Compagnie Yves Joly
Notice
En 1967, le comédien, plasticien et metteur en scène Yves Joly évoque les terrains de recherche, innovants et variés parcourus par sa compagnie depuis ses débuts publiques au cabaret de la Rose rouge en 1946 : marionnettes, objets animés, formes géométriques, personnages en aplat de papier et enfin la main, cette « âme de la marionnette ». Les huit mains gantées de l'équipe jouent le ballet Profondeur sous-marine sur une musique d'Erik Satie.
Éclairage
Yves Joly (né en 1908), surnommé « le Matisse du castelet » est avec Georges Lafaye l'un des principaux artisans du renouveau de la marionnette contemporaine française. Avec sa troupe, Les marionnettes Yves Joly, composée de sa femme Hélène, Dominique Gimet et Georges Tournaire, il remplace les décors traditionnels par un fond noir pour faire ressortir les formes et les couleurs des marionnettes, dès 1946. Manipulation à vue, silhouettes de carton dans Bristol (1946), histoires sans parole, les spectacles de cet homme qui avait débuté par un travail sur le masque aux côtés de Jean Dasté, au sein des Comédiens Routiers, sont rapidement appréciés pour leurs singularités formelles et leurs contenus insolites. La troupe est lauréate du concours des jeunes compagnies théâtrales, ex-aequo avec celle d'Hubert Gignoux, en 1948 – c'est la première fois que les marionnettes sont ainsi primées – et reçoit le Grand Prix d'originalité et de fantaisie au Festival Mondial de Bucarest en 1958, avec la médaille d'or. A partir de 1949, Les marionnettes Yves Joly se produisent au cabaret La Rose Rouge et connaissent un énorme succès avec des numéros exécutées à mains nues ou gantées tels que Les mains seules en 1948-49, Ivresses en 1950, Jeux de cartes en 1952. De simples objets deviennent métaphores de l'humain dans la comédie Ombrelles et parapluies, en 1954. Yves Joly trouve des compositions épurées, à la manière des cubistes : un visage en forme de croissant, avec deux légères fentes pour marquer les yeux, posé horizontalement sur la silhouette du corps dans La Tragédie de papier créée en 1957. Le matériau est la feuille de bristol, au départ blanche, équivalente au néant, et la silhouette humaine se détache pour prendre naissance. Les coups de ciseaux et le feu sont osés pour « évoquer des drames à la dimension des hommes ». Les personnages de La Noce – qui est selon Yves Joly un « essai pour une sorte de verve guignolesque autre que celle des mots » – sont faits de tubes cartonnés habillés de quelques traits.
Durant ces années cinquante, Yves Joly joue également régulièrement à l'Écluse ou dans d'autres cabarets parisiens et réalise une vingtaine de courts métrages d'animation pour la publicité. Il préside le Syndicat national des marionnettistes professionnels et obtient, en 1959, la programmation de spectacles de marionnettes dans la saison du Théâtre des Nations, alors la plus importante manifestation mondiale du théâtre.
La troupe mène d'importantes tournées dans le monde. En 1971, pour une commande du ministère des Affaires culturelles, Yves Joly travaille avec Maurice Ohana sur Autodafé, avec les solistes, les chœurs et l'orchestre de l'Opéra de Lyon. Il fabrique d'impressionnantes silhouettes stylisées en carton noir ou blanc, supportées par des baguettes et projetées sur de vitraux colorés.
En 1976, à la suite de la mort de son épouse, Yves Joly interrompt sa carrière pour se consacrer à la peinture.