L'Oise en crue
Notice
Reportage à Origny-Sainte-Benoite, où l' Oise est sortie de son lit et a inondé la vallée. Les habitants sont coutumiers des crues, parfois très importantes comme en 1993 ou en 2003. Les berges de l'Oise sont pourtant régulièrement nettoyées et un système de clapet permet à l'eau de s'écouler plus rapidement en cas de crue. Mais, admet Michel Planque, maire du village, ce n'est pas suffisant au regard des volumes d'eau arrivant des Ardennes. La solution, ce sera peut-être le futur barrage de Poisy créé par les départements de l'Aisne et de l'Oise.
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Éclairage
L'Oise, qui prend sa source dans les Ardennes belges et se jette dans la Seine à Conflans-Sainte-Honorine (Val d'Oise), a un régime pluvio-évaporal océanique relativement régulier, avec des fluctuations saisonnières modérées, essentiellement liées aux précipitations. Ses hautes eaux sont en hiver (de janvier à mars), car les nappes souterraines sont pleines, les sols sont saturés en eau et l'évaporation est minimale. Ses basses eaux sont observées de juillet à octobre, lorsque le niveau des nappes est au plus bas et l'évaporation est élevée. Cette régularité s'accompagne, cependant, de la genèse assez fréquente de crues, montées exceptionnelles (par leur ampleur) et aléatoires des eaux générant un débit supérieur à celui des hautes eaux saisonnières et pouvant provoquer une inondation, lente ou rapide, des terrains situés de part et d'autres du lit habituel d'écoulement (lit mineur).
Les crues de l'Oise, qui se produisent surtout en hiver et au début du printemps, sont souvent dues à des précipitations importantes (étendues et/ou durables et/ou successives). Certaines crues résultent de la conjonction entre des pluies hivernales et un redoux déclenchant la fonte des neiges. Les apports d'eau abondants venant de l'amont du bassin versant (notamment de la Thiérache) peuvent provoquer un débordement de l'Oise en aval. D'autres inondations résultent d'une saturation des nappes souterraines, qui se traduit par une montée de l'eau dans le sol.
Les crues et inondations menacent des enjeux nombreux et variés dans la vallée de l'Oise. Le bassin versant comptait 2,15 millions d'habitants en 2011, dont la moitié résidait dans des zones urbaines. Les secteurs urbanisés se situent essentiellement à l'aval (agglomération parisienne) et dans la moyenne vallée de l'Oise (entre Compiègne et Persan) où, en 2011, plus de 90 000 personnes résidaient en zone potentiellement inondable (1). De plus, les activités économiques, notamment industrielles, se concentrent dans cette vallée, près des agglomérations importantes. A ces enjeux socio-économiques exposés aux crues de l'Oise s'ajoutent des enjeux patrimoniaux et environnementaux.
La commune d'Origny-Sainte-Benoîte, située dans la partie amont de l'Oise, est également exposée aux crues et inondations. Les crues historiques les plus marquantes sont celles de février-mars 1874 (causée par le dégel), de janvier-mars 1910 (succession de perturbations océaniques), de décembre 1993-janvier 1994 (crue la plus importante du XXe siècle, causée surtout par des pluies durables), de janvier-février 1995 (succession de quatre épisodes pluvieux abondants), de mars-avril 2001 (remontée de nappe causée par six mois de précipitations intenses) et de janvier 2011 (fonte du manteau neigeux sur un sol gelé, causée par des pluies très intenses). Cette commune présente de nombreux enjeux vulnérables situés en zone inondable, dont notamment des habitations et une sucrerie-distillerie.
Pour réduire le risque d'inondation, des dispositifs de protection ont été mis en place, tels que des digues. Par ailleurs, "l'Entente interdépartementale pour la protection contre les inondations de l'Oise, de l'Aisne, de l'Aire" (2) a créé en 2008 un site d'écrêtement des fortes crues de l'Oise à Proisy (en amont d'Origny-Sainte-Benoite). Cet ouvrage en terre, équipé d'un clapet automatisé et d'un évacuateur de crue de sécurité, vise à atténuer le pic de crue en aval. Ces dispositifs de protection sont accompagnés d'outils de prévention (plan de prévention des risques d'inondation, opposable à toute personne publique ou privée sans préjudice d'autres réglementations applicables, réduction de la vulnérabilité du bâti, éducation aux risques, information de la population...) et de prévision (dispositifs d'alerte, notamment).
(1) Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. L'évaluation préliminaire des risques d'inondation , 2011 Bassin Seine-Normandie, p. 268-307 (www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/evaluation-preliminaire-des-a1074.html)