Ex Nihilo, Trajets de vie, Trajets de ville
Notice
Extrait d'Ex Nihilo-TVTV, DVD réalisé par Anne Le Batard, Jean-Antoine Bigot et Martine Derain à partir du spectacle : Trajets de vie, l'errance et la pause de quelques solitaires sur des bancs publics, exposés aux regards et à l'indifférence ; Trajets de ville, l'autre versant, la foule des citadins anonymes qui se croisent, se heurtent, se dispersent ou font corps.
Éclairage
"La compagnie Ex Nihilo n'a de cesse depuis sa création, il y a maintenant 15 ans, d'interroger la danse dans sa relation à l'espace extérieur. Ce n'est pas un simple glissement du lieu de l'art – il ne s'agit pas de glisser/déposer à l'extérieur une forme créée à l'intérieur – mais de faire tout à la fois l'expérience d'une rencontre avec un espace, urbain ou naturel, et d'une relation à l'autre, passant, habitant ou spectateur. C'est alors d'un double déplacement dont il est ici question : tout d'abord, celui de la danse – c'est le mouvement comme « prise d'espace » au milieu du mouvement de la ville et dans l'immensité de l'espace, de la recherche à la représentation et au travers d'une présence soutenue, régulière. Et ensuite, nécessairement, un déplacement des séparations dans la répartition de l'espace et des places de chacun : un partage des territoires de l'art qui ouvre une adresse à un large public. Nous voyons notre usage nomade des lieux comme un emprunt éphémère et léger plutôt qu'une appropriation, un usage qui n'exclut jamais l'autre. Nous plaçons le danseur sur le même sol que « n'importe qui » : il est envisagé comme un homme de tous les jours, mais qui a tout moment utilise sa danse comme langage...", écrivent Anne Le Batard et Jean-Antoine Bigot pour présenter leur compagnie.
Le processus qui aboutit à Trajets de vie, Trajets de ville illustre cette démarche. C'est d'abord Passants, en 2002 : partant d'improvisations dansées dans le quotidien du quartier de Belsunce, à Marseille, la pièce devient, en intérieur, une installation qui mêle la danse, la vidéo, la musique, pour évoquer l'exil, l'errance, la quête d'identité. La même expérience, renouvelée à Cuba, donne naissance à Calle Obrapia qui prend pour support un morceau de rue. Dans Trajets de vie, Trajets de ville, Ex Nihilo répartit en deux temps et deux lieux l'inscription des corps dans la ville, qui est aussi une métaphore de l'inscription de l'individu dans la société.
Le projet actuel, Apparemment, ce qui ne se voit pas, élargit encore le territoire exploré et le questionnement : "De Marseille à Copenhague, de Casablanca à Tunis, à Port-Saint-Louis-du-Rhône et à Gênes, nous avons investi des lieux éloignés du regard, des espaces périphériques, comme décentrés. C'est une recherche sur les seuils, les cours intérieures, les passages, les impasses, les toits, les chantiers, au centre ou aux limites des villes, avec ces questions : Comment lier à nouveau l'individu et la ville, l'un et les autres, le proche et le lointain ? Qu'est-ce-qui fait la singularité d'une ville ? Que dit-elle des autres villes ? (...) Une collecte minutieuse d'images et de sons viendra compléter les matières de notre création pour raconter ce voyage. Que nous dira la danse du mouvement des villes ?"
Documentation