Au cœur de la culture andalouse
Notice
Avec Noces de Sang, d'après l'œuvre de Lorca, Antonio Gadès signe en 1978 son arrivée à la direction du Ballet National d'Espagne. Immortalisé par le cinéaste Carlos Saura, le spectacle de Gadès connaît un accueil triomphal au Théâtre de Paris, en 1982.
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Éclairage
En 1978, tout juste nommé à la direction du Ballet National d'Espagne trois ans après la mort de Franco, Antonio Gades monte Noces de Sang, un ballet inspiré de l'œuvre de Federico Garcia Lorca, écrite en 1933. Le cinéaste Carlos Saura, après avoir assisté à une répétition, décide d'en faire un film. Ce sera le premier d'une trilogie flamenca cosignée avec Antonio Gadès, avant Carmen (1983) et El Amor brujo (1986). Avec Noces de sang, confiera Carlos Saura, « Gadès avait réussi à capturer ce que j'imaginais impossible de capturer dans le théâtre de Lorca : il avait maintenu l'esprit populaire de Lorca, au sens le plus profond du terme, et il y avait là une prodigieuse et rigoureuse mise en scène de l'histoire à travers ce ballet austère, tout en tension, et cette musique si justement populaire elle aussi. »
Le film, sorti en salles en 1980, est un succès. Il ne remplace pourtant pas le spectacle en lui-même. « L'œuvre d'Antonio Gadès a gagné en intensité dramatique par rapport au film de Saura », affirme même sur France 3 Dominique Poncet qui fut, à la télévision, une journaliste culturelle passionnée et passionnante. Au Théâtre de Paris, en 1982, le ballet de Gadès, accompagné d'une Suite flamenca qui permet au public de se familiariser avec les principales figures du baile flamenco, reçoit un accueil triomphal. Si Antonio Gadès se situe dans une lignée de grands rénovateurs du flamenco (La Argentina, Vicente Escudero, Carmen Amaya), personne avant lui n'a réussi à théâtraliser à ce point un art essentiellement porté par des solistes.
« Il faut s'approprier ou se réapproprier les cultures régionales, et à partir de là, créer une danse contemporaine. Sans cette démarche, on part de l'abstrait et cela n'est pas évocateur », confiait Antonio Gadès à L'Humanité Dimanche [1]. Dans l'entretien qu'il accorde à la télévision française, dans sa loge du Théâtre de Paris où ont lieu les représentations de Noces de sang, Antonio Gadès justifie son choix du texte de Lorca par « le mythe de la culture andalouse » qui s'y trouve magnifié.
[1] Antonio Gadès, entretien avec Monique Houssin, L'Humanité Dimanche, 22 juillet 2004.