Les Nouveaux nez, Cinq folies en cirque mineur
Notice
La compagnie Les Nouveaux Nez présente Folies en cirque mineur, au théâtre du Ranelagh. Plusieurs extraits du spectacle, qui illustrent l'aspect pluridisciplinaire de ces artistes formés au CNAC, alternent avec une interview des quatre augustes qui abordent avec désopilance leur démarche artistique.
Éclairage
Nicolas Bernard, Roger Bories, Roseline Guinet et Alain Reynaud passent quatre années au Centre National des arts du Cirque (CNAC), de 1986 à 1990. C'est dans la « classe de clown » d'André Riot-Sarcey qu'ils décident de devenir clown. L'enseignant reconnaît qu'il est « difficile de parler de ce petit bonhomme au nez rouge, de cet étrange étranger qui ne cesse de vous surprendre, de disparaître quand on le met en boîte, de passer les frontières quand on veut le garder à la maison... » [1]. La profondeur de sa personnalité, indispensable à sa reconnaissance et à son acceptation, n'est atteignable que par l'élaboration studieuse de facettes diverses et multiples. Ainsi, sont advenus, pas à pas, au fil des cours, quatre personnalités forgées par chacun des artistes, toujours dans la confrontation des uns avec les autres. Le ciment est homogène et solide puisque émulsionné, simultanément, dans le même chaudron. Les idées, nées de l'improvisation et exploitables dans le cadre d'une représentation, sont repérées, captées et élaborées, jusqu'à ce que le rythme et la justesse du geste et du propos fonctionnent, c'est-à-dire qu'ils puissent transmettre conjointement du sens et de l'émotion. La plus grande partie de ce travail incombe à A. Riot-Sarcey, qui assume le rôle de metteur en scène. Cet ancien instituteur, élève de Jacques Lecoq, a débuté sa carrière de clown au Circus Roncalli en 1976. Il est chargé de la « formation d'acteur de cirque, clown » au CNAC, de 1985 à 1993. Il a depuis lors soudé son destin à celui des Nouveaux Nez.
Emancipé du clown blanc, le quatuor d'auguste investit les scènes du théâtre ou du music-hall. La structure des spectacles fait alterner les instants de jeu et des pauses musicales qui fonctionnent comme des charnières pendant lesquelles le temps et l'histoire s'effacent. Chaque clown se ressource auprès des autres par le rythme partagé autour d'une mélodie commune. A l'occasion de leur création de Le Jour des petites lunes (1994), dans Le plus beau métier du monde, un film de Bernard Cauvin, ils expliquent leur démarche : « Nous nous donnons des directions de travail mais sans limites, sans contraintes. Nous voulons seulement agrandir notre maison et construire ensemble un spectacle entièrement neuf, en gardant les mêmes personnages » [2]. Ainsi, ils doivent composer avec les velléités d'un Georges Pétard, alias Napoléon, drapé dans un trop grand manteau, avec les accès d'autoritarisme d'une Madame Françoise, convaincue de ses engagements (« Salut, les filles ! »), avec les bruyants silences de Jésus, ramené à la dure réalité de la vie par de magistrales claques, avec les décalages intempestifs d'un Félix Tampon, bien souvent pris au dépourvu. Ces personnages caractérisés se retrouvent pour chacune de leurs six créations, jusqu'au départ de Jésus, en 2004.
Installés à Bourg-Saint-Andéol (07), dès 1995, ils font vivre un lieu de formation, de réflexion et de créations, préfiguration de la Maison des Arts du Clown et du Cirque, La Cascade, qui ouvre en 2008 avec le label Pôle National des arts du Cirque. Deux compagnies y sont attachées Les Nouveaux nez-Cie Via et Les Colporteurs.
[1] André Riot-Sarcey, dans Programme affiche du spectacle des Nouveaux-nez, « Le Jour des petites lunes », Paris, L'Olympia, du 19 au 31 décembre 1995.
[2] Bernard Cauvin, Le Plus Beau Métier du monde, Production Ardèche images production / Compagnie Via / Paris Première avec la participation du Centre National de la Cinématographie, 1995.