Tango forever
Notice
Reportage. A Buenos Aires, rencontre avec des jeunes qui pratiquent le Tango. Portrait de Pablo Inza danseur qui organise de nombreuses soirées et donne des cours de Tango. Chaque soir, les milongas accueillent des danseurs. Rencontre avec Christy, étudiante américaine qui est venue en Argentine pour être à la source de cette danse. Commentaire sur images factuelles entrecoupés des interviews de Pablo Inza et Mariana, danseurs et professeurs de tango.
Éclairage
Dans les années 1970, le Tango argentin traversait, en tant que musique et surtout que danse, une phase difficile : les jeunes se détournaient de cette culture, lui préférant la vitalité du Rock'n Roll ou les plaisirs solitaires du Disco. Bref, le Tango était devenu synonyme de ringardise, y compris à Buenos Aires, où les quelques danseurs qui s'efforçaient encore de défendre la noblesse de cet art, comme Copes, Dinzel, Virulazzo ou Arquimbau, faisaient alors un peu figure d'oiseaux rares.
Les choses ont ensuite commencé à bouger dans les années 1980, avec l'apparition d'un engouement mondial initialement enclenché par les tournées internationales du spectacle Tango Argentino. Dans les années 1990, un nombre croissant d'aficionados commencèrent à fréquenter les milongas et les cours de danse du monde entier, ouvrant ainsi un marché de plus en plus significatif aux professionnels argentins du 2X4.
Dans un premier temps – disons pour faire (très) simple jusqu'à la fin du siècle dernier – une grande partie de cet enseignement fut assurée, en plus des danseurs de scène mentionnés plus haut, par la vieille génération des milongueros venus du bal populaire, comme Cacho Dante, el Tigre, Pepito Avellaneda ou Tete. Mais, le temps faisant son œuvre, ces danseurs disparurent progressivement au cours des années 2000.
Le flambeau fut heureusement repris par une nouvelle génération de jeunes danseurs argentins. Souvent munis d'une très sérieuse formation de danse académique ou folklorique, ceux-ci s'intéressèrent en grand nombre aux possibilités expressives du Tango, enrichissant du même coup son socle traditionnel par leur apport technique de haut niveau et leur inventivité chorégraphique. Et ce sont eux qui, aujourd'hui, assurent la transmission du 2X4 à travers le monde.
Le documentaire Forever Tango nous présente l'un d'entre eux, Pablo Aubia. En le suivant à travers ses cours et les milongas qu'il organise, nous partons sur les traces de ce « Nuevo tango » plein de jeunesse et d'inventivité qui règne à nouveau aujourd'hui sur les nuits de Buenos Aires, dans des bals (on dit ici des « milongas ») comme Cochabamba 444 ou la Viruta. A travers des entretiens bien menés et des scènes de danse réussies, nous percevons les ressorts de cette réappropriation du Tango par la nouvelle génération, et tout particulièrement le sentiment de plaisir et de plénitude qui résulte d'une bonne connexion dansante avec le ou la partenaire.
Nous découvrons aussi, à travers le personnage de la jeune danseuse américaine Christy, un autre phénomène : celui du « tourisme artistique » qui conduit des aficionadaos, jeunes et moins jeunes, à venir habiter Buenos Aires pour s'initier auprès de maîtres comme Pablo aux secrets et aux codes du 2X4 dansé.