Arrivée de Roger Planchon au théâtre de Villeurbanne
Notice
1957, entretien de Roger Planchon au Théâtre de la Cité à Villeurbanne, pendant lequel le metteur en scène revient sur ses débuts. Il retrace son parcours de la salle de patronage au Théâtre de Villeurbanne, en passant par la construction du Théâtre de la Comédie, où les auteurs des avant-gardes (Adamov, Brecht, Vinaver) côtoient les spectacles populaires (Rocambole, Cartouche).
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Éclairage
En 1957, Roger Planchon et sa troupe s'installent au Théâtre municipal de Villeurbanne qui devient alors Théâtre de la Cité.
La trajectoire de Roger Planchon s'inscrit dans le renouveau du théâtre au début des années cinquante, marqué pour beaucoup d'artistes par la venue de Bertolt Brecht et du Berliner Ensemble au Théâtre Sarah-Bernhardt (actuel Théâtre de la Ville à Paris), en 1954 et 1955.
Roger Planchon a déjà commencé son travail de mise en scène. En 1950, il monte une parade burlesque 1900, Bottines, collets montés, dans laquelle il soumet des courtes pièces de Courteline et de Labiche à ce qu'il nomme une « opération chirurgicale ». Grâce au succès du spectacle, il fonde une compagnie professionnelle et s'installe rue des Marronniers, au centre de Lyon, dans un petit théâtre de 120 places qui est complètement reconstruit et réhabilité. A cette époque, le Théâtre de la Comédie est le seul théâtre de province à jouer tous les soirs, la compagnie de Roger Planchon est ainsi la première compagnie à avoir en province un siège fixe, avec une activité de création et de diffusion permanente.
Le répertoire que le metteur en scène met en place mêle spectacles populaires dans la lignée de Bottines, collets montés (Rocambole pour l'inauguration de la salle, Cartouche), classiques étrangers peu joués en France (Faust de Marlowe), et auteurs d'avant-garde (Le Sens de la marche et Le Professeur Taranne d'Adamov, mais aussi Brecht, Ionesco, Vinaver). A partir de la notion de Bertolt Brecht « d'écriture scénique responsable », le travail de Roger Planchon va se développer et marquer la scène française, « le rapport de la représentation au texte s'en trouve, ouvertement modifié. Le spectacle ne revendique plus une transparence idéale, ni une coïncidence qui irait jusqu'à la fusion des mots et de la scène : il se constitue dans une réflexion, voire une distance volontaire, entre eux. Il se veut critique. » (Bernard Dort dans Le Théâtre en France). Après la notion de théâtre populaire développé par Jean Vilar (dont le Festival d'Avignon et le Théâtre National Populaire de Chaillot sont une concrétisation), s'impose la notion d'un « théâtre politique ». Roger Planchon ne cesse de mettre en œuvre cette nouvelle conception théâtrale et poursuit sa mise en œuvre lors de son arrivée au Théâtre municipal de Villeurbanne qui était jusqu'alors dévolu à l'opérette. Le metteur en scène lyonnais prolonge son répertoire et l'enrichit en montant des grands classiques français (La Seconde surprise de l'amour de Marivaux, Tartuffe de Molière) et ses propres pièces (création de La Remise en 1961-1962). Le théâtre de Roger Planchon s'affirme comme un théâtre populaire et critique.