Réformes économiques et sociales et participation
Notice
Le général de Gaulle, au cours d'une réunion privée des compagnons du Rassemblement à Nancy, insiste à nouveau sur la signification sociale que représente la participation.
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Éclairage
Le Rassemblement du Peuple Français, mouvement gaulliste fondé par de Gaulle en 1947, vient de connaître, en trois temps, d'importantes désillusions aux conséquences graves. Il n'a pas gagné les élections législatives du 17 juin 1951 et le nombre de ses députés (117) ne lui permet pas d'imposer le changement de régime et les réformes profondes espérés. Le parti, en plein déclin depuis deux ans, a perdu l'immense majorité de ses adhérents et connaît une situation financière difficile. Le 6 mars 1952, le gaullisme subit un nouveau coup dur quand 27 des députés RPF votent l'investiture d'Antoine Pinay à la présidence du Conseil, ce qui brise l'unité du mouvement dans son combat contre le régime. Enfin, le 18 mai, le renouvellement partiel du Conseil de la République se traduit par un net recul du RPF.
De Gaulle n'en poursuit pourtant pas moins ses voyages à travers le pays pour continuer à expliquer ses objectifs et tenter de convaincre le pays. Il insiste notamment, dans un climat international toujours tendu - guerre d'Indochine et guerre de Corée - sur la solution apportée par le gaullisme face au communisme ("plaie affreuse du séparatisme") : l'Association. L'affirmer à Nancy, capitale d'une grande région industrielle, la Lorraine, n'est pas innocent. De Gaulle sait le succès rencontré par cette idée dans l'Est ouvrier et il cherche à amplifier encore cette adhésion. Il s'agit pour lui de montrer que l'Association ne se limite pas à une catégorie de population mais concerne toute la société et qu'elle peut "changer du tout au tout l'atmosphère sociale de ce pays".
Une telle insistance, à un moment où le RPF est en déclin, traduit certes le souci d'enrayer cette chute mais aussi la place majeure occupée par l'objectif de "transformation sociale" dans les buts du gaullisme. De Gaulle y croit et ses discours en témoignent. Cependant, le volet social du gaullisme est loin d'être partagé par la majorité des "compagnons", certains le jugeant trop à gauche, d'autres trop idéaliste. Cela explique que dans le bilan du gaullisme, à la mort du général de Gaulle en 1970, cet objectif est celui qui a le moins abouti, y compris quand les gaullistes sont au pouvoir sous la Ve République.
Bibliographie :
Patrick Guiol, L'impasse sociale du gaullisme. Le RPF et l'Action ouvrière, Paris, Presses de la FNSP, 1985.