Théâtre La Licorne, Le Cirque de la Licorne - Bestiaire forain
Notice
Six vieux forains venus de l'étranger, encore alertes, présentent des numéros loufoques et fantastiques : mante religieuse funambule, domptage de boîtes de sardines, ballet de poissons volants (entre autres). Mêlant théâtre masqué, marionnettes et arts du cirque, le Théâtre La Licorne invente dans ce spectacle – signé Claire Dancoisne, Serge Bagdasarian et Patrick Smith en 2001 – un univers où les objets mécaniques aident particulièrement, comme le suggère Claire Dancoisne, à rêver d'humanité.
Éclairage
Le Théâtre La Licorne, créé en 1986 par Claire Dancoisne – metteur en scène – et Patrick Smith – plasticien, scénographe, parti depuis – mène une recherche très originale, fondée sur la complicité du comédien masqué et de l'objet animé, dans un univers dont le réalisme est banni. « Les travails du masque et de l'objet présentent de grandes similitudes : épuration du geste, justesse, gommage de l'anecdotique, élaboration de signes. Le jeu masqué tel que je le travaille, est un jeu très physique, très codé ; c'est une chorégraphie faite d'angles, de ruptures, de suspension du mouvement, de décalages du geste » précise Claire Dancoisne.
La compagnie acquiert une notoriété certaine en 1997 avec son adaptation du Macbeth de Shakespeare, où de superbes chevaux grandeur nature, cartonnés, articulés, manipulés, aux mâchoires écumantes, envahissent soudain la scène à côté des acteurs. Le Cirque de la Licorne - Bestiaire forain, à partir de 2001, fait le tour du monde. Sur une piste de cirque environnée de ferraille, de bois et de sciure, six vieillards masqués, aux yeux protubérants et fixes, à la gestuelle saccadée et grotesque, enchaînent des numéros improbables. Pour eux, enfiler des charentaises avant de livrer un numéro de claquettes, assis, par pur trucage sonore, ou composer une pyramide tous ensemble, mais à l'horizontale, demande autant de concentration que dompter des sardines en boîtes, ou venir à bout d'un énorme rhinocéros mécanique déboulant des coulisses. Tout est fantasmagorique. Les proportions passent du minuscule au colossal – de puces acrobates imaginaires à une mante religieuse gigantesque, par exemple – et l'attention des personnages, comme celle du public, est entièrement vouée à ce qui est montré, mis en spectacle, aussi dérisoire que ce soit, pourvu que l'humain soit sur le chemin de l'onirique, accompagné par l'humour et l'émotion.
La piste se transforme en arène au sol de sable dans Spartacus, en 2010. Au Théâtre la Licorne, l'espace scénique est toujours le lieu d'un combat obstiné. Non cette fois pour « fabriquer » à tous prix le mouvement alerte de la vie avant le retrait obligé de la piste, mais contre l'écrasement du pouvoir romain, symbole de l'esclavage. L'inventivité dans la scénographie, le jeu des acteurs-manipulateurs, l'élaboration des effigies ou des machines est telle que la victoire finale n'est plus celle, historique, des puissants, mais celle, théâtrale, de l'imagination. Programmateurs et publics ne s'y trompent pas.