Le Cirque Plume, une poésie à partager

02 mars 1994
02m 57s
Réf. 00548

Notice

Résumé :

Des extraits de Toiles du Cirque Plume au Parc de la Villette, avec entre autres Brigitte Sepaser, Cyril Casmeze (l'« homme chien »), et Bernard Kudlak ; des instants de vie et de répétition ; des paroles du metteur en scène Bernard Kudlak qui aborde sa vision du spectacle de cirque, une œuvre vivante à partager.

Date de diffusion :
02 mars 1994
Source :
A2 (Collection: MIDI 2 )
Compagnie :

Éclairage

En 1983, après un passage, symptomatique des années 1970, par l'engagement artistique dans la rue, "La Fanfare Léa Traction", "La Gamelle aux étoiles", et "Le magicien de balle" se retrouvent sous un improbable chapiteau pour jouer Amour, jonglage et falbalas. L'année suivante, la troupe prend pour nom Cirque Plume. Pour Hervé Canaud, Michèle Faivre, Vincent Filliozat, Jean-Marie Jacquet, Bernard Kudlak, Pierre Kudlak, Jacques Marquès, Robert Miny et Brigitte Sepaser, il s'agit de construire « un projet qui réunirait l'esprit de la fête, la politique, le rêve, les anges vagabonds, le voyage, la poésie, la musique, les corps, dans une envie fraternelle, non violente et populaire » [1] tout en s'emparant du « matériau » cirque. Bien que les modalités d'écriture de la compagnie aient évolué, cet objectif premier se retrouve en filigrane dans les mises en scène de Bernard Kudlak qui œuvre en amont avec le compositeur Robert Miny pour concrétiser les intentions du projet soumises au travail d'improvisation des artistes de la compagnie ou invités. D'une relative hétérogénéité, liée à la succession des numéros, s'élabore une forme plus proche de l'osmose, de la fusion des composants au service d'une entité repérable et isolable, une globalité dont Bernard Kudlac avoue être « le garant » [2]. Cette mutation marque la recherche d'une cohésion devenue une des caractéristiques des œuvres du nouveau cirque qui se dessine dès le début des années 1990. Plume concourt à débarrasser le cirque de son image de simple divertissement et, conjointement, à le faire entrer dans le champ artistique.

L'espace scénique qui détermine un rapport frontal avec le public, est une constante ; il favorise l'acoustique de l'expression musicale structurante et permet l'introduction du théâtre d'ombre et l'exécution de certains numéros de magie caractéristiques de l'esprit et du style Plume. Le décor est construit de façon à intégrer en permanence les agrès, pour pallier aux contraintes techniques du montage et du démontage qui pourraient perturber le rythme du spectacle.

Les images, mouvantes et sonorisées, sont riches du mélange des arts convoqués. Les actes s'enchaînent, s'agencent en défiant les lois de la logique cartésienne et font que la proposition reste ouverte à l'imaginaire du spectateur. Bernard Kudlak reconnaît qu'il « recherche l'utopie d'un mode d'expression le plus universel possible ». Le spectateur doit accepter la proposition, s'y glisser et participer à l'émergence des étranges poèmes que proposent les acteurs du Cirque Plume qui déclarent : « [...] nous faisons ce métier pour partager notre humanité, avec nos semblables » [3].

Du premier chapiteau bleu, monté en bricoleur, parti de La Région Franche-Comté, à la toile jaune (identitaire de l'enseigne) de 1000 places, la compagnie (devenue société, en 1989) revendique l'autonomie économique, liée à ce mode de distribution, qui leur permet un autofinancement à hauteur d'environ 80%. Il faut préciser qu'au fil des créations, Plume attire et fidélise un nombre de spectateurs grandissant, passant de 170 000 pour No Animo Mas Anima (1989), marqué, entre autres, par l'arrivée de Cyril Casmèze (l'« homme-chien ») à 395 000 pour PlicPloc (2004). Mais, au-delà de l'esprit comptable, B. Kudlak avoue « le plaisir, le plaisir de jouer devant un chapiteau plein chaque soir, le plaisir ! ».

[1] L'Historique du Cirque Plume, « Chapitre 1, 1984-1990 », sur le site du Cirque Plume.

[2] Bernard Kudlak, « Entretien avec B. Kudlak », réalisé par Laurent Gachet, Arts de la piste, n° 13, HorsLesMurs, p. 6.

[3] L'Historique du Cirque Plume, Op. cit.

Martine Maleval

Transcription

Présentateur
Voila une idée de sortie pour vous et vos enfants : un cirque vraiment pas comme les autres, et j’emploie l’expression à dessein, car il s’agit vraiment d’autre chose qu’un cirque classique sur la piste des femmes, des hommes, qui jouent tous les rôles même ceux des animaux. Le tout dans un style vraiment aérien. C’est sans doute pour cette raison que ce cirque s’appelle Plume. Reportage, Eric Perrin, Bernard Puissesseau.
(Musique)
Intervenant
Comme ça on voit le mode d’une autre façon…. C’est pas trop mal.
Journaliste
Un autre monde, un autre regard, dix ans déjà que le cirque Plume se repose ici ou là au gré du vent de ses inspirations. A l’origine, quelques olibrius qui faisaient du théâtre de rue et qui décide un jour de s’acheter un toit susceptible de suivre leurs errances. Ce sera un chapiteau, le cirque Plume est né. Un cirque pas comme les autres, sans animaux à moins, à moins qu’une poudre magique ne transforme l’homme en gorille.
(Musique)
Journaliste
Un cirque où l’on ne sait qui du jongleur ou des balles est le maître, la grève du rebond. Un cirque où tomber amoureux de la funambule, l’ombre du violoniste décide de vivre sa vie pour continuer à jouer, rien que pour elle.
(Musique)
Bernard Kudlak
Le spectacle du cirque c’est un peu comme une sculpture qu’on regarde ou un tableau mais qui serait extrêmement vivant et qu’on partage immédiatement. Il y a des gens qui disent, j’ai des frissons. C’est très physique, en plus on est sous une toile, une toile qui bat un peu au vent, une toile c’est quelque chose de léger, fragile. On est sur des gradins mal assis, mais c’est bien parce qu’on a peur, on éprouve vraiment des émotions immédiatement.
(Musique)
Journaliste
Une bulle de lumière pour rendre l’âme légère, pour jongler avec les émotions comme avec les sourires. Le cirque Plume, une machine à rêver, des artistes artisans qui offrent des poèmes à savourer. Qui nous disent aussi qu’avec audace une goutte de rouge ça peut devenir un merveilleux nez de clown.
(Musique)