Théâtre de l'Arc-en-terre, Le Bleu-blanc-rouge et le noir
Notice
En 1989, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française, Massimo Schuster du Théâtre de l'Arc-en-terre met en scène l'opéra de Lorenzo Ferrero, Le Bleu-blanc-rouge et le noir, sur un livret original d'Anthony Burgess. Avant l'extrait de ce travail de soliste manipulant à vue les effigies à roulettes créées par Enrico et Andréa Baj à partir d'objets détournées et de matériaux divers, Massimo Schuster évoque son parcours de formation.
Éclairage
Le succès des spectacles de Massimo Schuster (né en 1950) n'est pas dû à une virtuosité technique particulière mais à ses talents de conteur, de comédien raconteur d'histoires à l'aide d'effigies de toutes sortes, peu articulées, qu'il manipule à pleines mains ou à l'aide de poignets non dissimulées, auxquelles il prête un registre vocal mélodramatique relevant des traditions populaires.
En 1984, il demande au peintre et sculpteur italien Enrico Baj (1924-2003), adepte du collage et pataphysicien, de réaliser les décors pour Ubu roi d'Alfred Jarry. En fait, il en résultera pas loin de soixante-dix personnages et éléments scéniques délirants, assemblés à partir de pièces de Meccano, qui correspondent si bien à l'esprit de l'œuvre que le spectacle tourne pendant douze ans et dans plus de trente pays. Leur collaboration se poursuit, sur un contenu beaucoup plus classique, pour l'Iliade d'Homère, avec une trentaine de marionnettes-totems en bois, réalisées avec l'aide d'Andréa, le fils d'Enrico Baj.
En 1989, Massimo Schuster crée Le Bleu-blanc-rouge et le noir pour la Scala de Milan et les plasticiens père et fils construisent des marionnettes faites d'objets, de fils de fer, de cordons, avec, pour certaines, des jambes à ressort qui leur permettent des bonds étonnants.
Que raconte le livret d'Anthony Burgess ? Des représentants de l'autorité royale font irruption en pleine église et pendant la messe pour arrêter un "mauvais" prêtre qui tient des propos jugés "révolutionnaires" – mais aussi, selon certaines accusations, aurait engrossé une jeune femme qui lui aurait donné une petite fille. Massimo Schuster peut déployer sur un pareil sujet toute l'ironie acerbe dont il ponctue ses spectacles. Les marionnettes de cette création sont maintenant visibles de manière permanente au Musée international des marionnettes Antonio Pasqualino, à Palerme en Italie.
Le goût de Massimo Schuster pour les histoires légendaires ou les récits originels des différentes cultures du monde est encore partagé avec Enrico Baj dans Roncevaux !, en 2001, où tous les paladins de Charlemagne deviennent cubistes – ils sont construits avec des caisses en bois pour vins et liqueurs, des casseroles, des poêles, des égouttoirs, des louches, des téléphones, des cordons, des franges, des interrupteurs... et dans Le Mahabharata, en 2003, où le comédien endosse seul tous les dieux et leurs avatars en se saisissant des sculptures-totems de Baj pour la dernière fois.