qui ont l’air d’être un peu dans le vent. Et ça, c’est des vases qui sont probablement produits en Auvergne. On en a trouvé beaucoup à Rouanne. Et ce sont les deux premiers qu’on trouve en Picardie.
Catherine Odé
Même i une tombe aussi complète n’a pas été découverte dans la Somme depuis 25 ans, sa présence ici n’est pas vraiment un hasard.
Gilles Prilaux
Un peu partout, dans notre région, en fait, les Gaulois, les Gallo-romains ont l’habitude d’incinérer leurs morts majoritairement. Et les restes des crémations sont directement intégrés aux espaces de vie. Donc dès qu’on « accroche », entre guillemets, un habitat de ces périodes-là, on sait que potentiellement, on devrait découvrir les sépultures contemporaines.
Catherine Odé
La fin des fouilles préventives est prévue pour le mois l’octobre. A l’horizon 2020, une plateforme contenant des quais de déchargement devrait voir le jour ici, dans le cadre du projet Canal Seine-Nord. Mais avant cela, de belles découvertes peuvent encore être réalisées.