Diversion of Angels de Martha Graham

02 avril 1977
02m 20s
Réf. 00966

Notice

Résumé :

Deux présentateurs évoquent l'aspect contemporain de l'œuvre de Martha Graham, et mettent en évidence le caractère freudien des grandes héroïnes de l'antiquité qu'elle a incarnées, telles Jocaste ou Clytemnestre. Le ballet vu ici relève d'un autre genre, lyrique et sans argument. Diversion of Angels a été très probablement filmé lors des représentations de la Martha Graham Dance Company au Théâtre des Champs-Elysées en octobre 1976. On y admire Janet Eilber, soliste en longue robe blanche entourée de quatre hommes torse nu, puis Yuriko Kimura femme en rouge qui vient se placer au premier rang et interprète un duo avec son partenaire, également en rouge, Peter Sparling.

Date de diffusion :
02 avril 1977

Éclairage

Diversion of Angels est créé en août 1948 à New London, dans le Connecticut, par la compagnie de Martha Graham sur une musique de Norman Dello Joio. Le ballet met en scène trois couples de solistes, le premier en blanc, le second en rouge et le dernier en jaune. Ils sont entourés d'un groupe de garçons et filles, dans des costumes dessinés par Martha Graham.

« Je me souviens, c'était l'été, un été pluvieux et je croyais qu'aucun ange n'allait venir. Je voulais faire une danse lyrique sur la beauté de la jeunesse, l'amour de la vie et l'amour de l'amour, mais en montrant aussi en même temps les différentes facettes d'une femme, d'une jeune fille, les émois, les souffrances de la première rencontre, de la première séparation, le bonheur si vif et la tristesse si brève du premier amour. Ce ballet est la communication d'un paysage intérieur. » Confidences que l'on peut lire dans le programme de l'Opéra de Paris lorsque la Martha Graham Dance Company y présente Diversion of Angels à l'automne 1991, quelques mois après la mort de la chorégraphe.

Ce ballet constitue un exemple parfait du style révolutionnaire de la pionnière de la Modern Dance américaine. Il montre les points essentiels de la fameuse technique Graham qui repose sur l'importance de la partie centrale du corps - torse et ventre - moteurs de l'énergie dans l'expression des sentiments internes, sans se limiter aux mouvements des bras et des jambes comme dans la danse classique. Autres points capitaux de sa technique : le contrôle de la respiration, condition indispensable pour la « contraction-décontraction » du danseur, et le rapport du corps avec le sol.

Martha Graham attache aussi une grande valeur à la musique et commande de nombreuses partitions à ses compatriotes : Louis Horst son complice de toujours, mais aussi à Georges Antheil, Samuel Barber, William Schuman, Aarond Copland (qui remporte le prestigieux prix Pullitzer pour leur ballet Apalachian Spring en 1944) et Gian Carlo Menotti, le compositeur de Errand into the Mae qui lui rend un bel hommage en assurant « Martha n'interprétait jamais la musique, elle ajoutait à la musique, c'était cela aussi son génie » (Dépêche AFP).

Aucun créateur américain - à part Balanchine - n'a laissé un aussi vaste répertoire et aucune compagnie de modern dance américaine ne s'est produite sur autant de scènes prestigieuses, comme l'Opéra de Chicago, le New York City Center, le Metropolitan Opera, le Kennedy Center de Washington, Covent Garden... Et l'Opéra de Paris, où sur l'invitation de Rudolf Noureev en 1984, après de formidables ovations, Martha Graham est décorée sur scène de la Légion d'Honneur par Jack Lang, Ministre de la Culture.

Pourtant c'est à Paris qu'elle connaît le plus mauvais accueil de sa carrière, huée avec sa compagnie par une partie de la salle du Théâtre des Champs Elysées, totalement incomprise lors de sa première tournée européenne en 1954. Il faudra de longues années avant que cette grande prêtresse de la modern dance devienne une véritable idole en France.

De nombreuses vedettes internationales, de Plissetskaïa à Barychnikov, viennent danser dans sa compagnie. Martha Graham crée ainsi Lucifer pour Noureev et Margot Fonteyn en 1975, et The Owl and the Pussycat pour Liza Minelli et Tim Wengerd, au Met de New York en 1978. Martha Graham a aussi formé de nombreux danseurs-chorégraphes, dont les plus célèbres sont Merce Cunningham (dans sa compagnie de 1939 à 1945), Paul Taylor (de 1955 à 1962), Anna Sokolov, John Butler, Glen Tetley, Dudley Williams et Ohad Naharin. Et aujourd'hui encore, de nombreuses écoles de danse dans le monde enseignent la technique Graham.

René Sirvin

Transcription

Journaliste
C'est-à-dire qu’au fond, le caractère contemporain de Graham, je connais moins Humphrey ; c’est d’avoir transporté le grand jeu des forces antagonistes de l’antiquité à l’intérieur de l’homme, par l’intermédiaire de Freud et de l’inconscient, en quelque sorte.
Intervenante
Oui, c’est… Une des parties de son œuvre est caractérisée par les grands mythes humains. Evidemment, personnalisés autour d’une femme puisqu’elle centrait ses chorégraphies autour d’elle-même.
Journaliste
Oui, c’est Jocaste, c’est….
Intervenante
C’est Jocaste, c’est Clytemnestre, c’est la reine Hécube, c’est Circé. C’est toutes ces grandes….
(Musique)
Journaliste
Diversion of angels , ce ballet a été donné pour la première fois le 13 août 1948.
(Musique)