Le dernier chameau de Fellag

06 mars 2004
02m 11s
Réf. 00251

Notice

Résumé :

Le reportage présente Fellag, qui joue son nouveau spectacle, Le Dernier Chameau, à la MC93 de Bobigny. Dans ce spectacle, l'humoriste algérien se base sur l'influence du cinéma dans l'Algérie de sa jeunesse pour décrire son peuple. L'artiste affirme également sa volonté de parler des gens par le truchement des films, qui lui servent de point de départ pour aborder des thèmes plus sérieux, comme la colonisation.

Date de diffusion :
06 mars 2004
Source :
Thèmes :
Fiche CNT :

Éclairage

Fellag est né en 1950 en Kabylie. Il se forme à l'Institut national de théâtre d'Alger de 1968 à 1972 et suit une carrière d'acteur dans des théâtres régionaux. En 1978, il émigre au Canada, puis en France. Il revient en Algérie en 1985 et intègre le Théâtre national d'Alger. Il y est comédien et metteur en scène. En 1987, il crée son premier one-man-show. En 1994, il quitte l'Algérie, et, après un passage en Tunisie, s'installe en France. Il y crée, en 1997, Djurdjurassique Bled, qui lui vaut en 1998 le prix de la révélation de l'année du Syndicat de la Critique Dramatique. Ce spectacle raconte l'histoire du peuple algérien, ses angoisses et ses petits travers. Fellag crée Le dernier Chameau en 2004. Dans ce spectacle, c'est à travers l'importance du cinéma dans l'Algérie de son enfance que Fellag dépeint son peuple. Dans le projet de Fellag, comme auteur et comme acteur, il y a l'idée fondamentale de partager sa vision de l'Algérie, de dévoiler les mécanismes de pensée et l'esprit, la façon dont les Algériens regardent le monde. Reflet de la culture algérienne, l'humour de Fellag repose sur une grande part d'autodérision : pour mieux faire comprendre son peuple, Fellag rit avec lui de ses travers et des clichés dont on l'affuble parfois. Il s'inspire de ses souvenirs et de sa vie en Algérie, de l'actualité politique et sociale de ses compatriotes, pour les transformer en anecdotes humoristiques, parfois tendres, parfois cruelles, mais exprimant toujours l'amour de l'auteur pour ses origines et pour son peuple. Fellag construit son humour sur sa position d'étranger : cultivant un accent prononcé dans les spectacles, utilisant volontiers des expressions arabes pour ponctuer son discours, il évoque toujours dans ses spectacles les liens particuliers qui ont uni l'Algérie à la France, dont elle fut une colonie, se jouant de ce passé et des situations absurdes qu'il a pu créer. Les thèmes les plus graves – la colonisation, la montée de l'islamisme en Algérie, la politique – sont abordés avec un sens unique de la dérision, qui a valu à Fellag le Prix de l'Humour Noir pour son spectacle Un bateau pour l'Australie.

Anaïs Bonnier

Transcription

Présentatrice
Auteur et comédien, Fellag revient sur scène avec un nouveau spectacle. Il présente au théâtre Bobigny Le dernier Chameau. Une évocation du cinéma en Algérie qui est pour lui l’occasion de peindre ses contemporains avec beaucoup de tendresse. Marilène Bonnot, Diane Richard.
Fellag
Le rideau de velours rouge s’ouvre, les lampions s’éteignent les uns après les autres, l’écran s’allume, et le brouhaha diminue.
Journaliste
Un cinéma dans les années 60 à Tizi Ouzou en Algérie. Fellag a neuf ans, il va découvrir le monde sur pellicule. Il raconte une époque où le spectacle était aussi dans la salle.
Fellag
On avait l’impression de vivre le film, on s’identifiait aux acteurs, on s’identifiait aux histoires, on se parlait en même temps entre nous. Il y avait des gens qui mangeaient des sandwichs. Non, c’est magnifique. Le film s’arrête brusquement, les spectateurs hurlent, oh. La tête du projectionniste apparaît dans la petite fenêtre de la cabine. La GSK vient de marquer un but.
Journaliste
Parfois, le film cassait, le projectionniste collait alors, par mégarde, un bout des Sept Samouraïs au milieu de La Guerre de Troie.
Fellag
Oh non, [inaudible] il existe entre nous des rivalités Pâris. Là, on revient à La Guerre de Troie. Vous avez entendu le scotch [inaudible] il existe entre nous des rivalités Pâris. Si je repasse par ce cinéma, cette période, c’est pour parler de nous aujourd'hui, c’est plus une façon de parler des gens que de parler des films.
Journaliste
Alors Fellag nous sort du cinéma pour raconter par exemple les vicissitudes de l’administration française pendant la colonisation.
Fellag
Les fonctionnaires n’en pouvaient plus et ils ont commencé à bâcler. Tu viens de quelle tribu ? Qu’est-ce que tu dis ? A partir d’aujourd'hui, tu t’appelleras [Kistidi]. Allez ! Suivant. Et c’est comme ça qu’il y a eu des familles [Poussépas], [Kiskiféchaud].
Journaliste
Là aussi, le spectacle est dans la salle, Fellag fait son cinéma sur la pellicule, l’Algérie et son histoire. Un film parfois cruel, mais surtout drôle et tendre.