Le Krump, nouvelle danse issue du hip- hop et des danses tribales africaines
Notice
Présentation d'une nouvelle danse, le krump, aux mouvements saccadés et au rythme effrénée, venue des ghettos de Los Angeles. C'est le groupe Diamontz, composée de jeunes filles qui nous en livre une démonstration. Deux de leurs danseuses évoquent le côté à la fois énergique et libérateur de cette chorégraphie. Le sociologue Antoine Garnier le remet dans un vecteur social.
Éclairage
Danseurs de Krump en leur puissant royaume
Il ne faut surtout pas les confondre avec des hip hoppers, bien que certaines figures ou des manières d'être les relient. Ce sont des krumpers. Ils construisent et solidifient leur royaume, le Krump, acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise que l'on pourrait traduire par «louanges puissantes au royaume radicalement soulevé», ce que le chorégraphe contemporain Heddy Maalem a heureusement raccourci pour un de ses spectacles avec des krumpers : Eloge du puissant royaume. Encore un mouvement né en 2 000 aux Etats-Unis, grâce au clown Tommy. Tight Eyez et Big Mijo, (25 et 27 ans) en sont des initiateurs. Ils ont grandi à South Central, l'un des quartiers les plus violents de Los Angeles. Ils appartiennent à une communauté qui a ses règles - dont le respect total de l'autre -, ses familles hiérarchisées, ses membres cooptés après des combats titanesques. Non seulement le «maître» ou «père» choisit ses «enfants», mais l'ensemble d'une famille doit être convaincu par la danse d'un postulant. Grichka, alias Monsta NY Madness, du collectif parisien Madrootz, est de la famille de Tight Eyez alias NY Madness, auprès duquel il se forma pendant quatre ans. Il a lui-même constitué sa propre descendance, notamment avec Sista Grichka, alias Needlez. Ces arborescences qui constituent la communauté permettent de distinguer les styles et d'écrire l'histoire du mouvement.
Les jeunes femmes filmées dans ce reportage par RFO du groupe Diamontz racontent bien les bases de cette discipline à l'aspect violent et guerrier. Ce sont leurs avatars qui dansent, leurs personnages imaginaires. «C'est une expression, dit Nella Nella, l'une d'entre elles, un message, comme si on se délivrait du mal ». On pourrait y voir quelque chose de similaire avec la transe mais leurs personnages viennent plutôt des films d'horreur. Comme en témoignent des jeunes qui ont travaillé avec Heddy Maalem. Wladimir Jean dit qu'il est tout à la fois «un gangster , un demi-monstre et un tordu qui met une balle dans la télé». Anthony Jean est «un tigre et un corbeau qui annonce le malheur». Emilie est «la continuité du fleuve de mes ancêtres». Anthony-Claude n'a pas de chance, son personnage est un jumeau, ce qui complique la donne : «Je suis un personnage complexe. Il est à la fois un justicier, mais un justicier qui peut punir en faisant du mal. C'est vraiment trash , gore». Rize, le documentaire de David LaChapelle (2005) est en la matière (krumping et clowning) une référence.