À Auch, un accueil scolaire pour les enfants d’immigrés
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Résumé
Ce reportage est consacré à l'ouverture d'une classe d’école primaire consacrée à l'apprentissage du français, et destinée aux enfants d'immigrés portugais et nord-africains. Plusieurs représentants de l’académie et de l’école évoquent la création de cette classe. L’institutrice souligne l’engagement des enfants et des parents. Le journaliste interroge, avec une certaine sévérité, plusieurs élèves.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
15 nov. 1971
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Contexte historique
ParMaîtresse de conférences en histoire contemporaine
Publication : 14 sept. 2021
Ce reportage de 1971 donne un aperçu d’un des effets induits par les flux massifs d’immigration de travail qui se sont accomplis durant la période des Trente Glorieuses.
Dans le Gers, les Portugais ne sont que 200 en 1946 (0,8 % des étrangers présents) et 194 en 1962 (1,4 %) ; ils atteignent 1 475 en 1975 (15,6 %). Ces nouvelles populations immigrées, essentiellement méditerranéennes, comprennent de nombreuses familles. Les parents portugais ou maghrébins viennent en majorité du monde rural et n’ont été, pour nombre d’entre eux, que peu ou pas scolarisés. En France, leurs enfants le sont à travers l’Éducation nationale, dans certains dispositifs adaptés comme cette classe d’apprentissage du français ouverte à Auch sur l’impulsion de l’inspecteur d’académie. Y sont accueillis à la fois des primo-arrivants, présents depuis peu dans l’Hexagone, et des élèves en échec scolaire.
Les entretiens montrent ici une école qui se veut vecteur d’intégration, à l’image de l’institutrice, fière de ne pas faire de différence entre les enfants d’où qu’ils viennent, et de constater l’aptitude des petits étrangers à apprendre la langue.
À cette époque, la question des droits des immigrés – conditions de travail, droits sociaux, mais aussi revendications d’alphabétisation et d’éducation – est d’ailleurs portée par toute une mouvance d’organisations, telles la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) ou, spécifiquement, la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI). Il y existe aussi une dynamique communautaire dans les principales villes d’implantation, à l’image du Club des Portugais créé à Toulouse dès 1965.
C’est cette génération d’enfants et les suivants, nés eux-mêmes en France, qui, devenus adolescents puis jeunes adultes, sera qualifié de « seconde génération » au tournant des années 1970-1980. Si l’expression s’adresse surtout aux jeunes d’origine maghrébine, elle concerne aussi les luso-descendants, dans un contexte de discours publics inquiets voire hostiles à l’égard de l’immigration et de ses conséquences sur la société française. Ces positions se concrétisent en 1983 avec la Marche pour l’égalité et contre le racisme – dite « marche des beurs ». Ce nom souligne l’invisibilité des jeunes d’origine portugaise qui, pourtant, y participent, notamment l’année suivante lors de l’initiative « Convergence 84 », où un trajet portugais partira de Toulouse.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Bande magnétique
Qu’est-ce qu’il y a dans ce magasin ?
Ecolier 1
Qu’est-ce qu’il y a dans ce magasin ?
Bande magnétique
Il y a une grande poupée et une belle voiture
Ecolière 2
Il y a une grande poupée et une belle voiture.
(Bruit)
Bande magnétique
Les voitures attendent.
Ecolier 1
Les voitures attendent.
Bande magnétique
Bien sûr, le feu est rouge.Il ne faut pas traverser.
Ecolière 3
Il ne faut pas traverser.
Ecolier 1
Viens !
Jean Double
Cette classe qui a ouvert au mois d’octobre 1970l’a été, sur l’impulsion d’une part de monsieur Couturier, inspecteur d’académie,et elle l’a été parce que, je pense qu’elle correspondait effectivement à un besoin.Ces jeunes portugais et nord-africains se trouvaient dans un périmètre très proche de cette école, la clientèle était donc là.Et surtout, nous avons bénéficié de cette chance d’avoir des locaux disponibles,qui permettaient donc d’accueillir ces élèves dans des conditions, comme vous pouvez le remarquer, fort satisfaisantes.Nous avons voulu leur apprendre, si vous voulez, avant tout, la langue française car,en plus des difficultés traditionnelles auxquelles se heurtent les élèves,il y avait évidemment ce barrage de la langue.
Institutrice
Regarde Brigitte qu’est-ce que c’est ?C’est une cabane ou une maison ?Je ne t’entends pas.
Ecolière 3
C’est une maison.
Institutrice
C’est une maison ?Et elle n’a pas de cheminée ?Ah ! Tu l'as oubliée, dessine la cheminée.Oui, il faut évidemment aider un petit peu ces enfants à tout point de vue.En français, j’ai eu quand même pas mal de satisfactions.Avec des petits, c’est encore plus facile qu’avec les grands.Parce que souvent ce sont eux qui arrivaient de leur pays natal, je pense à certains petits portugais par exemple.Ils ont appris à parler assez rapidement et ils ont perdu presque tout de suite leur accent.
(Bruit)
Intervenant 2
Nous avons été heureux d’accueillir dans cette classe une quinzaine d’étrangers.Je parlerai tout de suite des effectifs, c’est important.Nous avons deux groupes, nous pouvons les diviser en deux groupes,six enfants qui sont vraiment, qui arrivaient directement du Portugal et de l’Afrique du Nordet un autre groupe qui était formé par des enfants qui avaient déjà eu une scolarisation, mais qui, évidemment, avaient connu l’échec.Et ces deux groupes travaillent de concert dans la même classe pour évidemment,faire prendre contact d’une façon efficace et efficiente avec la langue française.
Intervenant 3
Lorsque l’inspecteur de l’académie m’a parlé de la création de cette classe spéciale à placer sous la direction de Monsieur Vilanova,immédiatement j’ai été séduit par cette idée.
Institutrice
Les enfants sont des enfants, qu’ils soient portugais, nord-africain ou français, c’est exactement la même chose.Au point de vue sentiment, on est aussi à l’aise dans une classe d’étrangers.
Jean Double
Enfin, quels sont vos rapports avec les parents de ces enfants ?
Institutrice
J’ai vu quelques parents, je n’en ai pas vu beaucoup.Ceux que j’ai vus ont eu l’air d’être assez contents.Ils avaient le sentiment que dans les autres classes,on ne pouvait pas s’occuper spécialement d’eux,et ils étaient très heureux que l’on s’occupe spécialement d’eux.Et d’ailleurs, je pourrais dire aussi que les enfants ont eu cette bonne impression au début de cette classe.Ils ont, dès les premiers jours, compris qu’enfinon allait les aider efficacement et ils ont fait des progrès très rapide.Ils ont été très encouragés justement par le fait seulement que l’on s’occupait spécialement d’eux.
Jean Double
Dis-moi comment tu t’appelles mon petit ?Tu n’as pas peur de moi ?Elle est un peu timide.
Ecolière 4
Je m’appelle [inaudible]
Jean Double
Comment ?
Ecolière 4
Je m’appelle [inaudible]
Jean Double
Et tu es ici... il faut pas rire...
Tu es ici... il faut pas rire, c'est une chose sérieuse.
Et tu es ici à Auch depuis longtemps ?
Ecolière 4
Non
Jean Double
Non
Et qu’est-ce que tu as appris jusqu’à présent, dis-moi un peu ça, comment ça se passe tout ça ?
Institutrice
Ne te cache pas.
Interviewer
Mais non !Mais non !
Institutrice
Qu’est-ce que tu fais en classe ?
Jean Double
Tu me dis gentiment ce que tu fais en classe.
Ecolière 4
Je travaille.
Jean Double
Bon, alors dis-moi !Chut !Voulez-vous être sage !Dis-moi, tu apprends quoi ici, hein ?
Ecolière 4
J'apprends en français.
Jean Double
Voilà, est-ce que c’est difficile ?
Ecolière 4
Non.
Jean Double
Est-ce que ta maîtresse est une bonne maîtresse ?
Ecolière 4
Oui.
Jean Double
Bon !Et toi ?Ouuuh que toi, tu es adorable, tu es...oh que tu es mignonne tout plein?Et qu’est-ce que tu apprends ?Dis moi tu t'appelles comment toi ?
Ecolière 4
Marie-Fernande [inaudible]
Jean Double
Diable !Et tu es mignonne tout plein, tu le sais ?Et qu’est-ce que tu apprends ?
Ecolière 4
J’apprends le français.
Jean Double
Et tu le parles bien ?
Ecolière 4
Oui
Institutrice
Marie-Fernande,tu voulais demander quelque chose au monsieur ?
Jean Double
Ooh !Mais tu es une cach...
Institutrice
Qu’est-ce que tu voulais lui demander ?Pose-lui ta question.
Ecolière 4
Ah je sais !Est-ce que vous allez à l’école ?
Jean Double
Moi, et bien, je vais te dire quelque chose qui va te surprendre.Je vais à l’école, je continue d’y aller.Et même, vois-tu ?À une rude école.
Ecolière 4
Une rude ?
Jean Double
Une rude.
Ecolière 4
Une rune.
Jean Double
Une rude.
Ecolière 4
Une rude !
Jean Double
Il faudra leur dire ce que ça veut dire.
Ecolière 4
Une rue, pour passer les voitures.
Jean Double
Ah non, ce n’est pas une rue mon poulet.C'est rude, ça veut dire difficile.
Ecolière 4
Ah !
(Bruit)
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