Le TEP de Guy Rétoré
Notice
Après une présentation par Guy Rétoré du TEP (Théâtre de l'Est Parisien), plusieurs spectateurs, principalement ouvriers, sont interviewés. Ils racontent comment ils en sont venus à prendre des abonnements collectifs au théâtre, notamment grâce au car mis en place par le théâtre depuis Montreuil. On voit également quelques extraits de On ne sait jamais tout de Pirandello.
Éclairage
En 1950, Guy Rétoré (1924-), alors comédien professionnel, entend parler des expériences de décentralisation théâtrale menées en province, notamment de Maurice Sarrazin et du Grenier de Toulouse, d'Hubert Gignoux et du Centre Dramatique de l'Ouest à Rennes ou encore d'André Clavé à Colmar avec le Centre Dramatique National d'Alsace. Profondément mal à l'aise dans le milieu théâtral professionnel parisien, il décide à son tour de faire l'expérience d'un théâtre de troupe, populaire, mais en restant à Paris, et plus exactement à Ménilmontant. En 1950, il fonde la Guilde dans l'est parisien, quartier déserté de toute culture. À cette époque, les XXe et XIXe arrondissements sont des quartiers populaires, principalement habités par des ouvriers, artisans et employés. En 1957, la Guilde participe au concours des Jeunes Compagnies, organisé par Jeanne Laurent, sous-directrice à la direction des spectacles, où il gagne le premier prix d'un million d'anciens francs. Cela leur permet de s'installer dans la salle du Patronnage Saint-Pierre, que Guy Rétoré renomme Théâtre de Ménilmontant. La Guilde s'y produit deux ans, jusqu'en 1961. Il faut ensuite attendre 1963 pour que le TEP voie le jour dans l'ancienne salle de cinéma « le Zénith » de la rue Malte-Brun dans le XXe arrondissement. Le TEP obtient le statut de Maison de la Culture, la première dans Paris, et poursuit son travail d'ouverture du théâtre à toutes les catégories sociales, comme l'explique bien Guy Rétoré : « Inlassablement, il a fallu multiplier les débats après les spectacles, les visites dans les entreprises et les bureaux, prendre la parole dans les cantines, distribuer des tracts aux sorties d'ateliers, rencontrer les enseignants et les associations. » [1]
Le TEP est transformé en 1972 en Théâtre National par Jacques Duhamel. Par la suite, il laissera la place au Théâtre de la Colline dont les travaux, commandés par Jack Lang en 1983, seront achevés en 1988. C'est alors Jorge Lavelli qui prend la direction du Théâtre National de la Colline, tandis que Guy Rétoré conserve l'appellation « TEP » pour l'ancienne salle de répétition avenue Gambetta, aujourd'hui dirigée par Catherine Anne.
[1] Guy Rétoré, « La création du TEP » in La Décentralisation théâtrale, 2., Les Années Malraux, 1959-1968, Actes-Sud Papiers, coll. « Théâtre, éducation », cahiers n°6, Arles, 1993, p. 154.