Théâtre sur le Fil, Légende pour un trou
Notice
Devant un parterre d'enfants, Claude Monestier précise que le Théâtre sur le Fil ne travaille pas avec des marionnettes toutes faites mais avec un matériau de base en transformation. S'ensuivent deux extraits du spectacle Légende pour un trou, interprété par Claude et Colette Monestier dans l'espace de deux fils tendus sur la scène. Tout est création visuelle et sonore à partir de feuilles de papier : découpes pleines et vides, formes à fonction multiple, contrastes du noir et du blanc, bruitages, etc.
Éclairage
Colette (née en 1930) et Claude (1929-2001) Monestier étaient plasticiens de formation. C'est grâce à l'enseignement de Marcel Temporal - qui ouvrit pour la première fois un cours de manipulation par-delà les frontières traditionnelles de la transmission familiale – que tous deux se rencontrent à la fin des années 50 et s'initient en peu de temps à la marionnette. Séduits par le caractère pluridisciplinaire et artisanal de cet art, ils fondent très vite une compagnie, Les Marionnettes des Tournemains, et font leurs gammes pendant dix ans dans un registre assez classique. Lancelot du Lac (1962) et L'Histoire du Soldat (1967) sont les spectacles les plus connus de cette période au cours de laquelle la qualité de leur travail est distinguée par la profession. En 1968, ils arrêtent de créer pour écouter la rumeur du monde et participer au grand débat qui traverse toutes les pratiques artistiques. Cette rupture leur révèle le besoin d'inventer leur propre langage.
En 1970, la compagnie devient Le Théâtre sur le fil, et les Monestier adoptent une démarche originale dont le but est de retrouver les liens perdus par cette société de consommation avec les objets et les matériaux. Ils vont désormais façonner le bristol, l'étoffe, le carton, à vue, métamorphoser le personnage et transformer l'espace scénique. Ils sont les héritiers les plus directs du travail qu'Yves Joly avait entamé dans les cabarets. Leur théâtre épuré, plastique et intellectuellement ambitieux, devient l'emblème d'une certaine modernité. L'abolition de la frontière entre réalité et imagination est chez eux une constante que l'on retrouve dans Oiseau vole en 1970, Légende pour un trou en 1971, Le Petit Gargantua, inspiré par Rabelais, en 1978, Les Jardins du magicien, d'après Le Magicien d'Oz de L. Frank Baum en 1881, et surtout Château de carton, en 1983, à la remarquable inventivité scénographique.