L'arrivée de la CSG modifie toutes les cotisations

01 février 1991
01m 55s
Réf. 00045

Notice

Résumé :

Vingt-cinq ans après sa création, la CSG est maintenant saluée comme étant le meilleur mode de financement de la Sécurité sociale. Elle est universelle et concerne tous les revenus. Mais lors de sa création, elle donna lieu un jeu de chaises musicales entre toutes les cotisations qui l'ont malheureusement rendue incompréhensible, et qui reste l'une des plus belles illustrations de la dérive technocratique.

Date de diffusion :
01 février 1991
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
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Éclairage

La mise en œuvre de la CSG (dont le mécanisme est décrit dans le document La création de la CSG) n'a pas été chose facile, et l'on assiste à un mécanisme de tuyauterie sophistiqué dont seule l'administration française a le secret.

La CSG étant prélevée sur tous les revenus de tous les assurés, elle est universelle. Elle ne peut donc être affectée qu'à un régime de protection sociale universel. Du fait de l'attachement des Français à leur particularisme (exemple : les divers régimes spéciaux), il n'existe qu'un seul Régime universel : celui de la branche Famille, la Cnaf. Mais donner de la CSG à la Cnaf - qui est la seule branche excédentaire du Régime général - face aux déficits de la Cnam et de la Cnav, manque à l'évidence de logique. Il est donc décidé de baisser à due concurrence la cotisation famille. Mais, problème, la cotisation famille est une cotisation employeur, alors que la CSG payée par les ménages s'apparente à une cotisation part salariale. Il est donc décidé qu'en contrepartie de la baisse de la cotisation famille employeur, on augmenterait la cotisation part patronale vieillesse. La création de la CSG se voulant être une opération blanche, on décide donc de baisser la cotisation vieillesse part salariale. Qui plus est la cotisation employeur famille étant déplafonnée, on est obligé de faire pour la première fois une cotisation vieillesse déplafonnée à la charge des employeurs. Or baisser la cotisation vieillesse des assurés au moment même où est publié le Livre Blanc Rocard qui annonce l'apocalypse des systèmes de retraite a un côté pédagogique contestable.

Dans ces conditions, on comprend que les entreprises et les éditeurs de logiciels de paye aient eu quelques difficultés à s'approprier cette nouvelle contribution.

L'assiette de la CSG étant plus large que l'assiette salariale, l'idée de transférer des points de cotisation vers des points de CSG permet de baisser les charges pesant sur le coût du travail. C'est ce que décide Alain Juppé dans son plan, en transférant 1,3 point de cotisation maladie sur un point de CSG le 1er janvier 1997. A l'été 1997, le gouvernement change de couleur politique, et Martine Aubry devient ministre en charge de la Sécurité sociale. Trouvant l'idée d'Alain Juppé excellente, elle décide de poursuivre le basculement des cotisations maladie part salariale vers la CSG.

Ceci est fait en totalité le 1er janvier 1998. A cette date, il ne reste plus en cotisation part salariale que 0,75 %, qui symboliquement représentent le financement des indemnités journalières. Ces dernières sont en effet directement fonction du salaire, et une cotisation sur salaire vient les financer.

Avec la CSG on ne s'est occupé que de la part salariale du financement. La part patronale maladie reste toujours assise sur les seuls salaires et non sur tous les éléments représentant la richesse des entreprises. Des rapports ont été remis sur ce sujet, mais ils sont restés lettre morte et les employeurs continuent de financer l'assurance maladie par des seuls prélèvements sur salaire, comme le faisait Bismarck, il y a 130 ans !

Jean-François Chadelat

Transcription

Présentateur
Une surprise pour vous, à la fin du mois de février, votre salaire sera réduit, vous verrez sur votre fiche de paie le premier prélèvement du nouvel impôt de la CSG. Mais reste un problème, les entreprises prévenues trop tard ont bien du mal à mettre au point les nouveaux bulletins de salaire, d’où une jolie pagaille, Agnès Molinier, Bernard Branque.
Inconnue
Vous voulez des explications complémentaires ?
Journaliste
Une question qui revient des centaines de fois par jour, comme ici à Paris. Les Urssaf, les organismes qui collectent vos cotisations, ont mis en place des services de renseignement téléphonique pour les chefs d’entreprises perdus dans les dédales de la contribution sociale généralisée.
Yves Debacq
Les notices explicatives n’ont pas encore été adressées. Nous sommes prêts à les envoyer dès que le texte va nous parvenir, probablement là, dans les deux ou trois jours qui viennent, à toutes les entreprises.
Journaliste
Ici, au centre d’étude et de gestion informatique, c’est le casse-tête. Cette société gère l’équipement de 4000 entreprises. Il lui faut, d’ici la fin du mois, corriger 200000 fiches de paie. Sur le principe, les choses sont simples, il y a deux lignes à rajouter.
Intervenante
Il y a deux, deux éléments qui ont été créés, le forfait mensuel, qui est un montant de 42 francs, d’accord, et la CSG qui est en fait un, on a un taux de cotisation de 1,1% sur 95% du salaire.
Journaliste
En fait, les choses sont plus compliquées car la CSG entraîne la modification d’autres cotisations existantes. Mais surtout, son application calculée sur des bases mensuelles pose problème pour les intérimaires.
Gérard Taieb
L’intérim est la profession qui, justement, en matière de paie, pose le plus de problèmes. Parce qu’elle, parce qu’elle a des règles qui sont propres, c’est-à-dire, des règles de précarité, des règles de congés, de congés payés qui sont spécifiques à l’intérim.
Journaliste
La CSG figurera donc sur vos fiches de paie de février. Cette année, ça ne devrait rien changer pour vous si vous gagnez moins de 18000 francs par mois ou si votre patron n’a pas compris, puisqu’il a le droit d’attendre mars pour l’appliquer.