Le Théâtre du Centaure
Notice
Extrait du spectacle Cargo (2005), du Théâtre du Centaure, sur lequel Manolo Bez et Camille Galle écrivent : « Durant la période de gestation de cette création, le hasard nous a fait rencontrer des cinéastes et des chorégraphes. Il en résulte une écriture ou plutôt un langage sans parole, un langage animal et humain, peut-être un langage Centaure ».
Éclairage
La profession de foi, des fondateurs du Théâtre du Centaure, Manolo Bez et Camille Galle, pose les bases éthique et philosophique de leur démarche créatrice : « Parce qu'il est impossible, parce que c'est une utopie, le Centaure est pour nous une forme d'engagement. Un engagement qui nous pousse à inventer un théâtre qui n'existe pas, des formes différentes, un langage autre ».
Depuis 1989, le couple s'est engagé dans une forme spécifique de théâtre, pour lequel l'acteur centaure – constitué du cavalier et de son cheval – faisant corps avec l'animal, cherche à ne plus faire qu'un. Au pas, au trot, au galop, l'animal est porteur d'un rythme, l'humain d'un phrasé. C'est ensemble qu'il transmette le propos artistique qui prend appui sur l'interprétation d'un texte littéraire.
Dans un portrait croisé, accordé à Arts de la Piste [1], Manolo définit ainsi ce qu'ils incarnent : « Dans un monde de la séparation, de la dichotomie et du classement, nous sommes des êtres de l'union et de la fusion, entre le féminin et le masculin, mais aussi bien sûr entre l'animal et l'humain. » ; quant à Camille, elle déclare : « Mi-humain, mi-animal, nous sommes nous-mêmes des êtres hybrides ». Si la proposition est originale, la mise en forme et le jeu frôle parfois l'esthétisme.
La compagnie a produit Les Bonnes de Jean Genet (1998), en y associant Bernard Quental [2] comme interprète, Macbeth de Shakespeare (2001) et Cargo (2005) [3]. Pour cette pièce, l'usage de la projection vidéo, sur un fond de scène incurvé, ouvre la piste sur l'extérieur et crée de la variation au niveau du décor.
Auteurs de plusieurs documentaires, ils proposent, également, Flux (2009), une déambulation mêlant art équestre, projections vidéo et installation plastique. En 2011, Otto Witte est un hommage à ce clown forain qui s'est construit une légende (réelle ou fictive ?) d'escroc, et prétendait s'être fait couronner roi d'Albanie, avec pour animal partenaire un baudet du Poitou.
Dès 2001, la compagnie a fait appel à Patrick Bouchain pour s'édifier un chapiteau en adéquation avec leur proposition esthétique. Une toile bleue à l'extérieur doublée d'une noire à l'intérieur, théâtre oblige. La piste de 13 mètres est ceinte d'un anneau qui tourne autour des spectateurs et permet la course au galop des équidés. Cette scénographie à l'avantage, lors de grandes chevauchées, d'introduire le public dans la dramaturgie.
[1] Camille Galle et Manolo Bez, « Camille & Manolo, les deux moitiés d'un centaure », Arts de la piste, n° 20, juil.2001, p.34-35.
[2] Bernard Quental, élève de la première promotion du CNAC, sortie en 1989, a travaillé chez Zingaro et au Canada avant de fonder sa compagnie Why Aïe Aïe.
[3] Cargo, Auteur Abela Alexander, Metteur en scène Hughes Hollenstein.