Ariane Mnouchkine met en scène Tambours sur la digue d'Hélène Cixous
Notice
En 1999, Ariane Mnouchkine met en scène Tambours sur la digue d'Hélène Cixous avec la troupe du Théâtre du Soleil. S'inspirant notamment du bunraku, l'interprétation des personnages est assurée par des marionnettes jouées par des acteurs eux-mêmes manipulés par d'autres acteurs.
- Asie > Chine
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Cartoucherie de Vincennes
Éclairage
En 1999, Ariane Mnouchkine met en scène, avec la troupe du Théâtre du Soleil, Tambours sur la digue d'Hélène Cixous. Il s'agit de la quatrième collaboration entre l'auteur et la metteuse en scène. Le projet fait suite aux gigantesques inondations qui eurent lieu en Chine en 1998. Traitant de l'actualité, le texte prend cependant la forme d'une « pièce ancienne pour marionnettes jouée par des acteurs ».
L'action se passe dans un pays d'Extrême-Orient en des temps anciens. Une tempête et des inondations sont imminentes et les digues ne pourront sauver qu'une partie du territoire. Le Seigneur Khang doit choisir entre le salut de la ville ou celui de la campagne. De son indécision découlera le sort tragique des nombreux personnages ruraux présents dès le début de la pièce. Tous périront noyés, à l'exception du maître de marionnettes qui connaît la tradition et pourra ainsi raconter. L'ambition des uns entraîne ici le désœuvrement des autres. L'homme est l'objet du jeu des rivalités comme du destin.
Il fallut un an pour préparer ce spectacle, qui comprend plus de trente personnages, dont neuf mois de répétitions. Avant celles-ci, les comédiens ont voyagé dans différents pays d'Asie. Le texte, la mise en scène et l'interprétation des comédiens s'inspirent de nombreux modèles du théâtre asiatique et notamment celui du bunraku. Ce dernier apparut au Japon au XVIe siècle. Il met en jeu des personnages représentés par des marionnettes de grande taille qui sont manipulées à vue par trois opérateurs. Il fait aussi appel au récit d'un conteur et accorde une grande place à la musique. Toute la mise en scène de Tambours sur la digue fait ressortir les codes d'une théâtralité radicale où le corps de l'acteur est mis en avant. Ici, les marionnettes sont jouées par des acteurs qui sont eux-mêmes manipulés par un ou plusieurs acteurs. L'acteur-marionnette prend également en charge la voix du personnage. L'originalité du spectacle repose sur l'ambivalence de l'animé et de l'inanimé.
Le reportage, diffusé lors du Journal de 20h du 15 octobre 1999, laisse apercevoir le jeu attentif entre le comédien-manipulateur et le comédien-manipulé. Il met aussi en valeur l'apparition des « tambours » qui sont interprétés par des marionnettes à fil jouées, là encore, par des acteurs. Le décor de Guy-Claude François et les peintures sur soie d'Ysabel de Maisonneuve et de Didier Martin rappellent les estampes japonaises. A la voix du récitant du bunraku se substitue ici la musique interprétée par Jean-Jacques Lemêtre qui intervient, sur le mode du commentaire ou encore du contrepoint, en dialogue avec l'action représentée.
Après les représentations au Théâtre du Soleil de la Cartoucherie de Vincennes est organisée une tournée mondiale du spectacle.
En 2000, Ariane Mnouchkine reçoit pour cette création le « Molière du metteur en scène ». Tambours sur la digue reçoit le « Molière de la pièce de création ».