Alvin Ailey dance company
Notice
Invitée en 2006 du festival Les Etés de la danse, à Paris, la compagnie Alvin Ailey, dirigée par Judith Jamison, brandit son geste afro-américain enraciné dans l'histoire des Noirs. Des commentaires de la danseuse Dwana Smallwood et de la directrice de la troupe Judith Jamison complètent les extraits de ballets.
Éclairage
C'était en 2006. L'Alvin Ailey American Dance Theater retrouvait Paris après trois ans d'absence. A l'affiche du festival Les Etés de la danse, installé en plein air dans les jardins des Archives nationales, la fameuse troupe new-yorkaise raflait la mise avec un programme varié. On mesurait alors combien la figure rayonnante et charismatique d'Alvin Ailey ( 1931-1989), personnalité de premier plan d'une danse « négro-américaine » - selon la formule utilisée à la fin des années 50 -, conservait son impact et combien sa danse directe emportait l'adhésion. Le programme mixait les « tubes » de Ailey comme Revelations ( 1960 ) ou Cry (1971) avec des pièces commandées à d'autres chorégraphes comme Twyla Tharp ou Paul Taylor. Si l'Afrique est la base comme le répète souvent la directrice et ancienne danseuse de la compagnie, Judith Jamison – elle dirigea la troupe de 1989 à 2011 -, il faut aussi savoir évoluer. Il n'empêche que ce sont les œuvres d'Ailey que le public vient voir, revoir et applaudir. Mélangeant le vocabulaire jazz, classique, contemporain, hip hop même, avec un sens du swing et beaucoup d'humanité, son écriture file au cœur du sujet : la vie et son urgence. Avec toujours au cœur du geste, le noyau dur de la culture noire. Comme le rappelle avec beaucoup d'évidence l'interprète Dwana Smallwood dans ce reportage, lorsqu'elle danse du Ailey "elle ressent ce que ses ancêtres ont vécu".
Alvin Ailey est né au Texas en 1931, fils unique de parents ouvriers agricoles. A 12 ans, il tombe sous le charme d'un spectacle des Ballets russes. Il ne prendra des cours de danse que bien plus tard, à l'âge de 18 ans. Installé à New-York, il fonde sa compagnie, constituée en majorité de danseurs noirs, en 1958. Le style afro-américain de Ailey baigne ses racines dans l'histoire de l'esclavage. Revendiquant un geste artistique populaire de très haute qualité porté par des interprètes d'excellence, il allie dynamisme du mouvement, sensualité des corps et impact narratif. Toujours en tournée, sa compagnie, installée dans un somptueux building à Manhattan, rassemble des danseurs de tous les pays et même des français. Parallèlement, une autre troupe la Ailey II, destinée aux danseurs juniors, valorise le répertoire du chorégraphe à travers des programmes composés d'extraits de ses pièces majeures. Une école ouverte aux professionnels et aux amateurs enseigne les principes du chorégraphe tout en offrant un large panel d'ateliers.
Bijou inaltérable Revelations (1960) (et non Resurrections comme le dit la journaliste dans le reportage) reste le tube magique, très émouvant d'Ailey et le succès numéro 1 de la compagnie. Sur des negro-spirituals, des femmes traversent le plateau en ondulant dans leurs longues robes blanches sous de larges ombrelles, des commères en bibis jaunes jacassent plus vite qu'elles ne lèvent la jambe, des hommes torse nu roulent des mécaniques...Pulsions de vie, beauté sensuelle et libre, revendication d'une identité singulière, la touche Ailey atteint sa cible.
Avec cette parade d'une communauté noire sublimée, Ailey ravivait ses souvenirs d' enfance pour les sertir dans des tableaux magnétiques. Revelations transmet toujours aujourd'hui une part incroyablement vibrante de la culture noire américaine. Dirigée de 1989 à 2011 par la danseuse Judith Jamison, la compagnie est désormais placée sous la houlette du chorégraphe Robert Battle.