Turak, La Turakie
Notice
Tel un guide à l'accent indéfinissable, le metteur en scène du Théâtre Turak, Michel Laubu, présente l'installation au théâtre de Chatillon, en 2001, de quelques membres du gouvernement, ou éléments d'habitat, d'un pays de son invention : la Turakie. C'est de là que sont également originaires les personnages (objets détournés et remodelés) du spectacle Deux pierres qu'il met brièvement en jeu.
- Europe > France > Ile-de-France > Hauts-de-Seine > Châtillon
Éclairage
Michel Laubu (né en 1961) pratique avec la compagnie Turak, créée en 1985, un art onirique à mi-chemin entre les marionnettes et le théâtre d'objets, à la fois fantastique et se référant au quotidien, à partir d'ustensiles ou de matériaux récupérés. Ses spectacles, en général sans parole, ne partent pas d'une histoire, ce sont les objets collectés selon des critères définis par lui (couleur, matière, origine...) ou de manière plus intuitive et aléatoire, puis transformés, détournés, assemblés, qui créent peu à peu un univers avec ses lois propres et suscitent une dramaturgie éloignée de toute trame linaire.
Il dit lui-même vouloir « faire un théâtre mystérieux, qu'il faut aller dénicher, débusquer derrière ses images » et ajoute « pour moi le théâtre se doit d'être étrange. Mon théâtre c'est l'étranger au cœur de notre mémoire, au cœur de notre quotidien, de notre ordinaire. C'est un espace de jeu ».
De cet espace purement ludique, il fait surgir une contrée imaginaire, la Turakie, dans le spectacle Zboïde, des pissenlits aux étoiles en 1992. Il en naîtra une mythologie et une archéologie fictives, des « champs de fouilles », une langue, un accent, des expositions et des spectacles pendant plusieurs années. Michel Laubu, en guide officiel de cette muséographie à la science fantaisiste et à l'humour parfois potache, ou en manipulateur et bruiteur excentrique, emporte l'assentiment du public.
Dans Deux pierres (premier volet du diptyque 2 Pi R, qui comporte également le spectacle Depuis hier), créé en 1998, quatre courtes histoires visuelles (un voyage au pays des anges, une tempête au bord de la mer, une très bucolique promenade dans la campagne, les mésaventures d'un vagabond qui avait trouvé un caillou pour refuge) sont issues de la rencontre miniature d'un triporteur, de personnages en fer, en chiffon, en bois ou en pommes de terre et de quelques loupiotes.
La Turakie n'est pas la seule obsession de Michel Laubu : entre 2003 et 2005, la compagnie Turak a classé ses spectacles dans ce qu'elle a appelé "les années Pingouin" et, depuis 2006, elle fait tourner son travail autour du thème de l'insularité.