Caractéristiques du théâtre privé
Notice
Reportage sur les caractéristiques (signes et symboles) qui fondent l'identité du théâtre privée, avec un entretien de Jean-Michel Rouzière, directeur du Théâtre du Palais Royal et du Théâtre des Variétés.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris
Éclairage
La division entre un secteur théâtral privé et public est un phénomène propre à la France, et à Paris en particulier. Si, dans les autres pays, il existe des théâtres privés, ceux-ci pratiquent principalement l'accueil de spectacles et non la production et la diffusion comme c'est le cas en France.
En outre, au regard de l'histoire théâtrale, cette distinction entre public et privé est un phénomène récent puisque le théâtre privé est né au XVIIIe siècle « de la convergence entre l'apparition des genres dramatiques nouveaux (le drame et ses avatars) et des conditions politiques et économiques qui vont amener l'existence d'entrepreneurs indépendants et d'un public payant » [1]. La vocation commerciale de ce théâtre constitue sans doute la principale caractéristique de ce secteur. Pour tenter d'atteindre une rentabilité financière, plusieurs stratégies sont mises en œuvre et participent de l'identité du théâtre privé aux côtés d'autres signes et symboles dans l'imaginaire collectif. Il y a d'abord le lieu, l'édifice - bâtiment datant du XIXe siècle ou rappelant ce siècle -, le rouge et or de la salle de spectacle (le rouge du rideau de scène et des fauteuils, les dorures des moulures). Il y a aussi la scénographie, le plus souvent un intérieur bourgeois reproduit dans une boîte scénique avec plus ou moins de vraisemblance. Dans cette conception de l'espace, l'accueil du public prime sur tout autre impératif. Ensuite, le répertoire, le prix des places ou le vedettariat constituent d'autres signes distinctifs. En effet, le vaudeville, dans sa version déformée du théâtre dit de boulevard, apparaît comme le genre le mieux représenté sur les scènes du théâtre privé. Tout comme la présence de personnalités connues du grand public permet d'attirer le chaland et d'élargir les publics. Selon Jean-Michel Rouzière (ancien directeur du Palais Royal et du Théâtre des Variétés), cette velléité d'ouverture des publics est confirmée par le prix des places, un large spectre permet d'accueillir des classes plus populaires, des provinciaux en vacances qui souhaitent se distraire ou encore la classe bourgeoise.
Toutefois, ce rapide panorama du théâtre privé ne prend pas en compte de ce qu'il serait possible d'appeler un théâtre de création, hérité de Dullin, Copeau, Jouvet, voire en remontant encore plus loin d'André Antoine ou d'Aurélien Lugné-Poe
De fait, la principale différence avec le secteur public est d'ordre économique et non juridique (législatif) puisque l'ordonnance du 13 octobre 1945 sur laquelle se basent les salles de spectacle ne distingue pas les secteurs privés et subventionnés.
[1] « Théâtre privé » in Michel Corvin (sld), Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde, Paris, Bordas, 2008, p. 1112.