Réformes économiques et sociales et participation

20 mai 1952
02m 55s
Réf. 00324

Notice

Résumé :

Le général de Gaulle, au cours d'une réunion privée des compagnons du Rassemblement à Nancy, insiste à nouveau sur la signification sociale que représente la participation.

Type de média :
Date de diffusion :
20 mai 1952
Type de parole :

Éclairage

Le Rassemblement du Peuple Français, mouvement gaulliste fondé par de Gaulle en 1947, vient de connaître, en trois temps, d'importantes désillusions aux conséquences graves. Il n'a pas gagné les élections législatives du 17 juin 1951 et le nombre de ses députés (117) ne lui permet pas d'imposer le changement de régime et les réformes profondes espérés. Le parti, en plein déclin depuis deux ans, a perdu l'immense majorité de ses adhérents et connaît une situation financière difficile. Le 6 mars 1952, le gaullisme subit un nouveau coup dur quand 27 des députés RPF votent l'investiture d'Antoine Pinay à la présidence du Conseil, ce qui brise l'unité du mouvement dans son combat contre le régime. Enfin, le 18 mai, le renouvellement partiel du Conseil de la République se traduit par un net recul du RPF.

De Gaulle n'en poursuit pourtant pas moins ses voyages à travers le pays pour continuer à expliquer ses objectifs et tenter de convaincre le pays. Il insiste notamment, dans un climat international toujours tendu - guerre d'Indochine et guerre de Corée - sur la solution apportée par le gaullisme face au communisme ("plaie affreuse du séparatisme") : l'Association. L'affirmer à Nancy, capitale d'une grande région industrielle, la Lorraine, n'est pas innocent. De Gaulle sait le succès rencontré par cette idée dans l'Est ouvrier et il cherche à amplifier encore cette adhésion. Il s'agit pour lui de montrer que l'Association ne se limite pas à une catégorie de population mais concerne toute la société et qu'elle peut "changer du tout au tout l'atmosphère sociale de ce pays".

Une telle insistance, à un moment où le RPF est en déclin, traduit certes le souci d'enrayer cette chute mais aussi la place majeure occupée par l'objectif de "transformation sociale" dans les buts du gaullisme. De Gaulle y croit et ses discours en témoignent. Cependant, le volet social du gaullisme est loin d'être partagé par la majorité des "compagnons", certains le jugeant trop à gauche, d'autres trop idéaliste. Cela explique que dans le bilan du gaullisme, à la mort du général de Gaulle en 1970, cet objectif est celui qui a le moins abouti, y compris quand les gaullistes sont au pouvoir sous la Ve République.

Bibliographie :

Patrick Guiol, L'impasse sociale du gaullisme. Le RPF et l'Action ouvrière, Paris, Presses de la FNSP, 1985.

Bernard Lachaise

Transcription

Charles de Gaulle
Mes compagnons, notre premier devoir, c'est de guérir cette plaie affreuse du séparatisme, c'est de refaire l'unité nationale à partir de laquelle on refera, sans aucun doute, la puissance, la prospérité, le bonheur de la France, mais sans laquelle on ne fera rien.
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Alors, il y a des gens qui disent : " Face aux communistes, ce n'est pas difficile. Il n'y a qu'à leur opposer la police, les tribunaux ". Oui, naturellement, les pouvoirs publics, à condition qu'ils existent, ont le devoir d'opposer la force et la justice aux menées des agents étrangers. Mais ne nous figurons pas que cela suffirait à guérir le mal. C'est dans sa racine, c'est dans sa source qu'il faut guérir ce mal-là. C'est le régime économique et social sous lequel nous vivons que nous devons réformer de fond en comble de manière à ce qu'à la fin, chaque Français ait, en France, sa place, sa part et sa dignité. Vous savez...
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Vous savez que pour réaliser ce résultat essentiel, nous avons, nous, notre solution. Nous l'appelons l'association. Nous voulons faire en sorte que cesse, entre ceux qui travaillent ensemble, dans les mêmes entreprises, que cesse l'opposition, la guerre de leurs intérêts. Nous voulons, au contraire, que ces hommes-là, quel que soit leur rôle dans les entreprises, qu'ils soient le patron ou l'ingénieur ou l'ouvrier, que ces hommes-là associent leurs intérêts, leurs capacités, leur bonne volonté, de telle sorte que chacun [inaudible] ici pour sa part automatiquement d'après un contrat de ce qui sera produit en commun. Si vous y faites attention, c'est de cette manière que l'on peut changer du tout au tout l'atmosphère sociale de ce pays. Et c'est aussi de cette manière qu'on peut trouver une solution au problème de la productivité française. Car le travail, la qualité, la quantité du travail seront certainement bien meilleures.