Théâtre sans toit, Tout le cirque magnifique
Notice
Après quelques images du spectacle Tout le cirque magnifique, d'après Petit Pioui, chien de cirque de Dorothy Kunharden, coproduit par le Théâtre National de Chaillot en 1989, Pierre Blaise – directeur de la compagnie et metteur en scène – évoque la finalité du choix de cet univers acrobatique : permettre aux enfants et aux adultes de découvrir la totale liberté des marionnettes dont les mouvements échappent à la pesanteur.
Éclairage
Le Théâtre Sans Toit a été fondé en 1977. La compagnie qui pratique un théâtre d'acteurs et de masques découvre la marionnette grâce à Alain Recoing (pour la gaine lyonnaise), et à Jean-Luc Penso (pour la gaine chinoise). Pierre Blaise crée Le Roman de Renard, en1983, en s'inspirant des caractéristiques très fonctionnelles des gaines chinoises et reçoit un prix à la Biennale de la marionnette de Caen. Soutenu par Antoine Vitez qui ouvre le foyer du Théâtre National de Chaillot à une programmation de spectacles de marionnettes pour le jeune public et apporte une aide financière à quelques compagnies débutantes, il monte Les Aventures du petit Père lapin d'après Chandler Harris, en 1985, et Tout le cirque magnifique quatre ans plus tard. « Le Théâtre des enfants », selon la volonté d'Antoine Vitez, se représente dans un castelet conçu par Yannis Kokos. Y jouer offre une situation privilégiée : c'est le seul théâtre à Paris dont la fréquentation est aussi importante et les moyens de création y sont proportionnellement égaux à ceux du théâtre d'acteurs en termes de temps, de personnels techniques et de financements.
Pierre Blaise raconte lui-même que Tout le cirque magnifique contenait deux personnages principaux : La Farine, clown blanc sensible et cérébral, et le Directeur du cirque, personnage rouge et colérique. « La création avait lieu au moment où Antoine Vitez allait devenir administrateur de la Comédie-Française, tandis que Jérome Savary lui succéderait à Chaillot. Le clown blanc incarnait en fait Antoine Vitez et le personnage rouge, haut en couleur, représentait Jérôme Savary. Le spectacle s'est finalement articulé entre ces deux personnages-pôles comme pour marquer la succession contradictoire des deux metteurs en scène. Mais le Cirque magnifique, c'est le monde renversé, qui est le propre de la marionnette. »
Le Théâtre Sans Toit adopte ensuite des techniques différentes suivant les nécessités de ses spectacles – les manipulateurs étant cachés ou montrés – avec une prédilection pour la marionnette à gaine. L'Homme invisible d'après H.G. Wells en 1991, Le Petit remorqueur en 1994, Les Habits neufs de l'empereur en 1992, Le Monde à l'envers, histoire sans parole inspirée par la tradition facétieuse populaire, en 1995, et les mémorables Fantaisies et bagatelles, en 1996, réactualisant la verve et l'invention des castelets d'antan, sont des spectacles qui assoient la réputation de la compagnie. Les tragi-comédies féroces d'Edmond Duranty, écrites en 1861, sont ressuscitées par les mises en scène de Gilbert Epron, Nicolas Quillard et Eric Malgouyres dans Les Castelets de Fortune, en 2003, avec des objets ou de la pâte à pain. La compagnie explore également le théâtre musical : Romance dans les Graves d'après Le Roman d'une contrebasse d'Anton Tchekhov, en 2000, sur une musique d'Alexandre Borodine interprétée par l'ensemble Carpe Diem ; Les Anges en 2003, d'après Au Secours les anges ! de Thierry Lenain, autour d'un grand livre d'où sortent les personnages et les décors en deux dimensions, manipulés par trois comédiennes, avec des musiciens en scène ; Cailloux, en 2006, concerto pour marionnettes et contrebasse, qui s'adresse aux tout petits. Pierre Blaise poursuit son exploration poétique du potentiel de la marionnette, en 2009, avec Le Dernier Cri de Constantin où acteurs et marionnettiste entrent dans un dialogue fructueux, nourri par les écrits de Stanislavski.