A la Butte Chalmont, le Général De Gaulle commémore le début de l'offensive victorieuse de 1918

15 juillet 1918
01m 51s
Réf. 00402

Notice

Résumé :

A la Butte Chalmont, à Oulchy-le-Château dans l'Aisne, le Général De Gaulle accompagné de Pierre Messmer ministre des Armées , commémore le début de l'offensive victorieuse de 1918, C'est de cette butte qu'à débuté la deuxième bataille de la Marne le 15 juillet 1918.

Type de média :
Date de diffusion :
24 juillet 1968
Date d'événement :
15 juillet 1918

Éclairage

Le début de l'année 1918 est marqué par une série de grandes offensives des troupes allemandes, en Picardie (mars), en Flandre (avril) et en Champagne (mai). Les Allemands arrivent à proximité de Paris. Le haut commandement allemand semble assuré de sa proche victoire et prépare une double offensive, dénommée Friedensturm, "assaut pour la paix", prévue dans la région de Reims contre le front français et en Flandre pour accabler l'armée britannique.

La première offensive planifiée est déclenchée le 15 juillet en Champagne. L'armée allemande manquant d'effectifs, l'offensive à l'est de Reims échoue, se brisant sur la seconde position française, mais, plus à l'ouest, les troupes allemandes de la VIIe armée franchissent la Marne en plusieurs points dans la région de Dormans et menacent Epernay, créant au sud de la rivière une tête de pont de 15 kilomètres sur 6. Si Pétain, timoré, veut annuler la contre-offensive qui se prépare, Foch annule son ordre et, le 18 juillet, la contre-offensive française est lancée. A l'aube, les Xe et VIe armées françaises passent à l'offensive : "A 4 h 35, sur le front compris entre la vallée de la Marne et le plateau de Nouvron, l'artillerie très renforcée des deux armées entrait soudainement en action, tandis que l'infanterie sortant de ses tranchées, sans aucune préparation, se portait en avant, précédée par ses chars de combat et survolée par une aviation nombreuse" (1).

Cette contre-offensive victorieuse marque le tournant de la guerre à l'Ouest. C'est pourquoi, cinquante ans après, le général de Gaulle, accompagné du ministre des Armées Pierre Messmer, vient la célébrer à la Butte Chalmont, à Oulchy-le-Château (Aisne), d'où sont partis des milliers de soldats pour conquérir la plaine environnante et mettre en fuite les ennemis allemands. La Butte Chalmont est le principal lieu de mémoire de la deuxième bataille de la Marne, dominé par le monument Les Fantômes, du sculpteur Paul Landowski, inauguré en 1935. Huit hommes sont figés au-dessus de l'immense plaine de la Marne. Comme le note Annette Becker, "Landowski décrit des hommes épuisés à la fin de la guerre. Encore debout, ils portent en eux le poids de leurs camarades disparus" (2). Le reportage montre également l'autre statue de Landowski, La France, en avant du groupe des Fantômes, avec le bouclier aux trois déesses : Liberté, Égalité et Fraternité.

On perçoit combien, dans le discours gaulliste, les alliés ne peuvent avoir qu'une place seconde dans la victoire, thème déjà présent dans le célèbre discours de l'Hôtel de Ville d'août 1944. Dans ce discours de juillet 1968, l'un des derniers qu'il prononça publiquement, de Gaulle rappelle que "l'Armée française, aidée par les forces de ses alliés, brisa les envahisseurs et les chassa de notre territoire". Lors de la deuxième bataille de la Marne, 14 divisions alliées ont tout de même renforcé les armées françaises engagées : 8 américaines, 4 britanniques et 2 italiennes.

Les quelques extraits du discours de Charles de Gaulle mettent également en avant son goût pour les grands héros de l'histoire : " L'audace calculée de Mangin a, dans l'exécution, parfaitement bien servi la hardie conception de Foch". Mangin commande alors la Xe Armée et, appuyé sur 350 chars, progresse de 3 à 8 kilomètres sur son secteur du front au cours de la première journée. Quant à Foch, il apparaît comme le vainqueur de cette deuxième bataille de la Marne et, le 6 août 1918, est honoré de la distinction de maréchal de France. Le bâton de maréchal lui est remis le 23 août suivant par le président Poincaré au château de Bombon (Seine-et-Marne). Quelques images de cette cérémonie figurent au début du reportage, correspondant bien à la description que Poincaré en fait dans ses mémoires : "Sur une vaste pelouse sont rangés les officiers d'état-major et un détachement de soldats de choix, décorés et médaillés. Je passe sur le front, puis je viens me placer devant le drapeau, Foch devant moi, Clemenceau à ma droite. Très ému, je prononce une allocution où j'essaie de mettre en lumière les enseignements donnés par Foch et les succès remportés par lui" (3).

(1) Maréchal Foch, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre 1914-1918, Plon, 1931, p. 153.

(2) Annette Becker, Les monuments aux morts, Mémoires de la Grande Guerre, Editions Errance, p. 23.

(3) Raymond Poincaré, Au service de la France, t. X, Victoire et armistice, 1918, Plon, 1933, p. 318

Philippe Nivet

Transcription

(Bruit)
Journaliste
La guerre, celle qui, déjà, méritait le nom de Grande guerre, allait avoir 4 ans. C’était en juillet 1918. Foch, depuis avril, commandant en chef des alliés, enclenchait la grande opération qui devait lui valoir le bâton de maréchal et la victoire. 50 ans plus tard, sur les lieux même d’où partit l’offensive qui devait sans doute faire gagner un an de guerre, le général De Gaulle a commémoré cette deuxième bataille de la Marne.
(Musique)
Charles Gaulle (de)
C’est à partir d’ici et à dater du 18 juillet 1918 qu’en l’espace de 16 semaines, l’armée française aidée par les forces de ses alliés brisât les envahisseurs.
(Bruit)
Journaliste
L’attaque de la 10ème armée s’était déclenchée à 4 heures 45.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Ici, on peut dire que l’audace calculée de Mangin a, dans l’exécution, parfaitement bien servi la hardie conception de Foch.
(Bruit)
(Musique)