Théâtre de marionnettes de Metz, Passion
Notice
Dernière mise en scène de Raymond Poirson à la tête du Théâtre de Marionnettes de Metz, Passion, d'après un texte d'Yves Heurthé, est créé en 1987. Dans une scénographie épurée, de grandes effigies – masques aux volumes anguleux et simples draps – figurent Jésus et son entourage. Ni athée, ni religieux, ce poème théâtral veut rendre compte du drame humain au-delà du symbole christique.
Éclairage
Raymond Poirson (1931- 2000) fut un des pionniers du théâtre de marionnettes pour adultes en France. Après avoir créé le Théâtre de Marionnettes de Metz en 1954 et réalisé de nombreux spectacles d'une grande rigueur en direction des enfants, il relève ce qui est un véritable défi à l'époque, se consacrer au public adulte. En 1977, Oratorio pour une vie, de Gabriel Cousin, avec de très grandes marionnettes à tiges, en mousse, aux formes stylisées qui évoquent les statues de Moore, remportera un triomphe à Paris, sera présenté dans le monde entier et cent vingt fois dans un théâtre de Metz (événement jamais égalé depuis). Les thèmes de la pièce – l'évolution du genre humain depuis le big-bang jusqu'à nos villes démentes et l'homme et la femme à la recherche du couple – associés à la beauté formelle de la mise en scène (aboutissement du long travail d'élaboration d'un homme formé à la sculpture sur bois et au théâtre d'acteur ) font découvrir au public et à la presse une correspondance profonde entre le théâtre et les arts plastiques, les aspirations humaines et leurs traductions visuelles.
Raymond Poirson bénéficie enfin, à partir de 1980, du fruit d'un combat acharné : un lieu permanent à Metz pour fabriquer et montrer dans des conditions professionnelles les spectacles de sa compagnie. C'est encore une situation exceptionnelle en France.
A la recherche de « ce qu'il y a de plus profond chez l'homme », Raymond Poirson poursuit une œuvre écourtée pour des raisons de santé avec Don Quichotte en 1982 puis Un vol d'oies sauvages qu'il écrit en collaboration avec son fils Jean, en 1985. Enfin, avant de se consacrer à la sculpture, il monte Passion en 1988. Ce n'est ni la dimension mystique (il est non-croyant) ni la dimension historique qui l'intéressent dans le texte d'Yves Heurté, mais la richesse humaine des personnages. « Le Christ est devenu homme ». De la même manière qu'il a inventé une forme d'animation pour Oratorio, Raymond Poirson a « toujours veillé à adapter l'esthétique et la manipulation au sujet de la pièce, jusqu'à obtenir le dépouillement presque total de Passion : des masques et de simples draps », avec des effets lumineux minutieusement réglés.