Grock

23 novembre 1983
04m 27s
Réf. 00569

Notice

Résumé :

L'auguste Grock (Charles Adrien Wettach).

Date de diffusion :
23 novembre 1983
Artistes et personnalités :
Thèmes :

Éclairage

Grock (Charles Adrien Wettach) naît en Suisse en 1880 et décède en 1959, en Italie. Musicien et formé à diverses techniques du cirque, il devient Auguste, au côté de plusieurs partenaires ; entre autres, Antonet (Umberto Guillaume, 1872-1935), Géo Lolé ou le musicien Max van Embden. Il réalise des tournées qui le consacrent internationalement. Considéré comme clown musical, il fait partie des premiers augustes à expérimenter la scène et notamment celle des music-halls, en duo, mais également en solitaire.

En effet, l'auguste, depuis son entrée dans la piste à la fin du XIXe siècle au côté du clown blanc, a gagné une complexité qui lui permet de se constituer, dans les limites de son caractère, une large palette d'émotions et de sentiments qui l'autorise à la composition de véritables saynètes théâtralisées qu'il peut assumer seul. Cependant, plus l'auguste a une présence forte et complexe, plus il a besoin d'un espace et d'un temps que la piste ne peut lui offrir. Il est donc amené à se produire en dehors des chapiteaux et en particulier dans les music-halls. Ainsi, il est devenu le protagoniste privilégié de ces spectacles à sketchs successifs présentés sur scène.

En 1911, Grock, avec Antonet, tente une première expérience, au Wintergarten (Berlin), qui s'avère être un échec. Grock cherche à analyser les différences de jeu induites par le lieu et écrit que « l'arène circulaire du cirque permet un jeu plus libre et moins étudié que sur la scène d'un théâtre, où l'on a le public uniquement devant soi » [1]. Odette Aslan note que le clown « est maître du sol restreint de la piste. [...] Le clown a bien cette circonférence dans les jambes [...] il fait un parcours circulaire qui est le prolongement, l'élargissement d'un tour sur lui-même » [2]. Elle oppose à cela la linéarité du déplacement sur scène « relié à une continuité psychologique ». Dans la piste n'existe pas l'obligation du respect des règles de mouvement inhérentes au plateau. A quelque endroit qu'il se trouve, le clown est toujours au milieu de la piste, ses déplacements n'en modifient pas l'équilibre, puisque ce sont les spectateurs, par la convergence de leur regard, qui le maintiennent dans un centre. Dans un théâtre, les frontières délimitées par le fond de scène obscur, derrière, et le public voilé par la puissance des projecteurs, devant, restreignent le champ de vision du clown et son espace de jeu, n'accordant plus que la possibilité de dessiner des droites et des diagonales, au mieux, des arcs de cercle, sur le plancher.

Il ne faut que quelques mois à Grock pour adapter son jeu et remporter un succès sans précédent. Et ce n'est pas sans fierté qu'il écrit :

« Mon nom, tracé en lettres fulgurantes, illumine chaque soir le fronton des music-halls. Les rues et les maisons en sont violemment éclairées, et dans les jardins, les oiseaux se réveillent croyant l'aube venue. La direction d'un aérodrome a protesté impérieusement : le nom de Grock qui s'étale en gigantesques lettres de feu, induit en erreur les aviateurs étrangers ... » [3].

Roland Auguet considère que les entrées bien ficelées ne suffisent pas à faire un « bon clown » ; il faut surtout « l'invention personnelle » qui tient compte « à la fois d'un acquis esthétique et d'un contexte mental » [4]. Pour lui, Grock a dirigé la construction de la silhouette de son clown vers le « dépouillement », jusqu'à atteindre « ce caractère d'étrange proche des productions des peintres et des poètes de l'époque, mais qui possédait aussi un impact social d'autant plus fort qu'il n'était pas manifeste et voulu ».

[1] Grock, Grock raconté par Grock, adaptation Edouard Behrens, Paris, Victor Attinger, 1931, p. 7.

[2] Odette Aslan, « L'Acteur et le clown », dans Claudine Amiard-Chevrel (dir.), Du Cirque au théâtre, Lausanne, L'Age d'Homme, 1983, p. 209.

[3] Grock, Grock raconté par Grock, Op. cit.

[4] Roland Auguet, « Les Fêtes populaires et le comique clownesque », dans Jacques Fabbri et André Sallee (dirs), Clowns et Farceurs, Paris, Bordas, 1982, p. 156.

Martine Maleval

Transcription

(Musique)
Annie Fratellini
Bonjour ! Aujourd'hui, je vais vous parler d’un grand clown, Grock. Grock, de son vrai nom, Adrien Wettach, il est né en Suisse, son père était horloger mais déjà ce père était hanté par la vie du cirque, et c’est Grock, Adrien Wettach qui partira, lui, dans le monde entier pour représenter l’art clownesque à son plus haut sommet. Il a fait une carrière aussi bien au cirque qu’au music-hall. C’est un des rares à avoir réussi justement cette double rencontre.
(Bruit)
Annie Fratellini
Grâce à l’obligeance de Max van Embden qui fut son partenaire pendant 30 années, nous pouvons vous présenter aujourd’hui un document unique, un film qui a été tourné en 1931 à Berlin, un film qui représente Grock et Max.
(Musique)