Interprétation de Marcel Marceau sur le Concerto pour piano n°21 de Mozart
Notice
Marcel Marceau évoque avec lyrisme sa vision de la Création du monde. Cette pantomime de style quasi métaphysique retrace par séquences brèves l'apparition de la vie, des végétaux et leur germination, les animaux jusqu'au serpent qui conduit Eve à croquer la pomme.
Éclairage
De son vrai nom Marcel Mangel, Marcel Marceau, autrement appelé le « Mime Marceau », passe son enfance à Strasbourg. A l'âge de quinze ans, suite à l'entrée de la France dans la Seconde Guerre mondiale, sa famille, d'origine juive polonaise, se réfugie en Dordogne.
Il fréquente l'Ecole des arts décoratifs de Limoges, dont il gardera un goût pour le dessin et la peinture. En 1943 il rentre dans la résistance. De 1944 à 1947, il suit les cours de Charles Dullin au Théâtre de la Cité ainsi que ceux d'Etienne Decroux.
Il s'engage dans la Première Armée et participe à la campagne d'Allemagne. Démobilisé, il intègre la compagnie Jean-Louis Barrault-Madeleine Renault dans laquelle il y interprète les personnages d'Arlequin, et du pantomime Baptiste. Il s'emploie à créer son propre style, et en 1947, « un hurluberlu blafard » apparaît sur la scène du Théâtre de Poche. Il nous dit : « J'ai mis le maquillage blanc, en souvenir du Pierrot, le mime blanc du XIXe siècle ». Bip est né. Il revisite un art ancien et le transforme en art nouveau à l'aide de la grammaire de Etienne Decroux.
Bip est enfant de Pierrot, d'Arlequin, de l'ancienne pantomime française, mais aussi des « grands » du cinéma muet, Charlot, Buster Keaton, Laurel et Hardy. Et, comme il le dit lui-même, « Bip est né de son imagination d'enfant ».
Les fées du romantisme se sont penchées sur son berceau. Il a le sens de la concision, du raccourci de l'espace et du temps. Le public doit comprendre sans les mots ce qu'il montre : les histoires sont claires, courtes, simples comme dans l'extrait de la Création du monde. Dans cette pièce célèbre, symbolique, intemporelle, l'élégance de l'artiste dialogue avec la précision du geste. Marceau est l'interprète lyrique du signe conventionnel. Il crée ces sortes de portraits qu'il nomme conventions de caractère : la rêverie, la tristesse, l'admiration, la timidité...
Il fonde sa première compagnie et crée des mimodrames tels que Le Manteau d'après Gogol, Le Joueur de flûte, Le Matador, Exercices de style.
Le succès de Marceau et de sa compagnie est sans précédent, les spectacles se succèdent, le succès est international. Il devient une "légende vivante". Il aura toujours eu pour souci de faire vivre cette compagnie, malgré les aléas financiers et les différentes dissolutions qui ont jalonné son existence.
Il collabore pour le cinéma avec Roger Vadim (Barbarella), Mel Brooks (Silent Movies). Il travaille avec des musiciens tels que Joseph Kosma, Edgar Bischoff, Jean Prodromidès, Marius Constant, ou bien avec Alexandre Jodorowski pour l'écriture de pantomimes (La Cage, Le fabriquant de masques), ou bien encore le décorateur Jacques Noël, avec lequel il entretient une longue amitié.
En 1978, se crée l'école de mime qu'il appelait de tous ses vœux : l'Ecole Internationale de Mimodrame de Paris. S'y retrouvent : Pierre Verry, Gilles Ségal, Marie Landes, Gérard Lebreton, Maximilien Decroux, Ella Jaroszewicz, Anne Sicco. Et plus tard, y enseigneront, Corine Soum, Ivan Bacciocchi, Elena Serra, Emmanuel Vacca, Guerassim Dichliev et bien d'autres. L'école fermera ses portes en octobre 2005
Nombre de compagnies sont issues de cette école et se sont fait une place dans différents domaines artistiques, celui du Mime, mais aussi celui de la danse (Josef Nadj, ou Philippe Decouflé, par exemple), ou de la mise en scène d'Opéra (Adriano Sinivia), ou de la pédagogie, etc... Il aura inspiré nombre d'artistes, par sa gestuelle et sa légendaire marche contre le vent, dont Michael Jackson, avec sa fameuse moonwalk.
Marcel Marceau a également plusieurs livres à son actif : L'histoire de Bip, Les sept péchés capitaux, Pimporello.