Cristina Hoyos, danseuse née
Notice
En 1994, au théâtre du Châtelet à Paris, la compagnie de Cristina Hoyos présente Caminos andaluces. Celle qui fut pendant 20 ans la partenaire et complice d'Antonio Gadès défend, sous ses propres couleurs, un flamenco « qui ressource son identité à l'aune de son authenticité ».
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Éclairage
En 1994, « on ne présente plus Cristina Hoyos », comme le dit Dominique Poncet dans ce reportage télévisé pour le journal de FR3. « Son feu, sa force, sa violence, sa sensualité, sa séduction » sont suffisamment éloquents pour parler d'eux-mêmes. Et comment évoquer autrement que le fait Adrian Galia - un danseur de la troupe de Hoyos, regard exalté - le duende, cette flamme qui « sort » brusquement dans le brasier du flamenco, cet art total (danse, chant, guitare) né dans la forge gitane de l'Andalousie ?
Caminos andaluces (Chemins andalous) est d'ailleurs le titre du spectacle que présente Cristina Hoyos en ce début d'année 1994 au théâtre du Châtelet à Paris, avec douze danseurs, trois guitaristes et quatre chanteurs. « La » Hoyos, déjà acclamée par le public parisien en tant que partenaire d'Antonio Gadès dans Noces de sang, Suite flamenca ou encore Carmen, a créé sa propre compagnie en 1989. Deux ans plus tard, elle introduit en majesté le flamenco à l'Opéra de Paris avec son premier spectacle, Sueños de flamenco. Son rythme impeccable, l'harmonie de ses déhanchements, la fluidité de son port de bras forcent l'admiration. Cristina Hoyos est une danseuse née. Non pas qu'elle ait baigné dans un milieu de bailaores. A Séville, où elle a vu le jour en 1946, elle s'entraîne seule, en cachette de ses parents, au son de la radio. A douze ans, elle signe sa première chorégraphie pour la troupe d'enfants à laquelle elle appartient. A quinze, elle se produit au Patio Andaluz, un cabaret de Séville. Et à dix-huit ans, en 1964, elle représente son pays au Teatro del Pabellon espagnol de la foire mondiale de New-York. « L'homme auquel je dois tout », disait-elle, « c'est mon père. Les religieuses chez qui j'étais au collège m'ont renvoyée quand j'ai avoué vouloir devenir danseuse. Alors mon père m'a dit : tu veux danser, eh bien, tu danseras même si tu n'es pas la plus belle. Il croyait en moi.» [1]
Jetant un pont entre l'époque dorée des cafes cantantes et la société moderne, Cristina Hoyos offre un flamenco épuré, sans esbroufe ni falbalas, dont la rigueur n'étouffe pas la flamme. « Toujours en quête de cette rencontre avec le flamenco qui ressource son identité à l'aune de son authenticité », Cristina Hoyos disait avoir « tenté d'en sauvegarder l'essence même, tout en adaptant sa forme au présent, sans jamais détourner le regard de la grande tradition du passé, mais toujours soucieuse d'adaptation aux rythmes du temps. » Une exigence de transmission qui a poussé Cristina Hoyos à créer à Séville, avec ses propres deniers, un musée « pour pouvoir rendre au flamenco ce qu'il m'a donné. »
[1] Propos recueillis par Ariane Bavelier, Le Figaro, 20 janvier 2009.