Un village de vacances dans le Gers

Lagraulet-du-Gers (L’Agraulet de Gers en gascon) est un petit village du Gers, en région Occitanie, qui s’inscrit dans la tradition du castelnau. À l’origine un bourg castral, un castelnau est une ville ou un village fondé en Gascogne et dans le Languedoc à partir du XIIe siècle, à proximité d’un château, et dont les habitants sont placés sous la protection d’un seigneur.

Comptant en 2019 près de 650 habitants, la commune, traversée par le chemin historique de Saint-Jacques-de-Compostelle, a su préserver ses attributs de castelnau : les vestiges du château et de la tour carrée du Moyen Âge, comme les douves et le chemin de ronde. La population a augmenté de 60 % en dix ans, grâce à une stratégie innovante combinant urbanisme durable, services à la population et accueil de porteurs de projet.

Lagraulet-du-Gers est aujourd’hui classé « Territoire bio engagé », avec plus de 40 % de la surface cultivée classée en agriculture biologique, une cantine 100 % bio approvisionnée par une régie communale en fruits et légumes, proposant également un service de drive fermier aux habitants du territoire. Il s’agit d’un cas unique en France pour une si petite commune.

En 1967, la mairie de Lagraulet-du-Gers finance, avec le concours d’aides financières du ministère de l’Agriculture, la création d’un village de vacances unique dans le département. Réparti sur dix-sept hectares de pinède au sein d’un environnement naturel de qualité, constitué de soixante-quatre bungalows, d’une piscine, d’un plan d’eau et d’un restaurant, le centre est géré par l’association Azureva. Ses villages vacances sont situés dans les plus belles régions de France, en bord de mer Méditerranée, le long de la côte atlantique, à la montagne et à la campagne.

L’association, fondée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, vise essentiellement les vacanciers en quête de partage, d’authenticité, de découverte du patrimoine local et de convivialité. Elle représente un acteur historique du secteur du tourisme social, en permettant aux salariés les moins bien rémunérés la possibilité d’un séjour de deux semaines pour chaque famille avec la promesse de ne pas dépenser plus qu’à la maison.

En 1972, le village de vacances est vendu au comité d’entreprise de La Poste qui assure son exploitation. Il ferme définitivement en 2004, cessant toute activité pour ses onze salariés permanents.

Situé à trois kilomètres du centre historique du village, le site qui a longtemps constitué un second village comme indiqué par le maire-fondateur de l’époque, est aujourd’hui une friche vandalisée et parfois squattée, à proximité d’un récent lotissement communal. Il n’offre plus aucune rentabilité pour la commune mais un risque de voir un investisseur extérieur portant un projet ne correspondant pas à l’ambition économique, sociale et environnementale affichée aujourd’hui.

Fin novembre 2019, le maire décide donc de vendre le site à l’Établissement public foncier d'Occitanie pour une durée de huit ans, permettant ainsi à la commune de mettre en place un projet maîtrisé, sans supporter les contraintes liées à l’acquisition. La municipalité est ainsi fortement accompagnée par ses partenaires publics pour travailler à la réhabilitation et à la requalification de ce site majeur de la mémoire collective locale et gersoise.

Hébergements touristiques pour un public familial et un tourisme nature dans l’esprit du lieu et de son histoire, hébergements pour les travailleurs saisonniers agricoles, rénovation des équipements collectifs présents sur le site, centre pédagogique d’éducation à l’environnement et au développement durable, les premières idées dessinent les contours d’un projet structurant en cours de co-construction qui marquera l’avenir de Lagraulet-du-Gers et de son territoire. L’enjeu pour le maire est, certainement comme dans les années soixante, de concilier développement économique, besoins du territoire et attentes des habitants.