Camille Boitel, L'Immédiat
Notice
Dans L'Immédiat, Camille Boitel met en jeu une humanité aux prises avec un monde saturé d'objets, rebelles et imprévisibles, répondant de manière aléatoire à la gravité terrestre.
Éclairage
Acrobate, danseur, comédien, musicien : en véritable artiste de cirque, Camille Boitel est tout cela à la fois. C'est peut-être de famille, puisqu'on a pu admirer les performances de contorsionniste de sa sœur Raphaëlle dans le spectacle de James Thiérée, avec lequel il jouera lui-même. Formé très jeune à l'école de cirque d'Annie Fratellini, Camille Boitel fait ses premières armes d'équilibriste et entend bien apporter sa propre pierre à l'art du cirque. Ainsi il créé un personnage décalé à "l'humour désastreux et désastré" (dixit la plaquette de présentation de sa compagnie). Figure centrale du spectacle éponyme, cet « homme de Hus », spectacle créé par Camille Boitel en 2005, se situe aux antipodes du cirque traditionnel : il utilise les effets pour raconter une histoire et non pas l'inverse. Ce spectacle lui permettra d'obtenir un prix Jeunes Talents cirque en 2002. Hors des circuits traditionnels, Camille Boitel travaille sur la durée. Fondateur de la compagnie Lamereboitel, il a mis plus de 10 ans avant de donner le jour à une œuvre personnelle, particulière, pleine d'énergie et d'humour subtil, L'Immédiat. Ce spectacle évoque des sujets d'actualité comme la société de consommation, la place de l'individu dans un tout social et le rapport au temps. Ce sont majoritairement des objets trouvés dans la rue, un incroyable bric-à-brac, qui constitue le décor. C'est réglé au millimètre près, mais les objets se rebellant parfois, cela reste un exercice périlleux et les six acteurs peuvent s'y blesser ... ainsi en est-il de la condition humaine : le monde s'écroule, et on essaye de s'en sortir quand même... Camille Boitel provoque ainsi un rapport plus politique au théâtre. Son goût pour le catastrophisme et la cacophonie visuelle ne font que confirmer cette impression et l'œuvre reste une fiction savamment orchestrée. L'humour y naît de la non réaction de ces personnages, de leur acceptation d'une sorte de fatalité et de leur impuissance, jusqu'à devenir des sortes d'objets eux-mêmes.
C'est l'humour et le rythme qui dominent dans la représentation de notre quotidien, dans la manière dont l'homme se pense droit alors qu'il est oblique... ou l'inverse.
Chez Camille Boitel c'est donc bien une gestualité très particulière dans un rapport imprévisible et improbable à l'objet qui s'énonce aux frontières du cirque, du théâtre d'objet et du théâtre de gestes.