Le maquis de Meilhan
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Résumé
Hommage aux 75 maquisards tués par l’armée allemande le 7 juillet 1944 dans le maquis de Meilhan. Plusieurs descendants ou membres de l’Amicale du maquis témoignent et racontent comment s’est déroulé le massacre.
Date de diffusion :
07 sept. 2018
Date d'évènement :
07 juil. 1944
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Contexte historique
ParCo-président de l’Amicale des amis du Maquis de Meilhan
Le 9 juin 1944, le docteur Raynaud, responsable des maquis Armée secrète de la région de Lombez, regroupe à Simorre 30 volontaires pour constituer une unité de combat. Ces hommes arrivent ensemble de L’Isle-en-Dodon mais appartiennent à deux maquis différents : le maquis de L’Isle-en-Dodon, avec 18 volontaires dirigés par Élie Escalas ; et celui d’Arrouède, composé de 12 hommes commandés par Félix Péri.
Les 30 volontaires quittent Simorre pour Betcave-Aguin où ils passent la nuit. Le lendemain, ils poursuivent leur route vers Tachoires où ils se fixent au lieu-dit « Le Plan ». De nouveaux volontaires les rejoignent. Le commandant Marcellin rallie le groupe pour encadrer ces jeunes sans expérience militaire. Le maquis compte rapidement 60 hommes.
Le 20 juin, Raynaud décide de quitter Tachoires car la position n’est plus sûre. Après un passage par Saint-Élix, Moncassin et Saint-Arroman, les maquisards arrivent le 24 juin à Villefranche-d’Astarac et s’installent dans deux fermes inhabitées : le Priou et le Laré. L’effectif grossit rapidement. La présence du maquis est rapidement connue des Allemands car de nombreuses imprudences sont commises, dues au manque d’expérience.
Le 6 juillet, prévenu du danger, Raynaud prend la décision de partir pour la forêt de Salerm, en Haute-Garonne. Le départ est fixé au matin du 7 juillet mais, durant la nuit précédente, une centaine de soldats allemands appartenant à une unité de sécurité quitte Lannemezan où elle stationnait, pour attaquer le maquis Raynaud.
Au niveau de Castelnau-Magnoac, les véhicules civils réquisitionnés se séparent et empruntent deux itinéraires différents : la vallée du Gers et la vallée de la Gimone. Le premier groupe prend la direction de Meilhan et stationnent avant le village. Les soldats continuent leur progression à pied avec pour objectif la ferme du Laré. Les véhicules qui ont pris la vallée de la Gimone arrivent à Gaujan où un habitant part prévenir Raynaud.
Au Priou, les hommes sont en alerte. Des silhouettes suspectes sont repérées. Un maquisard ouvre le feu. La réplique est immédiate : un mortier de 81 tire sur la ferme. Un obus tombe sur le camion chargé de munitions en vue du départ. L’explosion violente tue et blesse de nombreux maquisards. La ferme prend feu. La position est intenable. Les rescapés tentent de gagner les bois pour échapper aux tirs ennemis mais sont abattus.
Au Laré, surpris, les jeunes sont vite débordés. Ceux qui sont capturés sont abattus. Le feu est mis à la ferme. Lorsque toute résistance cesse, les Allemands ratissent le terrain et achèvent tous les blessés. Trois maquisards sont fait prisonniers. Quatre agriculteurs sont pris en otage et fusillés dans la cour du Priou. Les Allemands se regroupent à Meilhan et repartent avec les trois prisonniers. À Lannemezan, après un simulacre de jugement, les trois hommes sont abattus. 76 victimes sont à déplorer ce 7 juillet 1944.
En juillet 1944, le retentissement du massacre est énorme et la volonté d’honorer la mémoire des combattants immédiate. En 1945, le Département se porte acquéreur de la ferme du Priou et de la ferme du Larée pour sanctuariser le lieu. Un comité d’études pour l’érection du monument aux morts de Meilhan est créé dès 1946 par le docteur Angelé, lui-même résistant. Ce comité est également chargé de statuer sur le devenir des ruines : bâtiments, voitures calcinés par l’incendie. La décision est prise de les conserver le plus longtemps possible et donc de prévoir des travaux pour assurer leur conservation.
Dix-neuf projets de monument commémoratif sont retenus. Le 23 mars 1947, un jury de 13 membres délibère et choisit finalement le projet des sculpteurs Guinard et Buisseret et des architectes du cabinet Hébrard-Lefevre-Letu et Bienvenu qui sera inauguré le 21 août 1949. Après l’achèvement des travaux, le comité pour l’érection du monument disparaît et laisse la gestion du site au Département du Gers.
L’Amicale du maquis de Meilhan et Bataillon Raynaud veille désormais à la promotion de la mémoire des maquisards aussi bien qu’à l’amélioration du site. Depuis juin 2024, une nouvelle signalétique permet aux visiteurs de plus en plus nombreux de visiter en autonomie le site et de mieux comprendre l’importance du drame qui s’est déroulé en ces lieux.
Bibliographie
- Arch. dép. du Gers, 42 J, fonds privé Guy Labédan.
- Guy Labédan, Lieux de mémoire de la Deuxième Guerre mondiale, Auch, Chambre d’agriculture, 1992, 69 p. (coll. « Gascogne insolite »).
- Guy Labéden, « Les maquis du Gers pendant la Deuxième Guerre mondiale », Bulletin de la Société archéologique du Gers, 1995, p. 238-246.
- Guy Labédan, « Joseph Raynaud », Dictionnaire biographique de l’Antiquité à nos jours, Auch, imprimerie Bouquet, 2007, 386 p.
- Françoise Chevigné, La tragédie de Meilhan, Toulouse, Impr. Moderne, 1947, 127 p.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Corinne Lebrave
Et ce vendredi marque le retour de la rubrique "Un lieu, une histoire".Aujourd'hui, le maquis de Meilhan dans le Gers, une page dramatique de l'histoire de la résistance dans notre région.75 maquisards ont été massacrés en quelques heures en 1944 par l'armée allemande.Un morceau d'histoire contée par Michel Pech et Luc Truffert.
Michel Pech
Meilhan, à la frontière du Gers et de la Haute-Garonne, nous sommes le 7 juillet 1944.Les Alliés ont débarqué depuis un mois en Normandie.Dans cette ferme, la ferme du Priou, dorment paisiblement une centaine de maquisards, les hommes du Dr Reynaud, 5h du matin, tout est calme.
(Bruit)
Michel Pech
Et puis brutalement, c'est l'enfer.Des explosions, des tirs de mitrailleuses.Les jeunes gens hébétés sortent de la ferme.Un obus de mortiers tombe sur le camion de munitions qui explose au milieu de la cour.De nombreux corps sont déchiquetés.Le massacre commence.La ferme est encerclée.Les Allemands sont partout.
(Silence)
Max Balas
Les maquisards s'échappent dans la partie basse ici, qui était beaucoup plus boisée que ça finalement.Ils ont essayé de s'échapper dans les bois, regagner la partie, la vallée, pour sortir de l'encerclement des Allemands, qui eux avaient pris position sur tous les bois périphériques.
Michel Pech
Et donc quand ils arrivent, ils tombent dans un guet-apens ?
Max Balas
Ils tombent absolument dans un guet-apens.
Michel Pech
68 maquisards sont abattus sur place.Quatre autres prisonniers seront torturés et fusillés le soir même.Et dans les fermes environnantes, quatre agriculteurs, pris en otage par les Allemands, seront exécutés.En tout, 76 victimes.Une vingtaine seulement réussira à s'échapper.Michèle, ce jour-là, a perdu quatre oncles.
Michèle Tarraube-Savere
Bon alors là vous avez deux de mes oncles, les frères de maman, Paul qui avait 28 ans, Marcel qui avait 24 ans, et là il y a mes deux autres oncles, les deux frères à papa, 16 ans et 17 ans, Franck et Maurice.J'y pense tous les jours, d'abord parce qu'il y a des photos, il y avait toujours la photo chez mes parents, et d'autant plus que ma grand-mère et maman nous en parlaient tous les jours, tous les jours.Du côté de papa, on en parlait moins, mais du côté de maman, tous les jours.Donc on a ce poids sur les épaules, moi, depuis que je suis née.
Michel Pech
Côté allemand, un soldat mort et cinq blessés.Ce chiffre est aujourd'hui confirmé par le journal de marche du 116e bataillon de grenadiers de la Wehrmacht.76 morts d'un côté, un seul de l'autre.Alors pourquoi un tel déséquilibre ?
Jean-Claude Pasqualini
Ce maquis donc n'a pas préparé, n'est pas préparé à une attaque, n'en a subi aucun entraînement, est mal armé d'ailleurs, parce que tous les maquisards ne sont pas armés non plus.Donc l'explication vient qu'effectivement, c'est le pot de fer contre le pot de terre.Donc les Allemands ont une expérience, savent très bien où se trouvent les troupes et vont effectivement les massacrer très rapidement.
Michel Pech
Tous les ans, le site est honoré pour ne pas oublier.Parce que les oublier, c'est les tuer une seconde fois.
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